Paris, le mercredi 27 mai 2020 – La levée progressive du confinement et des mesures décidées pour limiter l’ampleur de l’épidémie de Covid-19 a entraîné le retour de nombreux salariés au travail ; notamment ceux pour lesquels la poursuite de leur activité à distance est impossible. Ce retour a coïncidé avec une multiplication des demandes de certificats médicaux émanant tant des employeurs que des salariés.
Comme plus personne ne l’ignore, la France a malencontreusement jeté son stock de masques un peu avant l’épidémie de COVID-19. Il faut dire qu’ils étaient jetables. Et qu’ils étaient périmés. Ce qu’il aurait sans doute fallu faire, c’est en racheter autant qu’on en avait jeté. Cela aurait été très peu écologique, mais sans doute fort utile. Et même si la question écologique n’a probablement pas pesé beaucoup dans le non-renouvellement du stock de masques, il n’en reste pas moins qu’il s’est agi là d’une action fort polluante.
Nous sommes donc face à une (nouvelle) injonction contradictoire : il nous faut à la fois avoir des stocks de masques et en même temps ne pas polluer. Cet état de fait est relevé par l’historien des sciences Bruno Strasser dans un entretien accordé au journal Le Monde. Il y évoque une étude récente qu’il a réalisée conjointement avec le médecin et historien de la chirurgie Thomas Schlich :
"Nous nous sommes demandés pourquoi le masque était devenu un objet de consommation jetable alors qu’il ne l’a pas toujours été. Jusque dans les années 1970, c’est-à-dire très récemment, les masques médicaux étaient presque tous réutilisables. Ils faisaient l’objet de recherches poussées, ils étaient évalués scientifiquement, et leur développement a conduit à des modèles dont les performances étaient considérées comme très satisfaisantes, souvent même supérieures à celle des masques jetables".