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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

vendredi 3 avril 2020

« La Terre peut se débarrasser de nous avec la plus petite de ses créatures »

Le philosophe Emanuele Coccia explique, dans un entretien au « Monde », pourquoi la pandémie actuelle réinscrit l’homme dans la nature et comment l’écologie doit être repensée, loin de toute idéologie patriarcale fondée sur la « maison ». 
Propos recueillis par Nicolas Truong  Publié le 3 avril 2020

« Saint Jérôme dans le désert », huile sur toile d’Artus Wolffort (1581-1641), école flamande (collection des Beaux Arts de Lille).
« Saint Jérôme dans le désert », huile sur toile d’Artus Wolffort (1581-1641), école flamande (collection des Beaux Arts de Lille). WIKIMEDIA COMMONS
Philosophe, Emanuele Coccia est maître de conférences à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) et l’un des intellectuels les plus iconoclastes de son époque.
Auteur, aux éditions Payot et Rivages, des ouvrages La Vie sensible (2010), Le Bien dans les choses (2013), La Vie des plantes. Une métaphysique du mélange (2016), il vient de publier Métamorphoses (Payot et Rivages, 236 pages, 18 euros), ouvrage qui rappelle comment les espèces vivantes – notamment les virus et les hommes – sont reliées entre elles, car « nous sommes le papillon de cette énorme chenille qu’est notre Terre », écrit-il.
Il analyse ici les ressorts de cette crise sanitaire mondiale et explique pourquoi, même si elle nécessaire, « l’injonction à rester à la maison est paradoxale et dangereuse ».

Des mesures importantes sont déployées afin que l’économie ne s’effondre pas. Faudrait-il faire de même pour la vie sociale ?

Face à la pandémie, la majorité des gouvernements ont pris des mesures fortes et courageuses : non seulement la vie économique a été en grande partie arrêtée ou fortement ralentie, mais la vie sociale publique a été largement interrompue. La population a été invitée à rester chez elle : les rencontres, les repas partagés, les rites de l’amitié et de la discussion publique, le sexe entre non-concubins, mais aussi les rites religieux, politiques, sportifs ont été interdits.
C’est tout d’un coup la ville qui a disparu ou, pour mieux dire, elle a été retirée, soustraite à l’usage : elle gît face à nous comme si elle était dans une vitrine. Plus d’espace public, plus de terrains de libre circulation, ouverts à toutes et à tous et aux activités les plus disparates vouées à la production d’une félicité à la fois individuelle et partagée.
La population s’est retrouvée seule face à cet énorme vide, elle pleure la ville disparue, la communauté suspendue, la société fermée avec les magasins, les universités, les stades : les directs Instagram, les applaudissements ou les chants collectifs au balcon, la multiplication arbitraire et joyeuse du jogging hebdomadaire sont surtout des rites d’élaboration du deuil, des tentatives désespérées de la reproduire en miniature.

jeudi 2 avril 2020

Décryptage.Vaccin, médicaments : le point sur les pistes envisagées contre le Covid-19

Publié le 
Exploiter des molécules existantes, en développer de nouvelles, mettre au point un vaccin : ce sont les pistes examinées pour lutter contre la pandémie de Covid-19. Chacune a ses avantages, mais aussi ses inconvénients.

Depuis le début de l’année, des universitaires et les laboratoires pharmaceutiques du monde entier sont lancés dans une course contre la montre pour trouver un traitement au Covid-19, la maladie infectieuse provoquée par le nouveau coronavirus, qui, dans les cas les plus graves, provoque une pneumonie insensible aux thérapeutiques habituelles.
Le New York Times rappelle que, pour le moment, “quand une personne est infectée, le mieux que les médecins puissent faire, c’est de soulager ses symptômes – lui donner suffisamment d’oxygène, gérer la fièvre et la mettre sous respirateur en cas de besoin – pour donner au système immunitaire le temps de combattre l’infection”.
Les virologues cherchent à comprendre précisément comment fonctionne le virus pour trouver des traitements qui puissent agir sur un ou plusieurs aspects en même temps : l’empêcher de pénétrer nos cellules, l’empêcher de s’y multiplier, aider notre propre système immunitaire à le combattre. Plusieurs pistes de traitement sont examinées en parallèle :
  • Exploiter des médicaments existants

De nombreux essais cliniques sont en cours dans le monde pour tester des médicaments qui ont déjà fait leur preuve pour d’autres maladies. C’est le cas notamment de la chloroquine (un antipaludéen connu depuis les années 1950), du Regeneron (un médicament contre l’arthrite) ou encore du remdesevir, un antiviral qui bloque de nombreux virus à ARN “en les empêchant de construire de nouveaux gènes”, explique le New York Times. Ils pourraient être utilisés seuls ou en cocktail, c’est-à-dire en associant plusieurs molécules entre elles.

