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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

dimanche 6 mars 2011

Psychiatrie : parole contre médicaments

Par Agnès Noël
Un groupe assis à la grande table discute. A l'intérieur du centre d'accueil Antonin Artaud, à Reims, patients et soignants se mélangent.
 Copyright : Christian Adnin

À Reims, un centre d’accueil essaie de soigner les malades en privilégiant les relations humaines par rapport aux médicaments.

Reportage.
L’entrée est discrète. Un local comme un autre dans une rue passante de Reims. Deux personnes assurent l’accueil dans un petit bureau. Un jeune homme, non loin d’eux, attend près d’un ascenseur. Il propose de nous guider. Heval est l’un des patients du centre d’accueil Antonin Artaud. Soigné depuis 2006 pour troubles psychotiques, son état s’est amélioré au point qu’il accueille désormais les nouveaux arrivants.

Il nous emmène dans une grande salle : au mur, des toiles, des dessins, tous réalisés par les résidents… Restent dans un coin des vestiges du petit-déjeuner. C’est la coutume : tous les jours, des patients vont chercher des croissants et du café pour le centre.

Aujourd’hui, c’est atelier écriture. Un groupe assis à la grande table discute, se dispute à coup d’acrostiches, dictionnaires à portée de main. À première vue, difficile de repérer le soignant au milieu d’eux. Heval en profite pour nous montrer fièrement un exemplaire de La Patate chaude, mensuel de la structure, qui traîne dans un coin. Il est élaboré par un comité de rédaction mixte soignants-patients.

Depuis quelques mois, le journal s’exporte et devient pour la radio locale « La patate ose ». Le jeune homme est rejoint par l’un de ses amis, Clément, qui se décrit comme « un peu plus sensible que les autres », devenu lui aussi l’un des piliers du lieu. Ils vont continuer la visite à deux.

Le centre d’accueil (1), créé en 1985, et qui traite actuellement plus de deux cents patients psychotiques, s’est inspiré du projet Aloise, lancé en 1981 par le psychiatre Roger Gentis. Celui-ci part du principe qu’il existe une part de créativité dans la maladie mentale. Elle peut s’exprimer notamment par l’art brut ( certains malades ont exposé des toiles au Musée d’art brut de Lausanne ).

Non étiqueté

Le centre vise aussi à offrir aux patients un réseau d’accueil non étiqueté « psychiatrie », où ils peuvent retrouver une envie, une forme d’expression.

« L’objectif est d’accueillir ceux qui ont des expériences délirantes, pour des soins humains et pas seulement des soins techniques. Dire que quelqu’un de très malade peut être artiste, c’est fondamental », explique Patrick Chemla, fonda­teur du lieu. Ici, il existe diffé­rentes activités, comme les ateliers poésie, arts plastiques, vidéo, mais aussi des sessions d’actualité et de lecture, ainsi qu’un jardin pour permettre à chacun de s’exprimer selon ses envies.

À Antonin Artaud, le mélange est donc de mise. « Ce qui est intéressant, c’est qu’il existe une myriade de lieux qui correspondent aux personnes et à leurs désirs. Il existe différentes possibilités d’interaction et de contacts », reprend le psychiatre.

Les patients peuvent faire ce qu’ils souhaitent, y compris ne rien faire et rester tranquillement à l’accueil. Chacun est libre d’apporter ce qu’il veut : un ancien étudiant en ciné­ma a lancé l’atelier vidéo, un médecin à la main verte s’occupe de l’atelier jardinage… Des objets sont dissé- minés çà et là, laissés par les pensionnaires. Comme ces clichés de la ville laissés par un patient et accrochés au mur. Ou ce piano désaccordé légué par une autre.

Mélange des activités, mélange entre patients et soignants aussi, à l’image du club thérapeutique, qui rassemble de 60 à 80 participants, praticiens et malades confondus. Son objectif : la discussion entre soignants et soignés et la gestion commune de certaines activités. Les patients peuvent être élus au bureau du club. Ensemble, ils organisent des petits-déjeuners, des sorties.

 « L’idée était de mettre sur un pied d’égalité patients et soignants. C’est une autre façon d’envisager la relation avec le malade », explique Patrick Chemla. Parfois, ce sont les soignants qui ont des ratés. Et les patients qui les remettent à leur place.

