par Olivier Chanel , Graciela Chichilnisky et Aurore Basiuk
Mis à jour le 29.04.2020
Cet article est issu de la revue Dialogues économiques éditée par AMSE.
Si le Covid-19 a déclenché une situation catastrophique, c’est en partie à cause de choix pris en amont de la pandémie. Qu’ils soient bons ou non, ces choix ont été pris : comment les catastrophes influencent-elles la prise de décision en situation d’incertitude ? Si des théories décrivent très bien nos choix quand on a toutes les cartes en mains, elles sont moins pertinentes devant des situations exceptionnelles comme les catastrophes, dont les conséquences sont désastreuses mais le risque de survenir extrêmement faible.
Tous les jours nous faisons des choix. Certains sont simples, comme celui de lire un article de vulgarisation, d’autres sont incertains, comme parier sur l’évolution des marchés financiers, et certains sont difficiles d’un point de vue éthique comme ceux des médecins en Italie par exemple, parfois contraints de choisir quels patients sauver à cause de la saturation des services de réanimation1. Comment choisissons-nous en situation d’incertitude ? Cette question est étudiée en économie depuis des siècles, et formalisée depuis les années quarante.
En 1944, John von Neumann et Oskar Morgenstern proposent la théorie de l’utilité espérée. Sans cesse amendée depuis, cette théorie fait néanmoins toujours référence dans le domaine de la décision en incertitude2. D’après elle, face à un choix, nous étudions les différentes possibilités, ainsi que le niveau de bien-être (appelé utilité en économie) et les probabilités qui leurs sont associées. Nous choisissons alors l’option qui a le plus de chance de maximiser notre bien-être (en économie, les individus sont vus comme des êtres rationnels cherchant toujours à maximiser l’utilité sous diverses contraintes, de temps ou d’argent par exemple).
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