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lundi 27 mai 2019

« Certains médecins se sentent attaqués sur leur savoir » : quand le numérique bouleverse le colloque singulier

Loan Tranthimy
| 28.05.2019
Pour le Dr Eric Henry, pas de doute, l'avènement du cabinet médical virtuel change totalement la relation entre le médecin et son patient. Invité à une table ronde organisée par Hellocare (une plateforme e-santé) au salon annuel des hospitaliers Paris Healthcare Week, le médecin généraliste et président de l'association Soins aux professionnels de santé (SPS) a évoqué les « tensions » que peut générer la transformation numérique dans le colloque singulier : « Avant il y avait le sachant et le patient sur sa chaise. Aujourd'hui, grâce au numérique, le patient a autant d'informations sur sa pathologie que le médecin. Certains professionnels se sentent attaqués sur leur savoir. Mais attention à la désinformation véhiculée dans les réseaux sociaux », dit-il.

Alexis Vervialle, chargé de missions à France Assos santé (association des patients) se félicite au contraire de l'arrivée du numérique qui facilite l'accès des patients aux informations, tout en émettant des réserves face aux risques de fakenews. De fait, il compte clairement sur les médecins « pour expliquer aux patients si les informations sont valides ou non. Ils doivent être garants de ces informations », avance-t-il. « Nous devons désamorcer ces surinformations et être transparents vis-à-vis des patients », reconnaît le Dr Henry.
Pour ces deux acteurs, l'entrée récemment de la téléconsultation dans le droit commun, c'est-à-dire le remboursement des actes de téléconsultation par l'assurance-maladie conformément à l'avenant conventionnel 6, est une « avancée » importante pour les patients des territoires sous dotés.
Cette nouvelle pratique à distance ne change pas leurs relations. Au contraire ! L'avenant 6 a « normalisé » les appels des patients vers les médecins. « Les échanges sont ainsi bien suivis et archivés comme un acte responsable, susceptible d'être sanctionné si mal donné », ajoute le Dr Claude Larangot Rouffet, médecin généraliste à Paris. Mais pour les acteurs, des freins restent à lever tant pour les médecins que les patients pour accélérer cette pratique à distance.
Gaine serrée
Ancien président du Syndicat des médecins libéraux (SML), le Dr Henry voit dans l'avenant 6, qu'il n'a pas négocié, « une gaine serrée ». « Il va falloir faire des trous dedans. Si on demande à un médecin de faire de la téléconsultation sur sa propre clientèle alors qu'il est déjà au taquet, je ne sais pas comment il va pouvoir en faire. Ce texte doit évoluer si on veut que les médecins en fassent », affirme le généraliste d'Auray (Morbihan). Alexis Vervialle, lui, considère que la téléconsultation est encore « mal connue du grand public ». « Il faut lire l'avenant 6, ce n'est pas simple. Il va falloir faire de la pédagogie et accompagner les personnes à l'usage des outils numériques », dit-il.
Le chargé de mission déplore aussi la condition imposée aux patients sans médecin traitant de recourir à une organisation territoriale comme une communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) pour être remboursés. « On sait pertinemment que ces organisations sont récentes et rares dans les territoires ». Néanmoins, il refuse les téléconsultations hors du parcours de soins. « On n'est pas favorable à la désorganisation des parcours avec des téléconsultations de confort. »

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