Illustrations Bérénice Milon
Article publié le vendredi 24 mai 2019.
Insatisfaits des conditions de la procréation médicalement assistée dans l'Hexagone, de nombreux Français traversent les frontières pour faire un enfant.
Ils construisent l’Europe jusque dans l’ADN de leurs enfants. Chaque année, plusieurs milliers de Français vont chercher dans un autre pays européen les gamètes qui leur manquent pour fonder leur famille. Ce sont, on le sait, des couples de femmes qui partent prioritairement en Belgique ou au Danemark – deux pays qui leur autorisent l’accès à la PMA, ainsi qu’à des informations sur les donneurs. Ce sont surtout, et on le sait beaucoup moins, des couples hétérosexuels (plus de 80% de la clientèle des cliniques) et des femmes célibataires. Pourquoi partent-ils ? Parce que leurs gamètes sont défaillants. Et pas seulement à cause de l’horloge biologique : on peut avoir 25 ans et des ovaires de femme ménopausée ; être un jeune homme vigoureux et n’avoir aucun spermatozoïde dans son sperme. En France, la pénurie de gamètes est telle (entre douze et dix-huit mois de délai d’attente pour les spermatozoïdes ; trois ans pour les ovocytes) que la solution, pour tous ceux-là, passe par l’Europe.
On peut aussi être hétérosexuel et mal s’accommoder du cadre législatif français qui impose l’anonymat des dons : des couples demandent plus de transparence pour l’enfant à naître. Où vont-ils ? En Angleterre, en Belgique, au Danemark pour connaître l’identité des donneurs. Cette question prend de plus en plus d’importance. Le Conseil de l’Europe a voté en avril une recommandation qui appelle les Etats membres à repenser la logique de l’anonymat.
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