Goût de vivre

La démarche n’est pas forcément simple, le directeur de l’établissement l’admet volontiers et confirme la nécessité d’une équipe hypermotivée. Si ce type de structure était à la mode voici trente ans, il n’en reste plus guère aujourd’hui. « Les psychiatres se sont lassés. Certains centres ont évolué vers la distribution de médicaments. Nous, on continue à vouloir offrir un lieu ouvert. »

Pour tenir le choc et échanger entre eux, les quelque vingt praticiens ont créé « la criée », un espace d’échange où la parole est libre, qui permet de structurer leur travail et de ne pas se faire « happer par le délire du patient ».

Patrick Chemla déplore : « Actuellement, l’idée dominante est qu’il faut d’abord administrer un traitement pour calmer le délire et ensuite commencer à discuter avec le patient. Pour moi, il faut commencer par discuter. Le délire, comme disait Freud, est déjà en soi une façon de s’exprimer et une tentative de guérison. Et les médicaments ne marchent pas toujours : on trouve des gens violents dans la rue, dans les prisons. Aucune pilule n’a jamais guéri ou permis de retrouver le goût de vivre. »

Certains patients, comme Heval et Clément, progressent. D’autres pas. De toute façon, estime le docteur, impossible d’obtenir de vrais progrès en quelques mois. Et ici, on est prêt à mettre le temps qu’il faut. C’est d’ailleurs pour cela que le docteur s’indigne du dispositif actuel des soins :

« Le problème avec l’hospitalisation à la demande d’un tiers, c’est qu’on peut hospitaliser un malade et le mettre ensuite dehors au bout de trois semaines. Fatalement, il rechute. Alors que nous, on reste joignable 24/24 h. Les plaintes des familles disant que les équipes ne répondent pas quand on les appelle sont justifiées. C’est pour cela qu’elles soutiennent la loi. Mais quand elles vont voir que la permanence des soins promise dans le projet de loi va se résumer à une injection obligatoire, elles vont déchanter. »

Pour le docteur, membre du collectif La nuit sécuritaire, « c’est l’humanité qui compte ». Une vision opposée à celle de la nouvelle loi, laquelle affirme-t-il, « tourne autour des médicaments et de l’obligation de soins. Elle se manifeste par un meilleur accès aux soins ambulatoires, mais ici, on reçoit deux cents personnes en soins ambulatoires sans contrainte. Il faut qu’un climat de confiance s’instaure pour lancer quelque chose ! Cette loi a des possibilités d’extension très graves, comme les traitements de force. Les médicaments sont d’un précieux secours, mais ne sont pas suffisants. Et quand les soins sont forcés, cela renforce la paranoïa des malades. Les patients se sentent bien dans cette maison car c’est un lieu d’accueil. »

Au sein du club thérapeutique, lors d’une réunion, soignants et patients ont évoqué le projet de loi sur la psychiatrie. Une assemblée générale a été organisée. Un meeting a été lancé. Les patients s’en sont mêlés, dont Heval et Clément, qui ont proposé d’aider. Une manifestation de protestation a donc eu lieu en mai, mêlant soignants et patients. Certains, parmi ces derniers, brandissaient des pancartes « nous som­mes tous des schizophrènes dangereux » pour attirer l’attention de la population.

Le mê­me mois, à l’invitation de sénateurs communistes, quelques patients et soignants sont intervenus au Sénat pour exprimer leur point de vue. Le 25 septembre, ils devraient participer à un meeting organisé par la nuit sécuritaire. Et ils enchaîneront sur un colloque à l’Assemblée nationale en octobre. Clément le dit : « Je suis là pour faire la révolution. »

1. Le centre Antonin Artaud regroupe à la fois une structure médico-psychologique et un centre d’accueil.

Les évadés du bocal

Programme du festival
 « les évadés du bocal »

IMPORTANT: Une exposition de tableaux, photos, vidéos est mise en place pendant toute la durée du festival. Si le lieu n'est pas précisé, tous les événements se déroulent au bar-restaurant le Lieu-Dit, 6 rue Sorbier, Paris XXe. Seuls les événements intitulés "Les évadés hors les murs" se tiennent dans différents lieux précisés ci-dessous. L'entrée est libre (dans la limite des places disponibles), la participation aussi.

Vendredi 4 mars : « Les évadés hors les murs »
11h-13h : Émission radiophonique « Zones d’attraction » sur Radio libertaire (89.4    FM) autour du Collectif « les évadés du bocal ».

