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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

vendredi 27 avril 2012


La psychiatrie est-elle le propre de l’homme ?
Publié le 07/03/2012
« Le rire est le propre de l’homme » prétend Rabelais. Dans quelle mesure cet aphorisme (déjà transposé au langage par Descartes) est-il extrapolable aussi à la psychopathologie ? Autrement dit, les professions de vétérinaire et de psychiatre sont-elles résolument irréductibles entre elles ?
The British Journal of Psychiatry analyse un ouvrage récent, fruit d’une collaboration entre un neuropsychiatre et un biologiste de l’évolution. Les auteurs observent qu’on peut retrouver dans plusieurs espèces animales les équivalents de certains troubles psychiatriques chez l’homme (comme « la dépression ou la simple phobie »), mais qu’il n’en est pas de même pour des problématiques plus complexes comme la schizophrénie, l’autisme, les troubles bipolaires, ou les démences fronto-temporales [1] qui se révèlent apparemment des affections « propres à l’espèce humaine.»
On doit naturellement s’interroger alors sur cette spécificité présumée : pourquoi le genre humain aurait-il ce douteux privilège d’éprouver ces troubles psychiatriques (qualifiables en somme de «supérieurs ») ? Comprendre les mécanismes de cette spécificité pourrait nous renseigner sur les particularités du cerveau humain et « apporter un nouvel éclairage sur les troubles neuropsychiatriques. »
S’appuyant notamment sur les neurosciences, les auteurs rattachent plusieurs maladies mentales spécifiques de l’homme à la « nature exclusivement humaine de certains systèmes neuronaux comme ceux de la conscience de soi (self-monitoring), du langage, et de l’intégration sociale. » On peut bien sûr contester cette spécificité, dans la mesure où il existe également des langages (non verbaux) et des sociétés chez maintes espèces animales, mais l’acuité et la coexistence de ces critères semblent propres à l’humanité. On doit aussi rappeler que des comportements étranges, voire « suicidaires », sont observés chez certains animaux (par exemple le gammare [2], ou la coccinelle [3]). Le commentateur regrette toutefois que cet ouvrage « n’apporte pas d’idée nouvelle », mais consiste seulement dans un « réarrangement agréable » (d’idées éprouvées).

Dr Alain Cohen
Carson A : Book review : The human illnesses: neuropsychiatric disorders and the nature of the human brain (Peter Williamson & John Allman), Oxford University Press, 2011. Br J Psychiatry 2012 01: 85.

