Paris, le samedi 9 mai 2020 – Sur les réseaux sociaux, des messages désabusés face à l’inconséquence des Français. Aussi peu disciplinés que les Italiens entend-t-on, trop égoïstes pour comprendre les enjeux sanitaires, indifférents aux difficultés des professionnels de santé. Dès qu’oscille à la hausse le nombre de morts, on s’indigne du "relâchement" vis-à-vis des mesures de confinement. Pourtant, au-delà de quelques épiphénomènes, les images passées à l’infini des rues désertées, l’absence d’explosion des interventions des forces de l’ordre et de façon désolante les dénonciations que l’on a vu fleurir témoignent au contraire que d’une manière globale et majoritaire les Français ont accepté sans sourciller, sans se révolter, le confinement.
Des fondements de nos civilisations délaissés sans mot dire
Cette docilité étonne. D’abord, parce que les mesures édictées ont touché des fondements de civilisation dont il paraissait anthropologiquement difficilement concevable qu’ils puissent être remis en cause si facilement. « Je reste sidéré, d’un point de vue anthropologique, par l’acceptation, sans beaucoup de protestations me semble-t-il, des modalités d’accompagnement des mourants du Covid-19 dans les Ehpad. L’obligation d’accompagnement des mourants, puis des morts, constitue en effet une caractéristique fondamentale de toutes les sociétés humaines. Or, il a été décidé que des personnes mourraient sans l’assistance de leurs proches, et que ce non-accompagnement se poursuivrait pour partie lors des enterrements, réduits au minimum. Pour moi, c’est une transgression anthropologique majeure qui s’est produite quasiment "toute seule". Alors que si on nous avait proposé cela il y a deux mois, on se serait récriés en désignant de telles pratiques comme inhumaines et inacceptables » remarque ainsi dans un entretien diffusé par Mediapart et Tribune juive l’historien de la guerre Stéphane Audoin-Rouzeau.
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