Les nouvelles fractures sociales

Mis en ligne le 01/04/2020

SDF à Paris © Alexandra Breznay/Réa
Un sans domicile fixe à Paris, le 23 mars 2020. © Alexandra Breznay/Réa

Avec le confinement, entre SDF verbalisés et caissiers contaminés, les inégalités sociales se révèlent ou prennent un aspect frappant. Elles mettent en tout cas nos vulnérabilités en relief, expliquent la travailleuse sociale, le philosophe, la syndicaliste et la sociologue que nous avons rencontrés. Enquête.

« Restez chez vous » : cette injonction n’a pas le même sens selon que l’on vit en couple dans un loft ou à six dans un T2, selon que l’on peut profiter d’une résidence secondaire à la campagne ou que l’on est confiné entre les quatre murs de son studio urbain, selon que l’on peut télé-travailler ou que l’on est forcé d’assurer une livraison ou un chantier. Elle n’a même aucun sens quand on n’a pas de toit.
L’annonce du confinement, Sergueï l’a accueillie avec un haussement d’épaules. Depuis « un bout de temps » qu’il fait la manche à l’angle de la rue des Martyrs et de la rue Victor-Massé dans le IXe arrondissement de Paris, il ne voit pas bien comment respecter l’ordre du gouvernement sans mettre en danger sa propre survie. C’est que les passants, soudainement, sont devenus beaucoup plus généreux et bienveillants. Rares sont ceux qui n’accordent pas au moins un sourire, laissent une pièce, voire proposent de faire quelques courses. « Les gens me remarquent », note Sergueï, un brin amusé. Une façon pudique de souligner qu’il y a encore quelques jours, la plupart lui marchaient presque dessus.
À présent que les rues des grandes villes se sont vidées, difficile de les ignorer. On a beaucoup ri de ses joggeurs qui semblent soudainement jaillir du bitume comme auparavant les marchands de parapluie à la moindre goutte d’eau tombée du ciel. Désormais ne restent que ceux qui courent… et ceux qui font du sur-place, faute de chez-soi où aller. Leur présence bien visible atteste d’une chose : « Comme d’habitude, les sans-abris, les plus fragiles, ont été les grands oubliés », déplore Frédérique Kaba, directrice des missions sociales à la Fondation Abbé Pierre. Une forme de déni qui va jusqu’à la verbalisation de certains d’entre eux, parfois devant des bénévoles de la Fondation. Sergueï, lui, a eu de la chance : « Le flic était de bonne humeur. » 

Un groupe ressource Psy/Covid-19 est créé pour soutenir les établissements

Publié le 01/04/20

La Conférence des présidents de CME de CHS a mis en place un groupe ressource pour réaliser régulièrement un état actualisé de la situation de la psychiatrie dans le contexte épidémique et contribuer à élaborer des orientations stratégiques. Des outils sont disponibles. L'ambition est aussi de sensibiliser les pouvoirs publics.
Les CH spécialisés traversent la crise sanitaire en adaptant leurs organisations. Un groupe ressource peut désormais les épauler.
Les CH spécialisés traversent la crise sanitaire en adaptant leurs organisations. Un groupe ressource peut désormais les épauler.

Depuis le début de la crise sanitaire, des unités de psychiatrie dédiées aux malades du Covid-19 sont créées partout en France et les organisations au sein des établissements publics de santé mentale s'adaptent. Derniers en date, par exemple, l'établissement public de santé mentale départemental de l'Aisne, le CH Charles-Perrens de Bordeaux (Gironde) ou encore le CH Henri-Laborit de Poitiers (Vienne). Des initiatives organisationnelles qui s'ajoutent à une liste déjà fournie. Cette mobilisation a d'ailleurs été saluée par le contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL) le 27 mars (lire notre dossier).

« Le confinement peut avoir de graves conséquences », prévient la psychiatre Chantal Bergey



Publié le 1 Avril 2020

Chantal Bergey, cheffe d'un pôle de psychiatrie d'urgence au centre hospitalier Charles Perrens de Bordeaux (Gironde), évoque les effets du confinement sur la santé mentale.