Notre cerveau, machine à illusions

LE MONDE SCIENCE ET TECHNO | 
En 1966, le psychiatre britannique John Barker fondait le Bureau britannique des prémonitions. Six ans auparavant, il avait mis à profit l'effondrement d'un terril sur une école du Pays de Galles, qui avait tué 144 personnes (dont 139 écoliers), pour lancer dans la presse un singulier appel à témoins : il souhaitait savoir si quelqu'un avait prévu le drame. Il reçut 60 lettres, dont la moitié des auteurs indiquaient avoir eu une telle prémonition, en rêve.
L'objectif de son Bureau était digne d'une nouvelle de Philip K. Dick : utiliserces "précogs" pour anticiper et prévenir les catastrophes. En 1967, l'un d'eux informe Barker qu'il va bientôt mourir. Le psychiatre avait justement écrit un livre intitulé Mort de peur, où il expliquait qu'une telle prédiction pouvait se réaliser, car la terreur induite par cette annonce était susceptible d'affecter le système immunitaire. Baker se plia à sa science : il mourut effectivement soudain, en 1968. Et son Bureau ne lui survécut que quelques années, avant de fermer, faute de moyens.
Des histoires comme celle-ci, le livre de Richard Wiseman en regorge. On y croise une mangouste parlante, mais invisible, dans une masure de l'île de Man. Mais aussi le télépathe Washington Irving Bishop, mort avec ses secrets, car autopsié à l'âge de 33 ans alors qu'il était sans doute simplement plongé dans une crise de catalepsie. Et encore le sinistre Jim Jones, grand laveur de cerveaux, qui poussa au suicide plus de 900 personnes enrôlées dans sa secte au Guyana, en 1978.
L'un des personnages les plus marquants pour l'auteur est sans doute la psychologue anglaise Susan Blackmore, qui a été à l'origine de sa vocation scientifique. Richard Wiseman a en effet d'abord été magicien professionnel, avant de se tourner vers la psychologie - deux disciplines ayant évidemment partie liée. Le témoignage de Susan Blackmore a changé sa vision du surnaturel : plutôt que d'enquêter, en bon sceptique, sur l'authenticité du paranormal, n'était-il pas plus fructueux d'étudier pourquoi il nous fascine tant ; pourquoi beaucoup y croient, en font l'expérience ?
Démystifier le paranormal
La psychologie expérimentale s'est fait une spécialité d'élucider ces questions - pas seulement pour dégonfler les baudruches de la parapsychologie, mais aussi pour analyser ou améliorer des techniques dont d'autres marchands d'illusions, comme les as du marketing ou les politiciens, font leur miel. Wiseman, aujourd'hui professeur de psychologie à l'université du Hertfordshire et star des médias outre-Manche, en livre un précis réjouissant.
Ses Petites expériences extrasensorielles s'inscrivent dans la longue tradition éditoriale des ouvrages qui démystifiaient le paranormal, aussi vivace que la lignée de ceux qui en font la promotion. L'intérêt de son livre ne réside pas tant dans les "trucs" qu'il dévoile, en praticien expérimenté, que dans l'analyse qu'il expose des mécanismes mentaux qui nous conduisent à croire l'impossible, à voir l'invisible.
Sous sa plume alerte, desservie par une traduction un peu plate, la télépathie, la voyance, la prémonition, les fantômes de toutes étoffes deviennent de fascinants révélateurs de nos processus mentaux. Son manuel - il propose d'étonnantes petites expériences propres à animer les repas de famille - risque de faire des adeptes. Aussi bien dans le camp des mystificateurs que dans celui des sceptiques. Susan Blackmore a pour sa part renoncé à dénoncer les illusions paranormales : elle était lasse d'être confrontée à des crédules mettant en doute son ouverture d'esprit. Mais Richard Wiseman a brillamment repris le flambeau...
Petites expériences extrasensorielles,
de Richard Wiseman (Dunod, 256 p., 16,90 €).

Une infirmière robotisée à domicile !


            
                                               
Robotique
Une infirmière robotisée à domicile !

Une équipe scientifique internationale, composée de chercheurs tchèques [1], autrichiens [2], néerlandais [3], italiens [4] et estoniens [5], a mis au point un robot "infirmier" pouvant assister les personnes âgées ou les patients ayant subi une intervention chirurgicale.

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dimanche 22 avril 2012


Le Conseil constitutionnel censure en partie la loi sur la réforme de la psychiatrie

Le Monde.fr avec AFP | 

Le Conseil constitutionnel a censuré vendredi 20 avril deux dispositions issues de la loi de 2011 sur les soins psychiatriques sans consentement, concernant les "irresponsables pénaux" et les personnes placées en unité des malades difficiles (UMD), mais donne un délai au législateur "pour remédier à cette inconstitutionnalité".
Pour les personnes jugées irresponsables par un juge, la censure vise ceux dont l'hospitalisation sans consentement a été décidée par un préfet et non directement par le juge. Jugeant que "l'abrogation immédiate de ces dispositions aurait eu des conséquences manifestement excessives", le Conseil constitutionnel a reporté au 1er octobre 2013 la date de l'abrogation des dispositions en cause. Le Conseil répond ainsi à une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) posée par une association de défense des droits des patients en psychiatrie, le CRPA, sur la conformité à la Constitution de quatre articles ou alinéas du code de la santé publique.
Le Conseil constitutionnel admet qu'"en raison de la spécificité de la situation des personnes ayant commis des infractions pénales en état de trouble mental ou qui présentent, au cours de leur hospitalisation, une particulière dangerosité, le législateur pouvait assortir de conditions particulières la levée de la mesure de soins sans consentement dont ces personnes font l'objet""Toutefois, il appartient alors au législateur d'adopter les garanties contre le risque d'arbitraire encadrant la mise en œuvre de ce régime particulier", expliquent les Sages dans un communiqué.
DEUX GRIEFS REJETÉS
Il a par ailleurs rejeté deux autres griefs de l'association du "Cercle de réflexion et de proposition d'actions sur la psychiatrie" (CRPA). Contrairement aux inquiétudes de l'association, la loi ne peut imposer des soins psychiatriques "en ambulatoire" (hors de l'hôpital), explique-t-il en substance.
L'autre point portait sur le délai excessif, selon l'association, pour l'intervention du juge des libertés et de la détention (JLD) lors d'une hospitalisation ordonnée par la justice. Le Conseil relève que la loi a prévu un réexamen périodique tous les six mois de cette mesure d'hospitalisation sans consentement. Par ailleurs, note-t-il, "la loi ne fait pas obstacle à ce que le JLD puisse être saisi à tout moment aux fins d'ordonner la mainlevée immédiate de la mesure".
La loi du 5 juillet 2011 avait été initiée fin 2008 par Nicolas Sarkozy après le meurtre d'un étudiant à Grenoble par un malade mental qui s'était enfui de l'hôpital. Quelque 70 000 personnes sont hospitalisées sous contrainte chaque année. Les points censurés par les Sages concernent à peu près 300 personnes au total.