Lundi 7 Mars : Prologue
18hOO : Ouverture du festival par le collectif « Les évadés du bocal »
19h3O : Performance poétique et sonore de l’association « Les temps mêlés »  
« Danser l’invisible d’un rendez-vous schizophonique avec les indétectables du livre du témoignage d’une machine à écrire »

Jeudi 1O Mars: L'effet de l'art en question
18hOO à 19hOO : Présentation de la pièce « Le musée des fous » de Christine Deroin.
2OhOO : Projection du film « nos pluriels » (20min)
puis débat avec Olivier Couder (Théâtre du Cristal) et Patrick Franquet (théâtre du Reflet) accompagné d’extraits de la pièce « Cathalina in fine » de Fabrice Melquiot interprétés par le théâtre du Cristal.

Samedi 12 Mars : « Les évadés hors les murs »
15hOO: Conférence sur le thème "Folie et société" avec Mathieu Bellahsen et Patrick Chemla, psychiatres, Heitor de Macedo, psychanalyste, Marie-José Mondzain, philosophe.
2OhOO : Spectacle Louise, elle est folle, mis en scène et joué par Elise Vigier et Frédérique Loliée (texte de Leslie Kaplan)
 Maison de la Poésie, 157 rue St Martin, 75OO3 PARIS

Dimanche 13 Mars : Un monde sans fous?
16hOO : Projection du documentaire « Un monde sans fous? » (52 min)
puis débat avec le réalisateur Philippe Borrel et Patrick Coupechoux, journaliste.
18hOO : Concert de Fantazio , Jean-François Vrod et Benjamin Collin.
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Jeudi 17 Mars : Quand le collectif s'expose
18hOO : Concert du groupe "Démence précoce" (Atelier du Non-Faire)
2OhOO: Récit d’une expérience artistique inspirée de la psychothérapie institutionnelle par Louis Neuville et Apolonia Breuil, collectif Pounchd, artistes.
Discussion avec Jean-Claude Polack, psychiatre-psychanalyste, revue Chimères.

Vendredi 18 Mars : Fragments d'archives, une autre histoire de la psychiatrie 
11h-13h : « Les évadés hors les murs » Émission radiophonique « Zones d’attraction » sur Radio libertaire (89.4 FM) autour du festival « Les évadés du bocal ».
2OhOO : Débat avec Mâkhi Xenakis, peintre et sculpteur, autour de l'ensemble sculptural « Les folles de la Salpêtrière » et Patrick Faugeras, psychanalyste et traducteur, directeur de collection chez Eres, auteur des « Lettres mortes » de l’asile de Volterra.
Discussion avec Roger Ferreri, psychiatre désaliéniste.

Samedi 19 Mars: « les évadés hors les murs »
18hOO : Projection du film "Les femmes, la ville, la folie", d'Elise Vigier.
2OhOO : Spectacle Louise, elle est folle, mis en scène et joué par Elise Vigier et Frédérique Loliée (texte de Leslie Kaplan)
 Maison de la Poésie, 157 rue St Martin, 75OO3 PARIS

Dimanche 2O mars: Folie et expériences du collectif
15hOO : Projection de « Solstices », de Bernard Richard (1h20)
16h3O : Projection du dossier « Autogestion I » complément du film (30 min)
Discussion avec Bernard Richard, réalisateur, Roland Gori, psychanalyste à l’initiative de « L’appel des appels » et les membres du collectif « Zones d’attraction ».
19hOO : Pièce de Schubert: "La jeune fille et la mort" par le quatuor Équinoxe (1h00)
  
Lundi 21 Mars: « les évadés hors les murs »
2Oh3O : Spectacle théâtral Abilifaie Leponaix de Jean-Christophe Dollé. Entrée gratuite. Réservations nécessaires auprès de la compagnie Fouic théâtre: 09 51 12 47 34
Théâtre la Pépinière, 7 rue Louis Le Grand, 75OO2 PARIS

Mardi 22 Mars : L'art comme outil de civilisation
2OhOO : Débat avec Sylvain Gouraud (photographe, SPEAP : Sciences Po, Ecole des Arts Politiques), et Nicolas Roméas, directeur de Cassandre/Hors Champ, revue et pôle ressources Art/Culture/Société.
Logo_Cassandre_Horschampinvers_

Vendredi 25 Mars: Qui a peur de son ombre? 
18h3O : Création autour de l’ouvrage « Voyage à travers la folie » de Mary Barnes et Joseph Berke par Marine Pennaforte, comédienne, Cie Théâtre A (http://www.theatrea.fr), et Denis Teste, musicien (1h00)
2OhOO : Débat avec Heitor de Macedo, psychanalyste, et Leslie Kaplan, écrivain.
  
