blogspot counter

Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

jeudi 2 janvier 2020

DÉSIRS ET PULSIONS À L’ANTIQUE

Par Robert Maggiori — Peinture érotique sur un mur à Pompéi, Ier siècle.Peinture érotique sur un mur à Pompéi, Ier siècle. Photo AKG-Images. Erich Lessing


Dans un ouvrage érudit et stimulant, l’historienne italienne Eva Cantarella réalise une peinture des mœurs amoureuses gréco-latines, réelles ou mythiques, et leur écho dans nos histoires contemporaines.

Pompéi. Pas de smartphone, pas de selfies, pas de photos de zizis. Des dessins, des croquis. Et déjà, sur les murs des maisons ou des thermes, plein de graffitis. «Ici j’ai foutu avec les amis.» «Ici, juste ici, mon frère Destro et moi avons agréablement baisé deux femmes, deux fois chacun.» Naissance, il y a tant de siècles, de l’«éthique de l’ostentation» : «Affirmation de la puissance, divulgation des prouesses sexuelles.» Ithaque. «Ulysse prend enfin la mer, laissant Circé, paraît-il, en attente d’un heureux événement, puisque, selon les commentateurs d’Homère, de leur union allait naître Télégonos.» Une aventure, une «distraction», une peccadille, qui n’enlèvent rien à l’amour d’Ulysse pour Pénélope : «Depuis quand les relations adultères d’un homme se font-elles, dans la conception masculine des relations conjugales, au détriment de l’amour qu’il éprouve pour son épouse ?»

Technoscience : de trop beaux lendemains

Par Erwan Cario, dessin Amina Bouajila — 

Technoscience : de trop beaux lendemains
Technoscience : de trop beaux lendemains

Médecine, nanotechnologies, conquête spatiale... Depuis que la science s’est rapprochée de la technique, elle multiplie les promesses, alimentant les espoirs d’un monde meilleur autant que les bulles spéculatives.

Il fut un temps où, pour en apprendre plus sur le futur, il fallait un jeu de tarot, une boule de cristal ou les entrailles d’un poulet. Le seul avenir certain était alors celui du poulet. Bien heureusement, nous avons dépassé l’âge de ces croyances ridicules grâce à la science qui, avec sa méthode rigoureuse, permet de baser notre connaissance du monde sur des observations vérifiables. C’est quand même un peu plus sérieux. Sauf que la science a elle aussi enfanté son propre discours sur le futur. Et ce discours a pris ces dernières années une ampleur inédite, avec des projections qui partent dans toutes les directions imaginables. Ainsi, dans une ou deux décennies tout au plus, on peut s’attendre à ce qu’une intelligence artificielle supérieure émerge d’un ordinateur quantique et réussisse à optimiser les nanotechnologies pour augmenter les capacités de l’être humain en vue de pouvoir embarquer tranquillement direction Mars. La phrase précédente n’a rien de caricatural, elle n’est que la compilation de prospectives très sérieuses émises au nom du progrès scientifique. Difficile de comprendre la coexistence de ces promesses avec d’autres projections bien moins optimistes mais tout aussi scientifiques sur l’état de la planète.

Soyons fous, sauvons la planète

Série «Ghost Town». 2014.
Série «Ghost Town». 2014. Photo Kyle Thompson. VU



Recycler le caca des bébés, rouler sur du bitume d’algues, revenir au transport à la voile… Les solutions pour limiter le réchauffement sont parfois aussi farfelues que l’heure est grave.

mercredi 1 janvier 2020

Alzheimer : le beau témoignage d'amour d'un petit-fils à sa grand-mère

Résultat de recherche d'images pour "france bleu isère logo"

Par France Bleu IsèreFrance Bleu   
"La mémoire qui flanche", c'est un film très émouvant sur la maladie d’Alzheimer et sur l'amour d'un petit-fils pour sa grand-mère, Annie Nicolet, une Grenobloise, décédée de cette maladie en 2018 à l'âge de 96 ans. On peut le découvrir gratuitement sur YouTube.
 
Grenoble, France
Annie Nicolet a eu une vie bien remplie, entre ses 6 enfants et ses 14 petits-enfants. Jusqu’à l'âge de 94 ans, veuve, elle habitait seule, dans son appartement grenoblois, et, pour les vacances, toute la famille lui rendait visite dans sa villa d'Uriage.
Mamillette, à la maison de retraite, filmée par Eric - Aucun(e)
Mamillette, à la maison de retraite, filmée par Eric - Eric de Chazournes


Lire la suite et voir la vidéo ...


Edgar Morin : au-delà des grèves et des rêves

Par Edgar MORIN, Sociologue — 




Le sociologue propose une pause dans le débat sur les retraites. Le sujet mérite une vraie réflexion, et non le projet actuel imposé par l’orthodoxie doctrinaire du néolibéralisme. Il met aussi en garde les acteurs du mouvement social en cours qui risque de libérer les pires forces réactionnaires.