Chantal Bergey, cheffe d’un pôle de psychiatrie d’urgence au sein de l’hôpital Charles Perrens à Bordeaux (Gironde), décrypte les dangers de l’épidémie de coronavirus sur la santé mentale de la population.

Coordinatrice du centre régional psycho-traumatisme pour le sud de la Nouvelle-Aquitaine, la docteure craint de « graves conséquences à long terme » pour certaines personnes fragiles.

« Docteure, vous êtes responsable d’une nouvelle plateforme téléphonique d’écoute et d’accompagnement psychologique en Gironde, inaugurée le 26 mars 2020, avec la mise en place d’un numéro vert. Pourquoi avoir créé ce dispositif ?
Dès le début de l’épidémie, on s’est rapidement rendu compte qu’il allait falloir qu’on prenne en compte l’impact psychologique sur la population générale de cette crise sanitaire inédite, depuis un siècle. En particulier depuis l’annonce du confinement.

Coronavirus : «n’oubliez pas la psychiatrie !» l’appel des médecins et du personnel de l’hôpital de Novillars



Par France Bleu Besançon  
Mercredi 1 avril 2020

Les médecins et le personnel du centre hospitalier spécialisé de Novillars adressent un appel aux pouvoirs publics : ils demandent des moyens supplémentaires pour gérer la crise du Covid-19 sur le plan psychiatrique.
Un patient dans un hôpital psychiatrique - photo d'illustration.
Un patient dans un hôpital psychiatrique - photo d'illustration. © Maxppp - PQR/LA PROVENCE
La psychiatrie sera-t-elle laissée pour compte en cette période de crise ? C’est la crainte de la communauté médicale et des syndicats CGT, FO et SUD du Centre Hospitalier de Novillars près de Besançon. Ils publient une lettre ouverte  pour alerter les pouvoirs publics sur les conditions d'exercice et d'accueil, rendues difficiles par la situation sanitaire actuelle.

Coronavirus : les acteurs de l’aide à l’enfance inquiets des effets du confinement

Un enfant de 6 ans habitant Tremblay-en-France est mort dans la nuit de dimanche à lundi, deux jours après avoir été frappé par son père.
Par  Publié le 1er avril 2020
Des appartements à Paris, pendant le confinement, le 17 mars.
Des appartements à Paris, pendant le confinement, le 17 mars. MARTIN BUREAU / AFP
Deux jours après avoir été violemment frappé par son père, un garçon de 6 ans, habitant de Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis), est mort à l’hôpital Necker, à Paris, dans la nuit de dimanche à lundi. Le principal suspect, déjà condamné en 2017 pour des violences sur une de ses filles aînées, a été mis en examen et placé en détention provisoire. Il doit être présenté jeudi 2 avril au juge des libertés et de la détention. Que s’est-il passé au domicile familial, ce vendredi après-midi, qui a conduit à la mort d’un enfant ? Il faudra plusieurs jours, peut-être plusieurs semaines, au juge d’instruction saisi par le parquet, pour reconstituer les événements. A ce stade de l’information judiciaire, les explications du père sont « trop imprécises pour faire l’objet d’une communication », indique le parquet de Bobigny.
Mais, d’ores et déjà, ce drame interroge sur une possible recrudescence des maltraitances au sein des familles en cette période de confinement lié à l’épidémie de Covid-19. De la même manière que les associations venant en aide aux victimes de violences conjugales, les professionnels de l’enfance craignent une dégradation des situations.

Confinement, comment minimiser l’impact psychologique sur les populations ?


  • Par Agnès Lara
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À retenir
  • Les données de la littérature font ressortir que, lors des épidémies, les périodes de confinement ont nécessairement un impact psychologique négatif considérable qui peut parfois être ressenti des mois, voire des années plus tard.
  • Ce constat incite à prendre des mesures immédiates pour en minimiser les conséquences.
  • Les personnes ayant des antécédents psychiatriques et les personnels de santé exposés puis confinés sont plus à risque de troubles psychologiques ultérieurs et justifient la mise en place d’interventions de soutien précoces.
  • Les différents facteurs de stress ont d’autant plus d’impact qu’ils sont vécus sur une plus longue durée. Celle-ci doit donc être limitée au strict minimum.
Le confinement que nous vivons représente non seulement une interdiction d’aller et venir à sa guise, mais impose également une séparation d’avec les proches et le tissu social. Ajoutez à cela la peur d’être malade et l’ennui, et cela peut conduire chez les plus fragiles à des situations très difficiles (suicides, violences, etc.). Dans l’objectif de guider les décisions publiques, une équipe britannique vient de réaliser une revue de la littérature pour évaluer les conséquences du confinement sur le bien-être mental et l’équilibre psychologique.