Samedi 26 Mars: Décollez les étiquettes! 
14hOO à 16hOO : enregistrement de l’émission de Radiocitron (Elan retrouvé) sur le thème : « les étiquettes ». Invités : Radio « La Patat’ose » (Centre Antonin Artaud, Reims), et Jean-Christophe Dollé, metteur en scène. 
17hOO : Projection du film « Chacun a son rôle » de Dominique Cœur.
Discussion avec Paul Machto (psychiatre, collectif des 39), Dominique Coeur, les adhérents de l'association "Champ libre" et les comédiens du GITHEC (Groupe d'intervention Théâtrale et Cinématographique)
19h3O : concert du groupe « le cabaret à Lou » avec Marie Fortuit, comédienne et chanteuse, et Nicolas Joseph, musicien.

Dimanche 27 Mars: Folie et poésie
               16hOO: projection du film de Nicola Sornaga "Le dernier des immobiles" suivi d'une discussion avec Nicola Sornaga autour de "Van Gogh le suicidé de la société" d'Antonin Artaud.

« Les évadés hors les murs »
17hOO : Spectacle  Le musée des fous de Christine Deroin.
18h3O:   Débat avec Marine Pennaforte et Loriane Brunessaux pour le collectif des évadés du bocal.
Comédie Nation, 77 rue de Montreuil, 75O11 PARIS

Mercredi 3O Mars: « Les évadés hors les murs »
14h3O : Dessus, Devant, Derrière , performance chorégraphique et plastique au Théâtre de l’Institut Marcel Rivière. Entrée libre.
MGEN Institut Marcel Rivière, Route de Montfort - 7832O La Verrière
  
Jeudi 31 Mars: Parlons une autre langue 
2OhOO : Franck Lepage, scop Le Pavé (coopérative d’éducation populaire)  extrait de conférence gesticulée suivie d’un anti-débat.

Vendredi 1er avril:  « Les évadés hors les murs »
11h-13h :  Émission radiophonique « Zones d’attraction » sur Radio libertaire (89.4 FM) autour du festival « Les évadés du bocal». 

Samedi 2 Avril : Produisons le commun 
14h3O-17hOO :  Du collectif au commun :
14h3O-15h3O : Patrick Chemla, psychiatre-psychanalyste, Centre Artaud-Reims, collectif des 39, et Hervé Bokobza, psychiatre-psychanalyste, Saint-Martin de Vignogoul, collectif des 39.
15h3O : Interprétation d’extraits du livre Le Fou de Khalil Gibran par Moïse Schaeffer.
16hOO-17hOO : Jean Oury, clinique de Laborde
  
Dimanche 3 Avril : Prélude
17hOO : Projection du film de Rafal Bajena Operahaus (50 min)
Discussion avec Rafal Bajena
18h3O : "Qu’est ce que ça nous a fait ?" débat avec le collectif des évadés du bocal
2OhOO : Concert de Denis Charolles

Des blouses blanches contre le projet de loi sur l’immigration

François Bourbillon, président de la Société Française de Santé Publique, Bruno Housset, président de la Fédération française de pneumologie, Christian Rabaud, Président de la société de pathologie infectieuse de langue française, Willy Rozenbaum, président du Conseil national du sida et Dominique Valeyre, président de la Société de Pneumologie de Langue Française se moblisent contre les restrictions aux possibilités de séjour en France pour les étrangers gravement malades. Les cinq responsables de sociétés savantes viennent de signer dans Libération une tribune pour s'insurger contre l'article 17 ter du projet de loi "immigration, intégration, nationalité", qui concerne la possibilité d'octroyer une carte de séjour temporaire à un étranger malade résidant en France. Cet article remplace la formule "sous réserve qu'il ne puisse effectivement bénéficier d'un traitement approprié" par "sous réserve de l'indisponibilité d'un traitement approprié". Supprimée en première lecture par le Sénat, la restirction a été réintroduite la semaine dernière par la Commission des lois de l'Assemblée nationale. "Pour des raisons éthiques, sanitaires et financières, les députés ne doivent pas adopter cet article", estiment les signataires qui, citant des maladies comme le sida et la tuberculose, relèvent que "la disponibilité des traitements est une chose" mais que "leur accessibilité effective en est une autre". Cette tribune fait écho à un appel similaire, lancé fin octobre, signé par plus de 1.000 médecins, et relayé maintenant par une pétition en ligne pour le corps médical (accessibilite.effective@gmail.com). En parallèle, un texte grand public a été lancé à l'initiative notamment de l'association Aides, déjà signé par près de 7.000 personnes.

