Les médecins sont fréquemment exposés à des situations anxiogènes qui peuvent conduire à des problèmes mentaux comparables à ceux d’un stress post-traumatique. En plus de l’impact personnel, le mal-être dans leur pratique peut conduire à une baisse du professionnalisme et à des erreurs médicales. Les pédiatres sont particulièrement exposés puisque confrontés à des patients victimes de handicap, de maltraitance, de maladies potentiellement mortelles au plus jeune âge ainsi qu’à l’anxiété des parents.
Un questionnaire transversal a été adressé aux membres de l’Association des Pédiatres Néerlandais qui compte 2 160 membres y compris les internes, les retraités et ceux qui n’exercent pas. L’enquête comportait 56 questions et deux échelles, l’une d’anxiété et de dépression (Hospital Anxiety and Depression Scale), l’autre de mesure du stress (Trauma Screening Questionnaire) comprenant 10 items ; un score supérieur à 6 était un indice de stress.
Au total, 410 questionnaires (19 %) étaient éligibles pour l’analyse, 75 % venaient des médecins traitants, 18 % des internes, 6 % des retraités ; 67 % des répondeurs sont des femmes. Trois cent vingt-cinq participants (79 %) ont reconnu être exposés à des difficultés au cours de leur exercice. Les plus grandes sources de stress émotionnel mentionnées (plusieurs réponses possibles) étaient : manquer un diagnostic (n = 292, 71 %), suspecter une maltraitance (202, 49 %), douter d’avoir pris la bonne décision (198, 48 %), être confronté au décès d’un patient (156, 38 %) et à un enfant gravement malade (108, 26 %). Une conduite agressive des parents était souvent signalée parmi les situations éprouvantes (42 %).
Faire face aussi au comportement agressif des parents
Neuf pédiatres (2,2 %) avaient un score de stress supérieur à la valeur limite et 30 (7,3 %) étaient au-dessus du score de dépression, 58 (14 %) au-dessus du score d’anxiété. En comparaison, la prévalence sur un an des dépressions et autres troubles de l’humeur parmi les citoyens de même niveau de vie était de 3 % et d’anxiété de 6 %. Seulement 26 % des pédiatres rapportaient pouvoir bénéficier d’un protocole de soutien en cas de stress particulièrement important.
Ainsi, les pédiatres sont soumis à de nombreuses situations difficiles et potentiellement traumatisantes et éprouvent ainsi des troubles de santé mentale plus fréquents que ceux observés dans la population générale de niveau de vie comparable. Les pédiatres doivent faire souvent face au comportement agressif des parents. Un protocole de prise en charge est souhaitable.
Pr Jean-Jacques Baudon
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