Coronavirus : la tension devient forte dans certains centres d’hébergement d’urgence à cause du confinement

« L’épidémie rend tout le monde plus anxieux, parfois agressif », dans les centres où sont confinés les sans domicile fixe. Les salariés, eux, manquent de masques et de gel hydroalcoolique. 
Par   Publié le 2 avril 2020
Distribution de produits alimentaires et d’hygiène à un sans abri par Les Restos du cœur, à Orléans, le 26 mars.
Distribution de produits alimentaires et d’hygiène à un sans abri par Les Restos du cœur, à Orléans, le 26 mars. CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP
« Ils n’ont pas le droit de m’empêcher de sortir, c’est inhumain… Et je ne mangerai pas de leur merde ! » Pas facile de faire respecter le confinement à Suzanne (son prénom a été modifié), 60 ans. L’ancienne fonctionnaire des écoles qui s’est retrouvée à la rue après une expulsion pour dettes est, depuis octobre 2019, hébergée en centre d’urgence dans l’Est parisien. Elle n’ignore rien de la situation liée à l’épidémie de Covid-19 mais ne veut pas renoncer à son habitude : aller, chaque jour, déjeuner aux Restos du cœur de La Villette, un des rares encore ouverts.
Depuis le début de la crise sanitaire, Suzanne a pris en grippe les conditions de vie qu’elle appréciait pourtant lorsqu’elle est arrivée, il y a six mois. « On nous prend d’autorité la température, le centre ne nous donne pas toujours d’attestation de sortie, l’entrée est contrôlée, la grille fermée avec un antivol de moto et il y en a qui l’escaladent la nuit… Et quand on s’énerve, ils jouent au psychologue, ils nous font des tests. C’est du harcèlement moral », proteste-t-elle.
La tension devient forte dans certains centres d’hébergement d’urgence, ne serait-ce que pour les personnes déjà psychologiquement fragiles ou les accrocs au tabac et à l’alcool, des denrées devenues compliquées à acheter.

Coronavirus : l’épidémie a-t-elle profité de notre optimisme ?

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Coronavirus : Véran promet des aménagements pour l'accès à l'IVG

Amandine Le Blanc
| 02.04.2020


Depuis le début de la période de confinement, des professionnels de santé, ONG ou parlementaires ont interpellé le gouvernement sur leurs inquiétudes quant à l’accès à l’IVG. Dans un premier temps le gouvernement avait retoqué un amendement autorisant l’allongement des délais légaux pour l’IVG pendant cette période, dans la loi d’État d’urgence sanitaire. Mais hier, lors des questions au gouvernement au Sénat, Olivier Véran a fait savoir qu’il avait effectivement « des remontées attestant du fait qu'il y a une réduction inquiétante du recours à l’IVG » pendant le confinement. « Il est hors de question que l'épidémie de Covid-19 restreigne le droit à l'avortement dans notre pays », a-t-il déclaré. « Plusieurs dispositions sont à l'instruction et vont être prises dans les plus brefs délais pour la plupart d'entre elles », a-t-il ajouté.

Coronavirus : les doutes et l’angoisse des malades non dépistés





Par Jonathan Dupriez   LE 01 AVR 2020
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François Dubet, sociologue, Professeur émérite à l’Université de Bordeaux, et ancien directeur d’études à l’EHESS voit en la crise du Covid-19 un exhausteur des « petites inégalités » jusqu’à présent invisibles dans notre société. Un terreau d’injustices potentiellement dangereux pour l’après-crise.