Colloque

Mercredi 06 juillet 2011  |  Cerisy-La-Salle (50210)

Écriture(s) et psychanalyse : quels récits ?

Résumé
La question de l’écriture et de ses liens avec la psychanalyse mérite d’être réinterrogée à partir d’une confrontation de trois champs. Le premier consiste en cet exercice de la psychanalyse à l’endroit — et parfois à l’encontre — de la littérature (qu’en est-il, alors, de cette position de principe qui a longtemps fait de la psychanalyse la révélatrice de ce que l’auteur dit sans savoir qu’il le dit?). Le second champ correspond à l’examen des processus d’écriture, quand l’auteur ne peut plus ignorer l’existence de l’inconscient à l’œuvre dans sa création (la psychanalyse et la littérature susciteraient alors plutôt des échanges sur la base de la supposition d’un savoir que l’autre détiendrait). Enfin, le troisième champ sollicite le récit, forme commune aux deux domaines (devront alors se voir évaluées la pertinence et la portée de l’usage d’un concept emprunté à la critique littéraire dans le champ de l’expérience analytique).
Annonce
DU MERCREDI 6 JUILLET (19 H) AU MERCREDI 13 JUILLET (14 H) 2011

ÉCRITURE(S) ET PSYCHANALYSE : QUELS RÉCITS ?


DIRECTION :
Françoise ABEL, Maryse PETIT

Argument et programme ici

Colloque


Mercredi 03 août 2011
 |  Cerisy-La-Salle (50210)

Marx, Lacan : l'acte révolutionnaire et l'acte analytique

Résumé
Contrairement à la plupart des théoriciens, Marx et Lacan sont préoccupés des effets de leurs démarches : le marxisme et la psychanalyse sont avant tout des praxis. L’appel à la révolution de Marx est une manière de transformer une pensée en acte. Et le dire du sujet en analyse comporte toujours des effets pratiques sur ses actes: en ce sens, tout acte analytique est aussi bien un acte politique, car le sujet s’inscrit dans le lien social autrement. Y a-t-il une relation entre la révolte des masses voulue par le marxisme et la subversion du sujet à laquelle conduit la psychanalyse? Toute la difficulté est de donner une valeur à ce qui sort du champ de la mesure et du calcul: le travail de l’ouvrier pour Marx, et le désir du sujet pour Lacan. L’impact de Marx et de Lacan dépasse le domaine de la politique, de la philosophie et de la psychanalyse, pour imprégner aussi le champ de l’art: littérature, peinture, musique... C’est autour de ces rencontres que l’histoire de notre temps a pu s’inscrire et laisser sa marque, toujours active, puissante et en devenir.
Annonce
DU MERCREDI 3 AOÛT (19 H) AU SAMEDI 13 AOÛT (14 H) 2011

MARX, LACAN :


L'ACTE RÉVOLUTIONNAIRE ET L'ACTE ANALYTIQUE


DIRECTION :
Patrick LANDMAN, Silvia LIPPI

ARGUMENT :

"Ce qui est sûr, c’est que je ne suis pas marxiste"
Karl Marx

"C’est à vous d’être lacaniens, si vous voulez. Moi, je suis freudien"

Jacques Lacan

Argument et programme ici

Un psy dans la télé

Freud Psychiatres, psychologues, psychanalystes, thérapies courtes, de couple, de groupe…: nombreuses sont les séries télé qui intègrent à leur intrigue un personnage de thérapeute, régulier ou occasionnel. Mais si les années 2000 ont marqué l’apparition du psy comme possible figure centrale de la série (In Treatment, Huff, State Of Mind, Tell Me You Love Me, Head Case, Lie To Me), certaines avaient déjà exploré cette voie quelques années auparavant (The Bob Newhart Show, Sessions). Aujourd’hui, rares sont les séries dont les personnages ne sont pas amenés, à un moment ou à un autre, à livrer leurs tourments dans le secret d’un cabinet de psy.

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samedi 5 mars 2011

L’ergothérapeute, faiseur de bien-être

Ergo quoi ? Ergothérapeutes. Karine et Michel sont er-go-thé-ra-peu-tes. C’est à dire, « des professionnels de santé qui fondent leur pratique sur le lien entre l’activité humaine et la santé ». Définition officielle, carrée. Concrètement, des aménageurs d’intérieur pour personnes âgées ou handicapées, des concepteurs d’environnements sécurisés pour des populations fragiles, des éducateurs et rééducateurs thérapeutiques. Métaphoriquement, des faiseurs de bien-être à chaque étape de la vie dans la gestion du quotidien.