Tribune. Je suis de ceux qui pensent qu’une ample discussion sur le problème des retraites aurait été un préalable nécessaire à un projet de réforme. Une réforme demande une réflexion et une pensée avant tout calcul.
Je suis de ceux qui pensent qu’une ample discussion publique aurait dû porter sur les différentes façons de vivre sa retraite, considérant ceux pour qui la retraite est une libération qui permet une nouvelle vie et ceux pour qui elle est une remise à l’écart dans une nocive inactivité, et également sur les dissemblances extrêmes du vieillissement, lequel maintient les uns en santé tandis qu’il dégrade la vie de la plupart des autres.
Je suis de ceux qui auraient aimé que la parole soit donnée à toutes les catégories de retraités actuels pour que les expériences vécues dans la retraite, du bricolage ou la garde des petits enfants à l’asile, entrent dans la connaissance des décideurs et des citoyens avant toute élaboration de projet.

Les rêveurs lucides

02/06/2017

Les rêveurs lucides sont conscients de rêver et peuvent influer sur le cours de leurs rêves. Le rêve lucide aide à surmonter les cauchemars, développe la créativité et améliore les performances. Existe-t-il des prérequis pour expérimenter cet état de conscience modifiée ?
Les rêves lucides
Les rêves lucides Crédits : dm909 - Getty
Les rêves lucides ou les rêves sous contrôle. Vous pouvez avoir un rôle actif dans votre rêve, vous pouvez faire ce que vous voulez. Vous vous demandez sans doute pourquoi un scientifique du sport s’intéresse au rêve lucide… Je me suis demandé s’il était possible d’utiliser l’état de rêve pour améliorer ses performances à l’état d’éveil. Est-ce qu’on peut s’"entraîner" pendant ses rêves pour être meilleur ?

Si seulement Matzneff était le seul problème

Le scandale autour de faits anciens et connus à propos de l'écrivain pédophile Gabriel Matzneff risque de nous faire passer à côté du réel problème dont cette personne n'est qu'un petit révélateur. 3 à 6% des enfants sont victimes d'agression sexuelle ou de viol. Le phénomène est donc systémique et il faut le considérer comme tel.
Depuis quelques jours, la parution prochaine du témoignage d'une victime de Gabriel Matzneff provoque un scandale très surprenant en France. En effet, tout ce qui est aujourd'hui révélé est connu et documenté depuis les années 1970. Je consacre un chapitre entier à cette époque dans mon livre "La loi des Pères" (parution le 22 janvier) sans avoir eu besoin de mener de longues recherches puisque des associations et professionnels de la protection de l'enfance dénoncent partout ces faits depuis quatre décennies.
Mais la situation actuelle ne doit pas nous laisser croire que quelques agresseurs d'enfants représentent à eux seuls l'ensemble du problème. Car si l'on estime que 3 à 6% des enfants subissent une agression sexuelle ou un viol avant la fin de leur adolescence, il devient nécessaire de considérer autrement toute notre organisation sociale puisqu'elle permet une telle violence sans provoquer la moindre réaction. La grande majorité de ces crimes et délits sont commis dans le cercle familial et 70% des plaintes sont classées sans suite. Pire encore, des théories issues d'auteurs pro-pédophiles américains ont pollué le système judiciaire, portées par des associations dites "de pères".  Ainsi le "Syndrome d'Aliénation Parentale" (SAP) permet d'affirmer qu'un signalement d'agression d'un enfant par un homme de sa famille est très probablement un fantasme qui lui a été "implanté" par sa mère. Dans des milliers de dossiers, c'est donc la mère qui est remise en cause par la justice, parfois menacée de prison si elle persiste dans ses accusations, et souvent écartée de l'enfant que l'on remet à la garde de son agresseur présumé. Le tout sans enquête digne de ce nom. Parfois sans enquête du tout.

Affaire Matzneff : «Ce sont des expériences dont on ne se remet jamais»

Par Marie Ottavi — 
Photo Marie Tercafs. plainpicture

Pour la pédopsychiatre Marie Rose Moro, les relations sous emprise abîment durablement les ados.

Marie Rose Moro est pédopsychiatre et dirige la Maison de Solenn, qui s’occupe des adolescents à l’hôpital Cochin.
Que vous évoque le témoignage de Vanessa Springora ?
Quel que soit le contexte, avoir des relations sexuelles sous emprise quand on est adolescent reste violent et déstructurant. La preuve, Vanessa Springora écrit ce livre quarante ans après les faits. L’emprise, c’est la différence d’âge, la contrainte et pas seulement la contrainte absolue, c’est aussi le fait qu’autour de l’adolescent, personne n’empêche de vivre cette histoire même si Vanessa Springora explique qu’on a essayé de lui dire que c’était de la pédophilie. Les jeunes comme elle ne sont ni consentantes, ni prêtes.

