| 28.05.2019
Cinq minutes pour exprimer leur malaise. Ce mardi 28 mai, les personnels des services d'urgences en grève étaient appelés à débrayer simultanément pendant un court instant à midi pétante. Cette initiative symbolique, imaginée par SAMU-Urgences de France (SUDF), devait montrer « l'exaspération » des agents mobilisés dans 65 services partout en France, pour certains depuis la mi-mars. « Cette journée sera aussi l'occasion d'expliquer à nos patients les raisons de cette action », précisait le Dr François Braun, président de SUDF, dans une lettre ouverte adressée à Agnès Buzyn une semaine auparavant.
Ainsi, de nombreux services ont répondu à l'appel, aux quatre coins du pays, en arrêtant les soins pendant cinq minutes ce mardi midi et en relayant leur action sur les réseaux sociaux avec les mots-clés #soutienalagrevedesurgences et #nosviesdabord. Aux urgences pédiatriques de l'hôpital Trousseau (AP-HP), ils étaient une trentaine réunis devant leur service, banderoles sorties. « Le soin c'est de l'humain pas des chiffres », pouvait-on lire sur une pancarte brandie par les soignants du centre hospitalier de Niort (Deux-Sèvres). À Bordeaux, c'est le slogan « Marre de vous soigner dans le couloir » devant lequel les agents mobilisés ont débrayé.
« On demande des effectifs plus conséquents et une reconnaissance de la spécificité des urgentistes : en psychiatrie ils ont une prime de risque, ce qui n'est pas notre cas », a dénoncé à l'AFP Olivier Boissinot, infirmier de 50 ans, qui fait partie de la trentaine de grévistes mobilisés aux urgences de Rennes. « On peut être un seul infirmier pour 25 patients pendant une journée », surenchérit Chloé, une collègue.
Recentrer les services sur leur mission
Devant la gravité de la situation, le Dr François Braun demande à la ministre de la Santé un plan urgences sous la forme de « mesures concrètes destinées à recentrer les services sur leur mission première : l'aide médicale urgente ». Il met aussi en garde contre la pénurie que fait craindre l'arrivée de la période estivale. Le Messin veut pour cela « mobiliser les ARS et les directions d'établissements afin de garantir, à tout prix, le fonctionnement des urgences ».
Action praticiens hôpital (APH) et Jeunes médecins se sont associés à l'appel au débrayage et apportent leur soutien aux grévistes. « Leur démarche, que nous saluons, s’inscrit dans un travail de fond mais aussi sur la nécessité de redonner à l’hôpital public un financement réaliste dans un ONDAM en adéquation avec nos missions », écrivent les deux syndicats de praticiens.
Pas de « solution miracle » pour Buzyn
En déplacement à Ajaccio (Corse) pour visiter le chantier du nouvel hôpital, Agnès Buzyn a reconnu « la tension » dans laquelle se trouvent les services d'urgences. Elle a assuré « entendre la fatigue et l'agacement » des professionnels. « Il n'y a pas de solution miracle tant que nous n'avons pas plus d'urgentistes formés dans notre pays », a-t-elle regretté.
La locataire de Ségur affirme qu'il existe « plusieurs pistes à explorer » pour améliorer la situation des urgences. « Former plus de médecins urgentistes pour occuper les postes vacants, organiser des entrées directes dans les hôpitaux pour les patients chroniques connus, créer des maisons médicales de garde adossées aux services d'urgences », a-t-elle énuméré. Elle promet dans les années à venir « 400 urgentistes par an formés qui vont se déployer sur le territoire ».
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