Le Conseil constitutionnel impose de meilleures garanties pour les malades jugés dangereux

Le Monde.fr | 
Nouveau joli coup pour les patients en psychiatrie. Déjà, fin 2010, ils avaient réussi à rendre obligatoire le contrôle des hospitalisations sous contrainte par un juge des libertés par l'intermédiaire d'une question prioritaire de constitutionnalité (QPC). Vendredi 20 avril, par le même biais, ils ont obtenu une modification de la loi concernant les patients considérés dangereux.
Il s'agit de ceux placés en unité pour malades difficiles (UMD) et des personnes ayant commis une infraction pénale mais ayant été jugées irresponsables du fait d'un état de trouble mental. Les sages ont jugé inconstitutionnels deux points de la loi du 5 juillet 2011 sur la psychiatrie, concernant la sortie des programmes de soins de ces malades.
"GARANTIES CONTRE LE RISQUE D'ARBITRAIRE"
Contrairement à la demande du Cercle de réflexion et de proposition d'actions sur la psychiatrie (CRCA), l'association de patients à l'origine de la QPC, ils ont estimé qu'en raison du profil de ces patients "le législateur pouvait assortir de conditions particulières la levée de la mesure de soins sans consentement" - deux expertises de psychiatres supplémentaires sont notamment prévues. Mais le Conseil constitutionnel a cependant jugé nécessaire que soient adoptées "des garanties contre le risque d'arbitraire encadrant la mise en œuvre de ce régime particulier". Il a ainsi estimé indispensable de définir dans quelles conditions il peut être décidé d'une admission en UMD, la loi ne précisant pas de critères de placement.
Les individus jugés "irresponsables pénaux" devront être par ailleurs informés de la transmission de la décision de justice au préfet, qui peut décider de l'admission en hôpital psychiatrique. Le président du CRCA, André Bitton, a jugé que cette double censure était "une très bonne chose pour ces patients réputés les plus dangereux, qui étaient les plus en péril au niveau des libertés individuelles et des droits".
Le Conseil constitutionnel a donné un délai de dix-huit mois au législateur pour modifier la loi du 5 juillet 2011. Ce texte avait principalement introduit des soins sans consentement hors des murs de l'hôpital auxquels ils étaient jusque-là cantonnés, avec l'hospitalisation d'office et celle à la demande d'un tiers. Sa décision constitue une brèche pour les associations de patients, les syndicats de psychiatres ou encore le Syndicat de la magistrature, très critiques envers ce texte. Le CRCA souhaitait également, avec sa QPC, que l'intervention d'un juge pour les soins sous contraintes hors les murs de l'hôpital soit rendue obligatoire, mais le Conseil constitutionnel ne lui a pas donné raison.
Les sages ont estimé qu'il n'y avait pas de mesure de contrainte possible dans ces programmes de soins sans consentement. Ce qui laissait, vendredi, tous les acteurs dubitatifs. Maintenant qu'une réforme de la loi est rendue obligatoire, il est certain que la question va revenir dans le débat.

samedi 21 avril 2012


Les usagers-patients de la psychiatrie font appel aux futurs élus.

20 Avril 2012 Par guy Baillon
Les usagers-patients de la psychiatrie font appel aux futurs élus.
Guy Baillon, psychiatre des hôpitaux
La souffrance des usagers. (1) Il faut que les futurs élus sachent que la souffrance des usagers de la psychiatrie est encore partiellement méconnue.
Certes les usagers sont le plus souvent des électeurs timides, se manifestant peu, ce n’est que depuis peu qu’ils osent s’exprimer en groupes, ou dans une grande Fédération la FNAPSY, née en 1992. Le plus souvent, isolés, ils ne demandent rien.
Pour cette raison et au moment aujourd’hui où la psychiatrie est si malmenée par l’Etat, il est temps d’être attentif à la spécificité de leurs besoins, encore faut-il les connaître et commencer au moins par comprendre leurs souffrances. D’autant plus que nous avons fait auparavant la même démarche à l’égard de leurs familles.
Certes, dit-on, lors d’une élection ‘présidentielle’ les candidats ne se préoccupent pas, des ‘petits problèmes’, comme la psychiatrie, la prison, la justice, …
Pourtant, chacun le sait, l’un de ces candidats, le Président actuel, s’y est intéressé et s’est même montré d’une rare cruauté : d’une part en ‘prédisant’ (contre les avis des experts) que certains d’entre eux seraient de futurs criminels, ceci lors d’un discours télévisuel exterminateur le 2-12-2008, d’autre part en mettant en acte cette ex-communion sociale par la loi du 5-7-2011. Dans cette loi les malades psychiques sont traités comme des délinquants qui doivent avouer leur ‘faute’ (avouer leur maladie alors qu’ils ne se savent pas malades !) ; en cas de refus, ils se voient internés afin de subir un traitement chimique contre leur gré. La loi prévoyait même que ce traitement obligatoire pourrait se poursuivre à domicile : mais il semble que le Conseil Constitutionnel, saisi, apporte la contradiction à la loi, par une décision publiée ce 20 avril 2012  « la loi ne peut imposer des soins ‘en ambulatoire’ » affirme le communiqué !  Heureusement ! Car, étant sans contrôle, il n’y aurait eu plus aucune limite à la maltraitance chimique.
Pour éviter les abus de ces internements (idée louable) la loi nouvelle a aussi demandé aux juges de vérifier le bien fondé de chaque internement, depuis ces malades sont après 10 jours d’internement envoyés devant le juge. Mais le résultat est inhumain ! Le juge Portelli s’en est publiquement offusqué : il a décrit ce qu’il voyait maintenant, racontant comment des personnes hospitalisées contre leur gré en psychiatrie venaient dans tous les tribunaux solidement encadrées par deux personnes, comme les prisonniers de droit commun qu’ils croisent, menottes aux mains entre deux policiers, les malades se sentent virtuellement enchainés, sans comprendre ce qui leur arrive, mais s’en trouvant profondément blessés. Spectacle qui provoque notre indignation. Dans ce pays où Pussin et Pinel ont, selon les récits de l’époque, libéré en 1793 les malades mentaux de leurs chaines : un tableau le montre à la Faculté de Médecine de Paris, comme une grande victoire médicale ! Deux siècles plus tard les malades sont à nouveau enchainés.
Il faut que les élus sachent aussi que dans les hôpitaux, aussitôt après cette loi, la contention et les cellules se sont multipliées : « Dans son rapport publié le jeudi 19 avril 2012, le Comité de prévention de la torture (CPT), organe du Conseil de l'Europe, relève des dysfonctionnements dans les unités de psychiatrie qu'il a visitées en France : port systématique du pyjama, patients en hospitalisation libre accueillis en pavillon fermé et, souvent, recours abusifs à l'isolement et à la contention ». La France se trouve ainsi reléguée aujourd’hui parmi les pays les plus mal notés d’Europe ! Les avancées de la psychiatrie de secteur ont donc déjà été effacées par cette loi décidée à la suite ‘d’un fait divers’, pour servir en fait la quête éperdue d’une politique dite sécuritaire d’un Président qui voulait déjà asseoir une future élection sur une gigantesque peur, cultivée par ses soins.
Autant de souffrances qui s’ajoutent à la souffrance de fond de chacun des usagers.
Le gouvernement en a ajouté d’autres : dans son Plan de Santé Mentale paru en ce début d’année, le gouvernement a rendu publique son intention de créer des ‘aidants-familiaux’, sur la proposition irresponsable de l’UNAFAM, des familles vont jouer le rôle de contrôleur du soin dans les différents espaces de soin, et seront rémunérés. Les usagers perdront toute confiance en leur famille : ils se sentiront plus dépendants de ces parents qui outre leur rôle familial joueront un rôle officiel dans le soin, étant payés pour cela, tant que leur enfant sera malade ils auront bien du mal à décider que leur enfant va mieux, ce qui reviendra à n’être plus payés !
Les usagers souffrent plus encore de l’autre projet du gouvernement avancé dans ce même Plan, insoutenable, celui des ‘médiateurs de santé pairs-aidants’, désignant de ‘bons malades’ choisis par lui avec pour mission d’inspecter les services psychiatriques de mauvaise réputation ; comme ils seront rémunérés pour cela ils seront incapables de refuser les compromissions dans lesquelles ils se verront entrainés, critiquant mauvais malades et mauvais soignants. Kapo malgré eux.
La psychiatrie a fait depuis la dernière guerre des progrès considérables qu’il s’agit, aujourd’hui à la veille des élections, de demander aux candidats de consolider, alors que la Politique de secteur qui avait rendu possible cette évolution est depuis plusieurs années dégradée par le Ministère de la Santé lui-même, dont certains agents zélés ont été au-delà même des désirs du Président. Il faudra le leur rappeler.
Messieurs les candidats aux élections ! N’oubliez pas au passage que ces électeurs timides sont tout de même relativement nombreux : plus de deux millions. Leurs voix comptent. Ce n’est pas une cause minime.
Et en effet il ne suffira pas de demander l’abrogation de la loi du 5-7-2011 et l’annulation du Plan de Santé Mentale qui la conforte.
Il faudra ensuite élaborer une nouvelle politique de Santé Mentale. Certes celle-ci consolidera la Politique de secteur qui a fait avant ses preuves ainsi que la loi du 11-2-2005 sur le handicap, tout en corrigeant leurs dérives et surtout en redonnant confiance à leurs différents acteurs si malmenés par ce Ministère.
Mais il faudra solidement prendre en compte la réalité de la souffrance des usagers.
Nous avons déjà montré que les psychiatres et la société ne tenaient pas compte de la souffrance des familles, en particulier la violence de leur sentiment de culpabilité inconsciente et leur rivalité exacerbée avec les soignants.
Il nous appartient de faire le même travail avec les usagers.
Leur souffrance est complexe.
Les psychiatres ont pris position sur ce point : ils ne veulent se préoccuper que des troubles, et laissent la question de la souffrance à la charge de chacun. Cette attitude s’explique. La souffrance psychique fait partie de la vie de chacun, soit elle est en relation avec un trouble et va bénéficier des effets de son traitement, soit elle est existentielle et ne doit pas être objet de traitement puisqu’elle est en lien avec la vie. C’est juste, si ce n’est que tout comme les conséquences sociales des troubles psychiques graves se sont montrées telles que des compensations sociales ont paru justifiées (c’est ce qu’apporte la loi de 2005 sur le handicap), les souffrances psychiques des usagers ont aussi besoin d’une attitude psychique accueillante de la part de leur entourage, allant à l’encontre de la stigmatisation par la société.
Nous pourrions différencier ainsi une souffrance psychique objective contemporaine des troubles et donc transitoire, et une souffrance psychique subjective, correspondant à notre souffrance existentielle, mais permanente et malmenée par la division que le trouble psychique grave entraine dans la personnalité des usagers. Il est essentiel de  la comprendre.
Ce sera l’objet d’un second volet.   La souffrance des usagers (2) (suite) 

Faut-il brûler la psychanalyse ?

Créé le 18-04-2012 
Autisme, dépression, troubles bipolaires... les réponses de la psychanalyse sont remises en cause. Elisabeth Roudinesco et Alain Badiou lancent un cri d'alarme.
Feu sur la psychanalyse (Illustration de Serge Bloch pour "le Nouvel Observateur")










Feu sur la psychanalyse (Illustration de Serge Bloch pour "le Nouvel Observateur")
Après les premières charges des intellectuels, avec le "Livre noir sur la Psychanalyse" et le brulot anti-Freud de Michel Onfray, les usagers, parents d'autistes en tête montent au créneau. Le 8 mars, sous leur pression, la Haute Autorité de Santé (HAS) a désavoué les approches psychanalytiques de l'autisme. En cause : des pratiques figées dans leur dogmatisme. 

Faut-il brûler la psychanalyse ?

Jacqueline de Linares, journaliste et coauteur avec Eric Aeschimann du dossier que publie le "Nouvel Obs" ce jeudi 19 avril, explique, dans la vidéo ci-dessous, pourquoi ce nouveau feu sur la psychanalyse.

Faut-il brûler la psychanalyse ?

Jacqueline de Linares, journaliste et coauteur avec Eric Aeschimann du dossier que publie le "Nouvel Obs" ce jeudi 19 avril, explique, dans la vidéo ci-dessous, pourquoi ce nouveau feu sur la psychanalyse.

Appel aux psychanalystes d'Elisabeth Roudinesco et Alain Badiou

La psychanalyste et le philosophe, coauteurs de "Jacques Lacan, passé présent" (Seuil), sonnent l’alarme : la psychanalyse s’est coupée de la société. Mais, plus que jamais, il faut défendre sa dimension libératrice.
A la fin de l'un ouvrage que vous avez écrit ensemble, vous lancez un appel pour sauver la psychanalyse. Que se passe-t-il de si grave ?
Alain Badiou. La psychanalyse est, avec le darwinisme et le marxisme, l’une des révolutions majeures de notre temps. Dans les trois cas, il ne s’agit ni de sciences exactes, ni de croyances philosophiques ou religieuses, mais de "pensées" : matérialistes, liées à des pratiques, elles ont changé notre vision du monde et subissent le même type de critiques. Les attaques contre la psychanalyse doivent être donc comprises dans le cadre d’une crise globale de l’intellectualité. Une crise qui, si l’on veut la résumer, se caractérise par la tentative de remplacer le "sujet" par l’individu. Qu’est-ce que le "sujet" ? C’est l’être humain compris comme un réseau de capacités qui lui permettent de penser, créer, partager, agir collectivement, aller au-delà de ses singularités, ce qui est la condition de la liberté. Bien sûr, le sujet est porté par l’individu et ses singularités – un corps, une identité, une position sociale, des pulsions – mais ne s’y réduit pas. Etre sujet, c’est circuler entre la singularité et l’universalité, et c’est sur cet écart que la psychanalyse fonde son action : elle aide l’individu à devenir pleinement un sujet. En cela, c’est une discipline émancipatrice avant d’être thérapeutique.

Cette dimension est-elle vraiment menacée ?
A. Badiou. Aujourd’hui, on nous dit qu’être un individu suffit largement. C’est le discours du libéralisme soi-disant démocratique et libéral, mais qui produit des individus malléables, soumis, enfermés, incapables d’actions communes : des individus privés de la capacité d’être sujet. Car le capitalisme n’a que faire des sujets : seul l’intéresse l’appétit animal des individus. Mais c’est aussi le discours de la neurologie, qui veut réduire l’individu à sa dimension neuronale. Se moquant des savants qui, au XIXe siècle, croyaient pouvoir déduire les caractères d’un individu de la forme du crâne, Hegel disait que, pour eux, "l’esprit est un os". Aujourd’hui, la neurologie dit : "L’homme est un gros sac de neurones." Ce n’est pas mieux ! Nous avons affaire à un nouveau scientisme, asservi cette fois au déploiement du capital. Dans le champ du psychisme, seule la psychanalyse, je crois, est en mesure de nous en préserver. Mais – c’est là le deuxième volet de notre appel – je n’ai pas le sentiment que les psychanalystes, pris dans leurs querelles intestines, fassent ce qu’il faut pour se défendre. Ils doivent trouver le moyen de satisfaire la nouvelle demande qui leur est adressée sans céder à ce néo-positivisme. Ils sont immobiles, à eux de faire un pas en avant.
Elisabeth Roudinesco, vous qui défendez la psychanalyse depuis longtemps, comment en est-on arrivé là ?
Elisabeth Roudinesco. D’abord, la psychanalyse, comme formation de psychopathologie, est enseignée dans les départements de psychologie, laquelle n’est pas prête à prendre en charge l’inconscient et n’a pas la culture liée à sa compréhension. Dominée par les sciences médicales, la psychologie obéit à des évaluations qui n’ont rien à voir avec les sciences humaines. Autrefois, pour devenir psychanalyste, il fallait une formation clinique et une solide culture philosophique, historique et littéraire. En inscrivant la psychanalyse dans une logique de professionnalisation, on a détruit sa transmission comme pensée. Par ailleurs, il y a trente ans, l’essentiel des psychanalystes étaient psychiatres, et donc cliniciens de l’âme ; aujourd’hui, ils sont psychologues. La psychiatrie s’est ralliée aux thérapies cognitivistes et comportementalistes (TCC) qui renvoient à une conception de l’homme réduit à ses neurones. Bien sûr, les pathologies peuvent avoir une dimension organique. Mais, même là, le médicament ne suffit pas : il faut aussi prendre en compte la part subjective du patient.

Quelle est la part de responsabilité des psychanalystes eux-mêmes ?
E. Roudinesco. Ils ne produisent plus d’œuvre théorique. Leurs sociétés fonctionnent comme des corporations professionnelles. Condamner l’homoparentalité, la procréation assistée ou la toute-puissance des mères contre la fonction paternelle, c’est grave : les psychanalystes n’ont pas à s’instaurer en gendarmes de la bonne conduite au nom du complexe d’Œdipe. Ils font des diagnostics en direct dans les médias et ont abandonné la question politique : majoritairement, ils sont des esthètes sceptiques désengagés de la société. Surtout, ils prétendent soigner les souffrances sur un modèle ancien. Or, les pathologies ont changé. La psychanalyse est née de la névrose et de l’hystérie, deux symptômes propres aux sociétés marquées par la frustration sexuelle. Aujourd’hui, ce qui fait souffrir, c’est la relation à soi : on le voit avec l’importance accordée au narcissisme et aux perversions. Au temps de Freud, les patients étaient de grands bourgeois, qui avaient le temps et l’argent, ce que n’a pas le nouveau public, moins élitiste.
Comment s’adapter, alors ?
E. Roudinesco. Le "pas en avant" dont parle Alain Badiou serait de se mettre à l’écoute de cette nouvelle demande. Je crois possible, dans le cadre de la psychanalyse, de mener des thérapies courtes avec des séances longues, comme le faisait Freud, et où l’on parle aux gens avec empathie. L’analyse classique serait réservée à ceux qui le veulent. Tout le monde n’a pas envie d’explorer le tréfonds de son inconscient. Nous ne sommes plus en 1900, la psychanalyse est passée dans la culture et les gens savent qu’ils ont un inconscient. Leur demande n’est plus de le découvrir, mais souvent de résoudre une situation concrète. La nouvelle génération de praticiens devra le faire, faute de quoi elle n’aura plus de patients. C’est à elle que nous nous adressons. [...]
Propos recueillis par Eric Aeschimann



Retrouvez le dossier "Feu sur la psychanalyse" et l'intégralité de l'interview d'Alain Badiou et d'Elisabeth Roudinesco dans "le Nouvel Observateur", en kiosque le 19 avril. 
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Pierre-Henri Castel explore nos conflit intérieurs

Par Alain Rubens (Lire), publié le 20/04/2012

De l'Antiquité au XXe siècle, une étude du combat que mène l'humain, écartelé entre ses devoirs envers la société et ses désirs, par un historien des sciences humaines et psychanalyste. 
Dans l'enfer du devoir! Se laver les mains sans fin, s'assurer qu'on a bien fermé le gaz, s'affoler à l'idée d'un pet lâché en public ou d'une impulsion suicidaire, sans compter les rituels en tout genre. De l'embarras de l'action au projet entravé, de la contrainte psychique aux pensées intrusives souvent sexuelles: toute cette affaire portée à incandescence peut tourner au gâchis de toute une vie. La psychiatrie contemporaine a consacré le couple "compulsion/obsession", le fameux TOC (trouble obsessionnel compulsif) imputé à un cerveau défaillant que les thérapies cognitives peuvent réduire. En son temps, Freud inventa la névrose obsessionnelle (Zwangsneurose), cette fameuse névrose de contraintedans laquelle il repère le fardeau psychique qui rive le névrosé à sa condition: se sentir obligé de faire ou de penser ce qu'on ne veut pas. La névrose, cette folie sur le mode mineur... 
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Plan psychiatrie et santé mentale 2011-2015


Elaboré en concertation avec les acteurs intervenant dans le champ de la psychiatrie et de la santé mentale (représentants des usagers, de professionnels sanitaires et sociaux, d’universitaires et de chercheurs), ce plan est issu du Ministère du travail, de l'emploi et de la Santé.

Les Agences Régionales de Santé ainsi que les professionnels sont amenés à suivre les objectifs de ce Plan Psychiatrie et Santé Mentale 2011-2015.

Faisant suite à un premier plan datant de 2005, ce nouveau plan prône une série d'objectifs répartis en 4 axes, permettant une meilleure prise en charge de la personne.

En 2016 aura lieu une première évaluation de ce plan et des conséquences de son application par les différents acteurs.

Plus d'informations sur www.sante.gouv.fr.

Document accessible ici