C’est une association destinée à tous ceux qui entendent des voix. "Au bon entendeur" née il y a un an grâce à l’action de soignants et d'usagers atteints de schizophrénie, propose des groupes d’entendeurs de voix chaque semaine. L’association va bientôt lancer son application mobile, "Schizap", pour déstigmatiser les "entendeurs de voix" et rompre leur isolement. A l’occasion des 17e journées de la schizophrénie, qui se tiennent jusqu’au 21 mars, Nicolas Heyd, président de l’association et lui-même "entendeur de voix" et Lionel Rotolo, infirmier en psychiatrie, à l’initiative de ce projet, nous ont parlé de leur action.
J’ai les voix qui sont là tous les jours et parfois ça m’arrive de faire des crises de tétanie. C’est tellement viscéral que la seule chose qui me permet de passer le cap c’est de prendre des médicaments, de me coucher et de prier pour que le lendemain matin, ce ne soit pas pareil. Nicolas Heyd entend des voix depuis l’âge de 15 ans.
Les premières voix que j’ai entendues étaient des cris d’enfants qui jouaient dans un parc. Quand je les entendais, ça m’apaisait mais quand j’allais voir à la fenêtre : au parc en face il n’y avait personne. Maintenant, les voix que j’entends sont toujours négatives. Elles disent toujours de mauvaises choses sur les gens, le contexte … Aujourd’hui j’ai 37 ans et je les entends toujours, malgré un traitement très lourd. J’arrive en tout cas à les repérer comme voix extérieures néfastes. Dans le jargon, on appelle ça « des hallucinations accoustico-verbales » (à la différence des
hallucinations intra-psychiques), précise Lionel Rotolo, 35 ans, infirmier à l’hôpital psychiatrique depuis bientôt quatre ans, dans le Bas-Rhin et à l’initiative (entre autres) de l’association
Au bon entendeur. Il a choisi de travailler en service de réhabilitation depuis le mois de novembre, après avoir exercé en admission adulte. S’ils se sont rencontrés lorsque Nicolas était hospitalisé, c’est ensemble qu’ils travaillent au sein de l’association
Au bon entendeur, créée il y a un an et qui promeut la création de groupes de paroles destinés à tous ceux qui entendent des voix en structure médico-sociale et qui propose une sensibilisation de l’information aux entendeurs, proches et professionnels de santé sur le sujet. Pour les groupes en ville c’est l’association REV Grand Est, avec qui ils travaillent en étroite collaboration, qui prend le relais. Tous ces groupes se sont créés suite à la formation délivrée par REV France par Yann DeRobert et Vincent Demassiet, initiateurs de cet outil en France. Les objectifs sont multiples : déstigmatiser ceux qui entendent des voix, créer du lien social, favoriser l'empowerment des personnes concernées, rompre l'isolement social inhérent à ce phénomène, particulièrement à ses débuts et libérer la parole des entendeurs de voix.
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