Tout se passe comme si ce virus, loin de nous rapprocher, exacerbait notre conscience des inégalités.
À Paris, le 19 mars 2020. | Philippe Lopez / AFP
Il y avait plusieurs scénarios concernant cette pandémie. Emmanuel Macron a tenté d'en esquisser un lors de ses interventions téléviso-churchilliennes: nous devions faire face telle une nation. Enfin, selon son amour de la suppression des mots inutiles, nous devions «faire nation».
Chacun·e d'entre nous, affalé·e sur son canapé en pyjama sale, le cheveu gras, la main dans le paquet de gâteaux, ferait partie d'un ensemble plus grand. Nous ne serions pas seulement l'addition d'individus errant dans leur chambre les yeux hagards, nous formerions un tout, une transcendance, une nation.
Pour être franche, ça me semblait possiblement crédible. Après tout, si en 1998, des matchs de foot avaient réussi à créer un sentiment d'union, pourquoi un confinement national n'aurait-il pas le même pouvoir?
Nous allions vivre quelque chose d'inédit tous et toutes ensemble. On avait vu des vidéos du peuple italien en train de chanter, de s'adresser au monde d'une seule voix. Nous allions vivre la même expérience. Redécouvrir notre cohésion nationale. Montrer le meilleur de nous-mêmes.
Ça ne s'est pas précisément passé comme ça.
En fait, ça ne s'est pas du tout passé comme ça.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire