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vendredi 27 avril 2012


La psychiatrie est-elle le propre de l’homme ?
Publié le 07/03/2012
« Le rire est le propre de l’homme » prétend Rabelais. Dans quelle mesure cet aphorisme (déjà transposé au langage par Descartes) est-il extrapolable aussi à la psychopathologie ? Autrement dit, les professions de vétérinaire et de psychiatre sont-elles résolument irréductibles entre elles ?
The British Journal of Psychiatry analyse un ouvrage récent, fruit d’une collaboration entre un neuropsychiatre et un biologiste de l’évolution. Les auteurs observent qu’on peut retrouver dans plusieurs espèces animales les équivalents de certains troubles psychiatriques chez l’homme (comme « la dépression ou la simple phobie »), mais qu’il n’en est pas de même pour des problématiques plus complexes comme la schizophrénie, l’autisme, les troubles bipolaires, ou les démences fronto-temporales [1] qui se révèlent apparemment des affections « propres à l’espèce humaine.»
On doit naturellement s’interroger alors sur cette spécificité présumée : pourquoi le genre humain aurait-il ce douteux privilège d’éprouver ces troubles psychiatriques (qualifiables en somme de «supérieurs ») ? Comprendre les mécanismes de cette spécificité pourrait nous renseigner sur les particularités du cerveau humain et « apporter un nouvel éclairage sur les troubles neuropsychiatriques. »
S’appuyant notamment sur les neurosciences, les auteurs rattachent plusieurs maladies mentales spécifiques de l’homme à la « nature exclusivement humaine de certains systèmes neuronaux comme ceux de la conscience de soi (self-monitoring), du langage, et de l’intégration sociale. » On peut bien sûr contester cette spécificité, dans la mesure où il existe également des langages (non verbaux) et des sociétés chez maintes espèces animales, mais l’acuité et la coexistence de ces critères semblent propres à l’humanité. On doit aussi rappeler que des comportements étranges, voire « suicidaires », sont observés chez certains animaux (par exemple le gammare [2], ou la coccinelle [3]). Le commentateur regrette toutefois que cet ouvrage « n’apporte pas d’idée nouvelle », mais consiste seulement dans un « réarrangement agréable » (d’idées éprouvées).

Dr Alain Cohen
Carson A : Book review : The human illnesses: neuropsychiatric disorders and the nature of the human brain (Peter Williamson & John Allman), Oxford University Press, 2011. Br J Psychiatry 2012 01: 85.

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