Les États membres de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ont officiellement adopté la 11e révision de la Classification internationale des maladies (CIM 11) le 25 mai, au cours de la 72e Assemblée mondiale qui se tient jusqu'au 28 mai à Genève.
Le document, qui entrera en vigueur le 1er janvier 2022, est connu depuis juin dernier. Aboutissement de 12 ans de travail, la CMI 11 « a été actualisée pour répondre aux défis du XXIe siècle et reflète les dernières avancées en médecine et en science », souligne l'OMS. Elle permet d'identifier les maladies, anomalies, blessures et autres problèmes de santé, mais aussi les déterminants de santé, ou les causes extérieures de mortalité et de morbidité.
Nouveauté dans la forme : cette classification se décline sous version entièrement électronique (parallèlement au papier), ce qui doit rendre l'outil plus accessible notamment dans les pays à faible revenu.
Sur le fond, la révision, à laquelle 96 États ont participé, reprend le texte de juin 2018, à quelques modifications près (ajout de termes pour le codage de la mortalité et clarification de certains titres et dénominations).
Un syndrome lié au travail
Le burn-out fait son entrée dans la classification « pour la première fois », a souligné un porte-parole de l'OMS, Tarik Jasarevic, dans la section consacrée aux « problèmes associés à l'emploi ou au chômage ». Il y est décrit comme « un syndrome (...) résultant d'un stress chronique au travail qui n'a pas été géré avec succès ». Il se caractérise par trois éléments : un sentiment d'épuisement, du cynisme ou des sentiments négativistes liés à son travail et une efficacité professionnelle réduite. L'OMS précise que le burn-out « fait spécifiquement référence à des phénomènes relatifs au contexte professionnel et ne doit pas être utilisé pour décrire des expériences dans d'autres domaines de la vie ». Si l'OMS prend soin de parler de «syndrome » et de « problème » et non de pathologie, cette reconnaissance pourrait néanmoins relancer la réflexion autour de ce concept en France. L'Académie de médecine, en février 2016, précisait que le burn-out n'était pas un diagnostic médical en l'état actuel des connaissances.
Le trouble de l'usage du jeu vidéo est ajouté à la section consacrée aux troubles de l'addiction. Il est défini comme « un comportement persistant ou récurrent qui se caractérise par une perte de contrôle sur le jeu, une priorité accrue accordée au jeu, au point que celui-ci prenne le pas sur d’autres centres d’intérêt et activités quotidiennes, et par la poursuite ou la pratique croissante du jeu malgré une prise de conscience par le patient des conséquences négatives de sa pratique excessive ».
Cinq nouveaux chapitres
Le CIM 11 comporte 5 nouveaux chapitres, par rapport à la CIM 10 : « Maladies du sang ou des organes hématopoïétiques », « Maladies du système immunitaire », « Troubles du sommeil et de l’éveil », « Affections liées à la santé sexuelle » (qui intègre l'incongruence de genre, jusqu'alors classée dans les troubles mentaux), et un chapitre supplémentaire, d’utilisation facultative, intitulé « Pathologies définies par la médecine traditionnelle ». « L’inclusion de ce chapitre permettra, pour la première fois, de dénombrer les services et les recours relatifs à la médecine traditionnelle, de mesurer leur forme, leur fréquence, leur efficacité, leur sécurité, leur qualité, leurs résultats, leur coût ; et de la comparer à la médecine courante et à la recherche grâce à des termes et à des définitions normalisés aux niveaux national et international » lit-on dans l'argumentaire de l'OMS.
Autres mises à jour : la possibilité de notifier la résistance aux antimicrobiens, l'actualisation de la classification du VIH, un codage amélioré du diabète et des allergies. Les professionnels de santé pourront aussi décrire les événements touchant la sécurité des patients, une priorité de santé publique qui devrait avoir sa journée mondiale le 17 septembre.
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