Au Japon, le congé paternité de douze mois ne fait pas rêver

Résultat de recherche d'images pour "france 24 logo"
Publié le : 
Le Japon est-il un pays où il fait bon être papa ? À chaque naissance, les pères ont droit à une année de congé parental. Mais peu d'entre eux le prennent.

Résultat de recherche d'images pour "Au Japon, le congé paternité de douze mois ne fait pas rêver"


Nariyuki Katsuma est un papa "shufu". À la naissance de son troisième enfant, ce père de famille japonais a décidé de prendre un congé parental de douze mois. Si la loi japonaise le permet depuis neuf ans, seulement 6 % des pères le demandent.

"Avant, j'etais de la vieille école, se rappelle Nariyuki Katsuma. Quand on a eu notre premier enfant, je n'y ai même pas pensé. C'est ma femme qui s'est occupée de tout."




mardi 31 décembre 2019

Quand des esclaves appellent la clientèle occidentale à l'aide

korii.


Depuis plusieurs années, des ouvrièr·es exploité·es, principalement originaires de Chine, se servent des produits qu'elles et ils confectionnent pour alerter les client·es sur leurs conditions de travail, en y déposant des notes manuscrites.
En 2012, Stéphanie Wilson, une Australienne de 28 ans vivant à New York, achète un sac à main dans le magasin de vêtements Sacks, situé sur la Cinquième Avenue. Elle y découvre une note rédigée au stylo bleu par un certain Tohnain Emmanuel Njong, et qui commence par ces trois mots: «Help, help, help!»
Dans son message, Njong affirme travailler contre son gré dans une usine pénitentiaire chinoise. «Nous sommes maltraités et travaillons comme des esclaves treize heures chaque jour pour fabriquer ces sacs dans l'usine de la prison.»

Pas un cas isolé

La même année, Julie Keith, une habitante de l'Oregon, trouve un message dans un paquet de décorations d'Halloween achetées chez Kmart, qui indiquait que les ouvrièr·es chinois·es «travaillaient quinze heures par jour, sept jours par semaine, surveillés par des gardes sadiques» et demandait à ce que les organisations internationales de défense des droits humains soient alertées.
Deux ans plus tard, une Nord-Irlandaise découvre une note anonyme dans les plis d'un pantalon acheté chez Primark, qui dénonçait des conditions de travail horribles à la prison de Xiang Nan, dans la province du Hubei. «Notre travail consiste à produire des vêtements de mode pour l'exportation quinze heures par jour et la nourriture que nous mangeons ne serait même pas donnée aux chiens ou aux porcs.»

Violences conjugales : «Ce n’est pas aux femmes de fuir»

Par Chloé Pilorget-Rezzouk, photo Félix Ledru — 


Luc Frémiot, à Lyon, le 19 décembre.
Luc Frémiot, à Lyon, le 19 décembre. 
Photo Félix Ledru pour Libération

L’ex-procureur de Douai, Luc Frémiot, revient sur une année marquée par la mobilisation contre les féminicides. Il appelle à inverser le «logiciel» de prise en charge des conjoints ou ex violents.

Suppression des mains courantes au profit du dépôt de plainte, éloignement et suivi psychologique des conjoints ou des ex dès les premiers gestes violents… Nommé procureur de la République à Douai (Nord) en 2003, Luc Frémiot a fait de sa juridiction, pendant plusieurs années, un territoire précurseur en matière de lutte contre les violences conjugales, en instaurant des protocoles innovants et efficaces. Résultat : un taux de récidive abaissé à 6 %. L’homme a également marqué les esprits en 2012, alors qu’il était avocat général, en requérant l’acquittement d’Alexandra Lange pour légitime défense. La jeune femme, battue pendant douze ans par son mari, avait tué celui-ci alors qu’il tentait de l’étrangler. Désormais installé à Lyon, le magistrat honoraire revient avec Libération sur la lutte contre les violences faites aux femmes. Un enjeu sociétal et politique majeur, au cœur de l’année écoulée.
Comment avez-vous commencé à vous intéresser aux violences intrafamiliales ?
Tout naturellement. Lorsque j’ai été nommé à Douai, j’avais derrière moi de longues années de cours d’assises, pendant lesquelles j’ai pu constater que des féminicides - on n’employait pas encore le terme - auraient pu être évités. On retrouvait la trace de mains courantes ou de plaintes classées. On n’avait pas assez prêté attention aux appels au secours de ces femmes, qui se terminaient sur la table d’autopsie.