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samedi 21 novembre 2020

Courir, sauter, lancer, danser… ou comment bien commencer la journée d’école



CHRONIQUE

Pascale Santi

« 30 minutes d’exercice par jour », voilà ce qu’expérimentent six écoles primaires de l’académie de Créteil. Le but : que les enfants maintiennent leur capital santé alors que la sédentarité, aggravée par le confinement, est une bombe à retardement.

Publié le 18 novembre 2020



Et si l’école démarrait chaque jour en France en bougeant ? C’est en tout cas le but de l’initiative « 30 minutes d’exercice par jour », expérimentée depuis le 9 novembre dans six écoles primaires de l’académie de Créteil, en Seine-et-Marne et dans le Val-de-Marne. Annoncé en février par Jean-Michel Blanquer, ministre de l’éducation, et Tony Estanguet, président du comité d’organisation des JO de Paris 2024, ce programme devrait être prochainement élargi à d’autres académies : Besançon, Lyon, Poitiers, etc. Il est promu par la chorégraphe Fauve Hautot – à travers une vidéo au rythme entraînant –, le nageur handisport Sami El Gueddari et l’athlète Ladji Doucouré. Ce sera également le thème de la semaine olympique et paralympique, du 1er au 6 février 2021. « L’organisation des JO est un prétexte pour mettre plus d’activité physique dans le quotidien des Français », souligne Marie Barsacq, directrice Impact et héritage du comité Paris 2024.

Pas simple alors que la pandémie de Covid-19 a entraîné la fermeture des écoles durant le premier confinement, et la mise en place de protocoles sanitaires depuis fin octobre. Cette période a fortement réduit l’activité physique et augmenté la sédentarité, pour toute la population, notamment les enfants et adolescents, en raison de la forte progression du temps d’écran. Or, il y a urgence : seulement 11 % des filles et 25 % des garçons de 6 à 17 ans atteignent les soixante minutes d’activité physique quotidienne recommandées par l’Organisation mondiale de la santé.

« C’est une bombe à retardement. Le surpoids et l’obésité (qui touche 18 % des enfants) ne dépendent pas que de la malbouffe, mais aussi de l’inactivité physique et de la sédentarité », souligne le professeur François Carré, cardiologue et médecin du sport au CHU de Rennes, également membre du collectif « Pour une France en forme »« Maintenir et encourager l’activité physique pendant une période de confinement apparaît essentiel pour préserver notre capital santé, mais aussi pour renforcer notre immunité », indique une note de l’Observatoire national de l’activité physique et de la sédentarité, actualisée le 6 novembre.

Relais et jeux de marelle

Dans ce contexte, « on a deux fois plus de raison qu’avant de proposer cette initiative aujourd’hui et de ne pas attendre d’avoir accès au gymnase pour faire du sport à l’école », insiste Jean-Marc Serfaty, délégué académique Action sportive, olympisme et paralympisme de l’académie de Créteil. Il propose de « décliner les quatre verbes d’action : courir, sauter, lancer et danser, qui viennent compléter le savoir nager et rouler, proposé en EPS en primaire ». Ce seront par exemple des défis dans la cour de récréation pour courir le plus longtemps possible en relais, des jeux de marelle, etc. Une quarantaine de fiches sont proposées aux enseignants. A eux de s’emparer du projet, sur la base du volontariat. Ces 30 minutes s’ajoutent aux trois heures hebdomadaires d’EPS obligatoires à l’école primaire. « Il ne s’agit pas de les diminuer, bien au contraire », insiste M. Serfaty. Mais de donner envie de bouger aux enfants régulièrement « car c’est souvent dans l’enfance et l’adolescence que s’acquièrent les bonnes habitudes », martèle Marie Barsacq.

Une quarantaine de fiches seront mises à la disposition des enseignants pour proposer des activités aux élèves.

Pour les enseignants, c’est un plus. Car « l’activité physique améliore les apprentissages et l’attention, comme le montrent les études scientifiques. Ce qui marche le mieux, c’est d’associer travail cérébral et travail musculaire », précise François Carré.

L’idée est venue du « Daily Mile », une initiative née en 2012 dans une école écossaise, qui consiste à trouver chaque jour quinze minutes sur le temps de classe pour faire courir les élèves. Ce projet a été mis en place dans plus de 9 000 écoles au plan mondial, dont plus d’une centaine en France. D’autres pays comme la Finlande ou le Canada sont très actifs.

Un certain nombre d’établissements en France n’ont pas attendu cette initiative « 30 minutes par jour » pour valoriser l’activité physique. Mais François Carré, qui salue ce programme, se dit toutefois « étonné, même sidéré, qu’on ait besoin de faire une expérimentation alors que nous avons toutes les preuves que ça marche ». « Cela devrait être intégré dans les parcours éducatifs. C’est une urgence. »


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