Le Covid-19 peut infecter tout le monde, pour autant, sommes-nous tous exposés de la même manière au virus ?
Pour le moment, on ne sait pas encore si le fait d’être riche ou pauvre détermine le fait d’être infecté ou non, nous n’avons pas encore d’études nous permettant de l’affirmer avec certitude. À ce stade, le virus me semble assez démocratique, il touche à peu près tout le monde même s’il est plus fatal aux personnes âgées qu’aux jeunes. Dans l’histoire, il y a pourtant eu des maladies qui dévastaient les pauvres plutôt que les riches, là nous ne sommes pas dans ce cas-là. En revanche, ce sont les conditions de vie face à l’épidémie qui s’avèrent très contrastées…
Selon vous, la crise du coronavirus exacerbe surtout de « petites inégalités. » Qu’est-ce que cela signifie ?
Ce qui me frappe, c’est que jusqu’à présent, ces inégalités étaient relativement banales et ne posaient pas de problèmes majeurs. Mais avec le confinement, et avec la récession économique, ces inégalités deviennent insupportables. Dans la presse, on a pu lire des articles sur « tre confiné dans sa maison de campagne » ou « être confiné avec ses enfants dans un appartement », le fait d’être obligé de travailler ou de ne pas travailler, d'être connecté ou ne pas être connecté, d’être capable d’aider les enfants à faire leurs devoirs ou ne pas être capable… Toutes ces inégalités-là qui, d’une certaine manière, faisaient partie de notre vie quotidienne avant le confinement, prennent une importance considérable avec la pandémie. C’est la revanche des petites inégalités. Notre société avait tendance à considérer que seuls les gens très actifs, diplômés et performants étaient très utiles à la société. Désormais, et c’est une bonne chose, on se rend compte que les routiers, les caissières, les éboueurs sont indispensables. Au fond, c’est une piqûre de rappel qui nous dit que dans une société, tout le monde a besoin de tout le monde.

PSYCHANALYSE EN EXTENSION PRESENTE

AU-DELÀ DU PRINCIPE DE PLAISIR

COLLOQUE DU CENTENAIRE
1920 - 2020

PIERRE MARIE
MARC MASSON
YVES SARFATI
14 NOVEMBRE 2020 - 15 NOVEMBRE 2020

PROGRAMME

FRANÇOIS ANSERMET
JOCELYN BENOIST
NICOLAS DANZIGER
RAPHAËL GAILLARD
BERNARD GOLSE
FRANÇOIS JOUEN
CATHERINE JOUSSELME
JEAN-PIERRE LEFEBVRE
MATTHIAS PESSIGLIONE
ÉLISE PESTRE
JEAN-POL TASSIN
ALAIN VANIER

INTRODUCTION

Le 29 septembre 2018, nous appelions à une éthique du décloisonnement entre psychanalyse, psychiatrie et neurosciences à l’occasion d’un colloque placé sous l’autorité morale de Jean Delay et la présidence de Éric Kandel. Il y allait de l’avenir de ces trois disciplines qu’elles apprennent à œuvrer de concert pour éviter les deux écueils qui les tentent sans cesse. L’idéalisme d’une part, le réductionnisme de l’autre. Un « inconscient » séparé de toute inscription cérébrale et de tout environnement, réhabilitant le spiritualisme, l’inconscient égalé à l’âme. Un « inconscient » réduit à l’inscription cérébrale et séparé de tout environnement, réhabilitant le matérialisme, l’inconscient égalé au corps.
Or, Freud, contrairement à la première thèse, ne sépare jamais expression et inscription cérébrale, en particulier dans Au-delà du principe de plaisir, une telle option lui paraissant fantasque. Et, contrairement à la seconde thèse, Freud n’imagine pas un seul instant l’homme à part de son environnement où il puise, tant auprès de son entourage précoce qu’auprès des usages de la société, les normes qui organisent ses capacités à partir de leur implémentation neurale.
Le dialogue se poursuivra en 2020, à l’occasion du centenaire de la publication d’Au-delà du principe de plaisir.

Coronavirus : avec la crise sanitaire, les travailleurs invisibles sortent de l’ombre