Mise en situation. Ce matin, Karine et Michel ont rendez-vous chez un monsieur âgé, locataire d’un logement social et dont la salle de bain n’est plus adaptée à son état de santé. Ce monsieur a donc fait appel à son bailleur pour une remise aux normes selon ses besoins. Et le spécialiste dépêché pour la mission, c’est l’ergo. Un technicien est passé avant, il a proposé un plan. Karine et Michel viennent s’assurer du réel besoin des travaux.

Évaluer, diagnostiquer, préconiser

A l’ouverture de la porte, le fils. La trentaine, il vit encore chez ses parents et fait l’intermédiaire. L’appartement est quasi vide, vétuste, mais propre. Le père enfoncé dans son canapé derrière une cloison se délecte des informations sur la TNT. L’écran géant première génération impose dans la pièce. Les images content une certaine révolution. Elle est suivie avec beaucoup d’attention.
 
Première prise de contact avec le demandeur, Karine hausse la voix. Le monsieur est dur d’oreille. « Vous voulez mettre une douche à la place de la baignoire ? ». Le fils conduit l’ergo vers la pièce incriminée. Michel tient compagnie au vieillard. La peinture verdâtre donne mal au cœur. Des tuyaux en plomb courent sur les murs. Ce qu’ils appellent baignoire est en fait un sabot ou bac à laver haut de 80 centimètres, facile. Même une personne en bonne santé pourrait glisser. Le fils affirme que son père ne s’y douche plus et qu’il l’accompagne chez sa sœur. Karine observe. Mauvaise aération, sol ultra glissant, bidouillage de robinetterie pour amener l’eau dans le sabot, prises trop proches des sources. Ce sera un peu plus que juste remplacer le bac. Après ces premières observations, l’ergo passe au questionnaire.
 
« Quand le technicien est passé vous n’étiez pas là ? », « Non j’étais au pays ». Son état de santé ? Le monsieur s’est fait opérer à quatre reprises. 96, 2006, 2007, 2008. Il marche sans canne, enfin quelques fois avec. Il ne voit pas de kiné, mais il devrait. Bénéficie-t-il d’une aide ? Sa femme s’occupe de la cuisine et du ménage. Sa voisine lui apporte les courses quand l’ascenseur est en panne. Sa voix est chaleureuse, son sourire charmeur, son bonnet d’intérieur. Le fils dans l’encadré de la porte écoute attentivement et intervient parfois. Dans son dossier rose, Karine prend des notes et annonce la couleur. Elle approuve les propositions du technicien : une douche de 80 sur 100 avec portes battantes, un siège repliable et des barres pour s’aider. L’ergo vérifie les mesures et indique qu’au mieux les travaux seront réalisés dans trois ou quatre mois, après l’établissement du devis et la validation du plan de financement par le bailleur. Ils auront même droit à une nouvelle peinture, un sol antidérapant et une sortie pour la machine à laver. Royal.

Issus de la « psychiatrie artistique »

Depuis 1973, la profession d’ergothérapeute se développe peu à peu en France. Aujourd’hui, 7000 professionnels, dont 90% de femmes, accompagnent dans leur vie quotidienne des patients nécessitant « une aide non médicamenteuse ». Michel raconte. « Nous sommes issus de la psychiatrie artistique. Dans les hôpitaux psychiatriques, on observait que lorsque les patients faisaient de la poterie pour faire travailler leurs mains, ils se sentaient beaucoup mieux. Ces observations ont été adaptées aux handicapées et personnes âgées. » Le lien entre la poterie et l’aménagement d’un habitat est difficile à saisir. Pour mieux comprendre, il suffit de revenir aux sources. La profession est née dans les pays anglo-saxons. Et en anglais, ergothérapie se dit « occupation therapy ». C’est-à-dire, l’accompagnement d’un patient dans tous les instants de sa vie. « Il existe autant d’ergothérapeutes que d’ergothérapies. Cela va des enfants, aux soins palliatifs, aux handicapés, au bâtiment, à la conception de produit ».
 
