Céline Le Strat Publié le 31 mai 2019
L’Établissement public de santé mentale (EPSM) Charcot, à Caudan, entre dans un nouveau projet d’établissement de cinq ans. Accès aux soins, information, prévention, reconstruction de cinq unités, les projets sont nombreux mais le portefeuille pas assez rempli… Denis Martin, directeur et Philippe Houang, chef du pôle de la pédopsychiatrie et président de la commission médicale, feront tous deux valoir leurs droits à la retraite fin juin. Ils dressent la photographie de Charcot et alertent sur la nécessité de changer de regard sur la psychiatrie.
Vous achevez le projet d’établissement 2013-2018, quel bilan tirez-vous du précédent exercice ?
Dans le projet 2013, nous devions mettre l’accent sur la prise en charge ambulatoire, favoriser l’accès aux soins des unités plus spécifiques et mettre en place les soins de réhabilitation. Nous avons voulu quatre pôles de missions : un pôle socle (adulte, admission, urgence, crise), un pôle réhabilitation, un pôle psychiatrie du sujet âgé et un pôle pédopsy. La psychiatrie, c’est le reflet de la société. Nous devons faire avec le vieillissement de la population ou encore avec les flux migratoires. Nous devons prendre en charge des migrants qui ont des pathologies psychiatriques ou qui sont durement marqués, ils sont passés plusieurs fois près de la mort.
Vous achevez le projet d’établissement 2013-2018, quel bilan tirez-vous du précédent exercice ?
Dans le projet 2013, nous devions mettre l’accent sur la prise en charge ambulatoire, favoriser l’accès aux soins des unités plus spécifiques et mettre en place les soins de réhabilitation. Nous avons voulu quatre pôles de missions : un pôle socle (adulte, admission, urgence, crise), un pôle réhabilitation, un pôle psychiatrie du sujet âgé et un pôle pédopsy. La psychiatrie, c’est le reflet de la société. Nous devons faire avec le vieillissement de la population ou encore avec les flux migratoires. Nous devons prendre en charge des migrants qui ont des pathologies psychiatriques ou qui sont durement marqués, ils sont passés plusieurs fois près de la mort.
Quels axes allez-vous développer dans ce nouveau projet médical 2019-2023 ?
Nous axerons notre projet sur la prévention car plus tôt on prend en charge, mieux on guérit, nous développerons le parcours de soins sans rupture pour empêcher la récidive. Pour l’accès au soin, il nous faut communiquer sur la structure phare qu’est le Centre médico psychologique (CMP) pivot. Nous en avons trois : à Lorient, Hennebont et Plouay. Le rôle des personnels est d’informer, orienter. C’est la porte d’entrée du parcours de soins mais ces CMP sont encore trop méconnus. Un autre axe est la gestion de crise pour des patients en situation aiguë. Nous aimerions aussi débloquer des créneaux d’urgence car nous constatons de trop longs délais d’attente pour la prise en charge. Et puis il y a le volet réhabilitation : aider le patient à reconstruire son projet de vie. Nous collaborons avec les familles, les partenaires sociaux, les représentants des patients pour construire ce projet médical.
" Le ministère fabrique du déficit. Nous l’avons réduit, mais à quel prix ? "
Vous faites face à de plus en plus de patients et à une tension sociale au sein de l’EPSM ?
Nous suivons 10 000 personnes à l’année dans le bassin de Lorient, mais très peu sont hospitalisées puisque nous n’avons que 200 lits. 92 % de notre activité c’est de l’ambulatoire. Il est très difficile de mener un projet médical quand on souffre d’une démographie médicale insuffisante. Sur Charcot, nous comptons 27 médecins pour le pôle adulte, mais nous avons cinq ou six postes vacants. On cherche, mais on ne trouve pas. Pourtant nous sommes attractifs. Cela pénalise le déroulement du projet. Sur le plan financier, on est exsangue. Le ministère fabrique du déficit. Nous l’avons réduit, mais à quel prix ! On a même du mal à assurer le courant. Il faut réinjecter des crédits dans la psychiatrie, c’est indispensable au regard des missions que l’on nous demande d’assurer. Nous dénonçons la politique budgétaire menée depuis plusieurs années et qui appauvrit la psychiatrie alors que nous faisons face à une augmentation de la demande. Nous avons réalisé des économies de gestion mais cela nous limite dans nos projets.
En 1970, on parlait de Charcot comme d’un village vacances, un outil thérapeutique envié. Les bâtiments sont aujourd’hui vieillissants, vous avez des projets de construction ?
Oui, cela devient compliqué. Nous déplorons des problèmes d’accessibilité des PMR. Il faut repenser l’architecture de quatre ou cinq unités d’hospitalisations sur onze. Démolir et reconstruire. Nous avons le foncier mais pas l’argent. Il va falloir du temps mais l’urgence est sur l’unité d’hospitalisation du sujet âgé. C’est presque d’un hôpital neuf dont nous avons besoin, entre 15 et 20 M€.
Autre projet, celui d’un hôpital de jour pour adolescent, où en êtes-vous ?
Nous attendons la réponse de l’Agence régionale de santé (ARS). C’est un dossier qui date de 2007. Un centre de dix places, à Lorient auquel on adosserait notre maison des ados qui n’est aujourd’hui plus adaptée et qui ne répond plus aux normes d’accessibilité. La psychiatrie, c’est avant tout des soins de proximité. L’EPSM, ce n’est pas seulement Caudan, c’est 18 sites à l’extérieur, mais si la psychiatrie est de plus en plus ouverte la société est de plus en plus fermée et normative.
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