Publié le 1er avril 2020
Le Covid-19 les a fait surgir au grand jour. Alors que l’économie du pays est clouée au sol, caissières, livreurs, agents de nettoyage, ouvriers de chantier, conducteurs de métro, auxiliaires de vie, ces travailleurs invisibles apparaissent enfin pour ce qu’ils sont : des rouages essentiels de la vie du pays, sans lesquels point de commerces, de transports ou de services aux personnes.
Alors qu’une partie des salariés s’installent dans le télétravail, ils et elles n’ont pas d’autre choix que de continuer à aller travailler, parfois de nuit, souvent en horaires décalés, toujours au risque d’attraper la maladie. Quatre d’entre eux ont déjà perdu la vie, comme le rappelle la fédération CGT des commerces et services dans une lettre ouverte adressée à la ministre du travail Muriel Pénicaud, le 31 mars. Et des centaines d’autres sont contaminés. Une situation qui a incité la CGT Commerce a déposé plainte contre la ministre du travail devant la Cour de justice de la République, estimant que les salariés de la distribution manquaient de protection face au coronavirus. « Cette crise fait apparaître une forme de pénibilité que l’on n’imaginait plus : celle d’être exposé à un risque sanitaire létal dans le cadre de son activité professionnelle », souligne le sociologue Julien Damon, professeur associé à Sciences Po. « Cette exposition à des risques majeurs n’était plus tellement prise en compte dans l’évolution de notre droit du travail, on l’avait un peu oubliée. »
Selon une note de l’OFCE publiée lundi 30 mars, 8,4 millions de personnes en France peuvent travailler à distance, de leur domicile : la moitié sont des cadres, les autres sont employés qualifiés ou appartiennent aux professions intermédiaires, comme les enseignants. Et, à l’inverse, 18,8 millions de salariés, ouvriers ou employés pour l’essentiel, ne peuvent effectuer leur travail à distance. Pour certaines personnes interrogées, il existe une certaine fierté à continuer à aller au travail, que ce soit pour ne pas laisser tomber les « copains » ou les personnes dont elles s’occupent, pour contribuer à assurer le service public. Mais c’est aussi un non-choix. Droit de retrait difficile à faire appliquer, nécessité de faire rentrer un salaire coûte que coûte. Beaucoup y vont la boule au ventre, avec la peur de tomber malade, de contaminer leur famille.

La psychiatrie au temps du Covid-19 : l’hôpital se replie, une solidarité confinée s’organise


PAR 
Ne pas sortir de sa chambre, limiter les interactions humaines… Ces règles pour lutter contre le coronavirus doivent aussi s’appliquer dans les hôpitaux psychiatriques, où le soin passe avant tout par l’humain. Comment font-ils ? Récit par Mathieu Bellahsen, psychiatre dans un secteur hospitalier de région parisienne. Son service a déjà plusieurs cas de Covid-19.

Depuis bientôt quinze jours, les équipes de psychiatrie, les patients et leurs familles ont du s’adapter à la situation nouvelle qu’impose le confinement de la population. La transmission possible du virus impose des règles strictes dans les lieux de soins allant à rebours de ce qui permet habituellement le soin psychique.

De la banalisation aux premières mesures

Les semaines précédents le confinement, avec la majorité de l’équipe, nous sommes encore dans la banalisation de ce qui se passe à quelques kilomètres de notre hôpital, dans le département voisin de l’Oise. Depuis une quinzaine de jours, un patient délirant porte un masque au motif qu’il ne veut pas être contaminé par nous. Nous mettons ça sur le compte de ses angoisses délirantes... Nous avons tort. Il est juste en avance sur nous.

Confinement – Les hôpitaux psychiatriques sont laissés de côté

RTBF La Première

 01 avril 2020

BELGIQUE

Les psychiatres tirent la sonnette d’alarme : le secteur de la psychiatrie est laissé de côté et on observe des situations extrêmement complexes pour ces personnes qui sont parmi les plus fragiles dans la société. Pierre Schepens est directeur de la clinique de la Forêt de Soignes. En ce moment il doit faire face comme tout le monde au confinement. Mais comment cela se passe-t-il en psychiatrie ?

"La psychiatrie, ce n’est pas la même chose", a-t-on pu entendre. C’est en réalité exactement la même problématique que pour les hôpitaux généraux, en termes de risques d’infection et de contamination, même si ce n’est effectivement pas la même chose au niveau de la gestion.
 

Une prise en charge plus compliquée


Pour les maladies mentales, il est difficile d’envisager une prise en charge linéaire comme pour les autres pathologies : un patient malade, qui va aux urgences, qui est soigné, qui souhaite aller mieux et sortir rapidement de l’hôpital.

Point sur le Covid 19 en multiplex live avec la société européenne de réanimation





Devant l'urgence et l'état de pandémie de COVID-19 qui se propage dans le monde et qui met nos sociétés modernes en grande difficulté, l'ESICM (Société Savante Européenne de Réanimation) s’est mobilisée et a organisé samedi 28 mars le premier e-congrès (1) en multiplex live mobilisant 30 médecins et professionnels de santé du monde entier (Italie, Espagne, Arabie saoudite, Irlande, Canada, France, États-Unis, Chine, Angleterre, Afrique du Sud, Norvège, Suisse, Brésil, OMS).