Les ergo se développent de plus en plus en France à cause du vieillissement de la population et grâce au plan Alzheimer. Mais Michel estime que l’hexagone a encore une bonne dizaine d’année de retard. « Au Canada, il y a des troisièmes cycles et des doctorats en ergothérapie. En France, il faut une année de médecine ou prépa pour intégrer une école en trois ans ». Egalement, dans les pays anglophones, les ergothérapeutes sont beaucoup plus nombreux que les kiné. Les deux professions se sont longtemps opposées. « Ca se lisse. Avec les kiné ça se passe beaucoup mieux. Nous avons compris que nous ne sommes pas en compétition, que nous n’agissons pas sur les mêmes domaines ». Et surtout, les ergo apportent un vrai volet social.

Souvent perçus comme des « guignols »

Michel s’est lancé dans l’aventure le jour où il est tombé sur « Un métier pour aider les autres » à la bibliothèque. Originaire du Sud Ouest, il est passé par la voie publique : fac de médecine et l’institut de formation en ergothérapie à Bordeaux. Ce qu’il aime ce sont les vertus de l’activité, le lien social auprès d’une population fragile. « C’est passionnant d’observer un patient et d’intégrer dans la réflexion sa famille, ses amis, son travail, ses loisirs. De le traiter finalement du lever au coucher. L’ergothérapie, c’est du concret ». Pourtant, selon Karine, les ergo sont souvent perçus comme des « guignols ». Michel ajoute : « beaucoup de personnes pensent que notre travail c’est du bon sens. Mais on fait quand même 4 ans d’études ! » Leur champ de travail est tellement vaste, que la justification des actes s’impose à chaque rencontre avec un nouveau patient. « Parfois, c’est épuisant et frustrant ».
 
Ce qui pèche également, c’est le non remboursement des consultations par la sécu. Pour Michel, « le plus dramatique est de rencontrer des gens qui n’ont pas le financement ». L’ergothérapie est une profession jeune, coûteuse, mais nécessaire. Et l’Etat, les compagnies d’assurances et autres mutuelles semblent l’avoir compris. Au delà des organismes publics, les entreprises privées qui financent des projets se multiplient. « Les gens ont compris l’intérêt de conserver les personnes âgées indépendantes et capables de vivre chez elles ». Le coût pour la société est allégé.

Une profession coûteuse mais nécessaire

Fins connaisseurs des circuits institutionnels, les ergo sont aujourd’hui perçus comme le carrefour des professions médicales et paramédicales. Il n’est pas rare de les voir se « libéraliser » et de s’associer avec des infirmières, psychologues et kiné dans un même cabinet. Sous l'impulsion du président de
l’Association nationale française d’ergothérapie et des bénévoles et professionnel du réseau « nous commençons à ne plus être considérés comme un moyen de compensation, mais comme un projet de vie ». Encore trop peu nombreux, la création d’un ordre n’est pas encore annoncée, mais c’est en réflexion. « Quand j’ai commencé mes études, personne ne connaissait ce métier. Aujourd’hui nous faisons partie des décisionnaires. On vient nous chercher. C’est valorisant. » Question institutions, les ergo sont donc en terrain conquis. Le plus dur maintenant est de convaincre les patients de l’intérêt des consultations. « Souvent les patients ont peur de nous à cause de –thérapeute. Ils nous répondent : mais non, mais je ne suis pas malade ! » Pas besoin d'être souffrant pour aspirer au bonheur.

mercredi 2 mars 2011

El Argonauta

Argonauta español

Revue bilingue, franco-espagnole, d'histoire moderne et contemporaine consacrée à l'étude de la presse espagnole de ses origines à nos jours (XVIIème-XXIème siècles)
Numéro 8 - 2011

Anne-Cécile DRUET , Université Paris-Est Marne-la-Vallée
La psychiatrie espagnole et la psychanalyse des années 1910 à la guerre civile: de la presse médicale au discours social

Résumé

Cet article se propose d'analyser la diffusion par les psychiatres de la psychanalyse freudienne en Espagne, dans la période allant des années 1910 à la guerre civile. Il analyse l'introduction et l'essor des théories freudiennes dans la presse psychiatrique de l'époque en s'interrogeant sur les caractéristiques des références à Freud et leur évolution, mais aussi sur leur provenance et le contexte de leur apparition. Il se penche également sur le rôle joué par les psychiatres dans l'introduction de la psychanalyse en dehors du domaine psychiatrique.

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La consommation de cannabis accroît les risques psychotiques
LEMONDE.FR avec AFP | 02.03.11
Les adolescents et les jeunes adultes consommateurs de cannabis ont davantage de risques de souffrir de troubles psychotiques que ceux qui n'en consomment pas, selon une étude publiée mercredi à Londres par le British Medical Journal. Des experts allemands et néerlandais ainsi que ceux de l'Institut de psychiatrie de Londres ont suivi 1 900 personnes âgées de 14 à 24 ans pendant huit ans.
L'étude a montré que ceux qui avaient commencé à consommer du cannabis après le début de l'étude et ceux qui en avaient consommé avant et après avaient davantage de risques de souffrir de troubles psychotiques que ceux qui n'en avaient jamais consommé. "La consommation de cannabis constitue un facteur de risque de développement de symptômes psychotiques", indique l'étude.

"Cette étude ajoute un complément d'information à l'évidence déja solidement établie que la consommation continue de cannabis accroît les risques de symptômes et de maladies psychotiques", a affirmé Robin Murray, professeur de recherche psychiatrique à l'Institut de psychiatrie.
Les Livres de Psychanalyse

S.K. beau
Hervé Castanet

Février 2011 – La Différence – “Les essais "

Le mot « S.K.beau » est inventé en 1975 par Jacques Lacan pour qualifier l’esthétique de l’écrivain James Joyce. Le mot est réemployé ici, avec sa typographie étonnante, pour masquer et à la fois faire surgir le réel auquel l’artiste se confronte : au cœur du beau, ce S.K. énigmatique, hors sens. Cet essai convoque les créateurs. Ils créent des mots ou des images. L’image fait voir – elle montre en particulier ; le mot désigne – il est porteur d’universel. Hervé Castanet indique une autre direction : l’image se construit, nous dit-il, à partir d’une faille, d’une béance, d’une rupture. C’est parce que le visible ne peut être appréhendé dans sa globalité qu’il pousse le peintre, le photographe ou le cinéaste à montrer. Pareillement pour l’écrivain, les mots ne disent pas tout. Ils sont aussi marques, traces, ratures. À ce titre, ils touchent au corps. À travers les exemples d’écrivains, tels Ovide, Poe, Artaud, Klossowski, Genet, Prigent, de peintres comme Picasso, Ayme, Devade, Valensi, Witkin, de théoriciens de l’art, tels Constant, Jorn, Debord, d’un théologien comme Origène, Castanet s’attache à montrer que face à un réel spécifié, un point de réel, nommé ici S.K.beau, chaque artiste dénoue et renoue l’image ou le mot pour y forger un « trou réel ».
Psychiatrie. Vers de nouvelles missions du juge des libertés et de la détention.
Hospitalisation sans consentement : la réforme


La réforme de l’hospitalisation sans consentement, bientôt en débat à l’assemblée nationale, suscite la polémique à Dijon.

«Nul ne peut être arbitrairement détenu. L’autorité judiciaire, gardienne de la liberté individuelle, assure le respect de ce principe dans les conditions prévues par la loi ! » A Dijon, le magistrat Bruno Segond, martelant l’article 66 de la constitution, a la conviction que l’hospitalisation sans consentement doit être contrôlée par un juge des libertés et de la détention. Et pourquoi pas, dès le départ ?

Le 26 novembre dernier, le conseil constitutionnel a justement déclaré contraire à la constitution l’article L.337 du code de la santé publique prévoyant qu’au-delà des quinze premiers jours, l’hospitalisation sans consentement peut être maintenue pour une durée d’un mois, renouvelable, au vu d’un certificat médical circonstancié. « La liberté individuelle ne peut être tenue pour sauvegardée que si le juge intervient dans le plus court délai possible. » Le projet de loi « relatif aux droits et à la protection des personnes faisant l’objet de soins psychiatriques et aux modalités de leur prise en charge », déposé en mai dernier, a dû ainsi être modifié pour tenir compte de la décision du Conseil constitutionnel. Ce texte sera débattu à l’assemblée nationale du 15 au 17 mars prochain, la loi devant être votée avant le 1 er août. Le projet crée la notion de « soins sans consentement » englobant l’hospitalisation et la possibilité nouvelle d’un suivi ambulatoire. Au CHS la Chartreuse, le Dr Gérard Milleret, vice-président de l’intersyndicale de défense de la psychiatrie publique (IDEPP) faisait état hier d’un communiqué commun rédigé avec l’Union syndicale des magistrats et le Syndicat des Psychiatres des hôpitaux, regrettant le manque de concertation, la soumission d’un texte en urgence au parlement, les charges accrues d’un dispositif qui aurait pu être simplifié, aboutissant à la perspective d’une « loi inapplicable ».
Un dossier à suivre. 
Anne-Françoise Bailly