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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

dimanche 5 septembre 2010






MSD reçoit l'approbation européenne pour son antipsychotique atypique SYCREST® (asenapine) pour le traitement des épisodes maniaco-dépressifs des troubles bipolaires

MSD (MSD est un nom commercial de Merck & Co., Inc., dont le siège social se trouve à Whitehouse Station, dans le New Jersey, aux Etats-Unis), a annoncé aujourd'hui que la Commission européenne avait approuvé sa demande d'autorisation marketing pour les comprimés sublinguaux SYCREST® (asénapine) pour le traitement des épisodes maniaco-dépressifs modérés à graves associés à des troubles bipolaires chez les adultes. La décision prise aujourd'hui était basée sur des recommandations émanant du Comité des produits médicinaux à usage humain (CHMP) de l'Agence européenne du Médicament (EMA). La décision de la Commission s'applique à tous les 27 pays-membres de l'Union européenne.

"Les troubles bipolaires sont difficiles à gérer et les patients interrompent fréquemment la thérapie pour toute une série de raisons," a déclaré Eduard Vieta, M.D., Ph.D., professeur de psychiatrie à l'Université de Barcelone et directeur du Programme sur les troubles bipolaires à la Hospital Clinic de Barcelone, en Espagne. "Le fait de disposer de plusieurs options de traitement est crucial pour les patients et l'asénapine représente une nouvelle option thérapeutique pour cette maladie grave."

L'approbation du SYCREST, un antipsychotique antypique, par la Commission européenne, pour le traitement des épisodes maniaco-dépressifs des troubles bipolaires, était basée sur un bilan des données relatives à l'efficacité d'un programme d'essais cliniques portant sur près de 1.300 patients souffrant de manie bipolaire. Aux Etats-Unis, SYCREST est commercialisé sous la forme de comprimés sublinguaux SAPHRIS® (asénapine).

Vue d'ensemble des essais cliniques
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Au-delà du moi, la liberté ? Bouddhisme et Psychanalyse
http://www.monde-omkar.com/blog/omkar/au-dela-du-moi-la-liberte-bouddhisme-et-psychanalyse

Le 27 novembre 2010, Paris attend un heureux évènement : la rencontre de sommités du monde psychanalytique et du monde bouddhiste. Si les pays anglo-saxons ont très tôt connu des rencontres interdisciplinaires fécondes entre bouddhisme et psychanalyse, autour d’Erich Fromm et D.T. Suzuki notamment, puis de Trungpa, Searles, Laing et Podvoll, la France a suffisamment attendu. L’arrivée nouvelle des techniques de méditation adaptées à la santé globale (somatique et psychique) dans notre pays accélère sans doute un mouvement d’ouverture déjà entamé du côté des penseurs. Il suffit pour s’en convaincre de voir l’excellent colloque Bouddhisme et Philosophie qui s’est tenu à la Cité Universitaire Internationale de Paris en 2005, (disponible chez Nangpa diffusion).

Le colloque intitulé « Au-delà du moi, la liberté ? Psychanalyse, Philosophie et Méditation » est un événement en plusieurs sens. D’abord, il signe la fin d’une mise à l’écart de la dimension spirituelle au profit du seul point de vue scientifique comme voie de connaissance de l’homme. L’université intègre petit à petit l’existence d’autres discours que le sien propre, tout aussi valides et solidement fondés dans l’expérience. Par ailleurs, les psychanalystes, qui communiquent rarement en-dehors de leur sphère qu’on leur reproche à juste titre de garder close, se prêtent au jeu de la rencontre et du débat. D’éminents représentants des principaux courants psychanalytiques en France, organisés autour des trois figures majeures que sont Freud, Lacan et Jung, acceptent la confrontation critique et constructive autour d’un sujet difficile : le moi.

Argument

De nos jours, les discours sur le sujet et sa nécessaire sauvegarde face à un monde devenu technique et déshumanisant sont monnaie courante. Il nous faut engager une réflexion plus radicale encore, qui va à la base même de cette notion de sujet et répondre à cette question : « Au-delà du moi, la liberté ? »

Les inventeurs de la psychanalyse au XXe siècle, de Freud à Lacan en passant par Jung, ont tous tenté une sortie hors de la conception étroite de la subjectivité. Les notions d’inconscient, de Soi opposé au moi, de sujet clivé par le désir – autant de manières de dire l’impossibilité à saisir l’essence du psychisme humain et à le classer du côté d’un ego. En philosophie, le moi est avec l’ego cogito de Descartes, la référence autour de laquelle s’articule notre appréhension moderne de la psyché. Est-ce le seul horizon de notre pensée ?

La méditation en propose l’épreuve, il n’y a rien de tel chez l’homme qu’un moi, qu’une âme existant réellement. La pensée bouddhiste soutient l’absence de solidité des phénomènes et l’ouverture première de l’homme, avant toute détermination en « moi » et « l’autre ».

Psychanalyses, philosophies d’Orient et d’Occident, quel dénominateur commun, dans leur entente de l’homme au-delà du moi, qui en préserve une vérité libre de tout enfermement ? Un dialogue peut-il s’articuler ? La méditation peut-elle être thérapeutique, comme l’est la cure analytique ? Lors d’une journée de colloque organisée par l’association Jeunes&Psy, des psychanalystes, des philosophes, des enseignants de méditation confrontent leur point de vue sur la question du moi.

Intervenants

Michel Cazenave est philosophe et poète, directeur du Centre d’Etudes et de Recherche Francophone Carl Gustav Jung. Il est bien connu des auditeurs de France Culture pour son émission Les vivants et les dieux qu’il a produite pendant près de douze ans. Son intervention portera sur : « Relecture de Jung. Le nécessaire dépassement du complexe du moi (Jung et la pensée orientale) ».

Alain Gaffinel
est médecin, praticien hospitalier en réanimation, il pratique la méditation depuis une dizaine d’années. Lors de la journée, il donnera des éléments de réponse à la question : « La méditation est-elle une thérapie ? » qui interpelle autant les pratiquants que ceux qui n’ont jamais eu d’expérience de la méditation.
 
Jean-Luc Giribone est écrivain, éditeur en sciences humaines au Seuil. Il a joué un rôle crucial dans l’introduction de l’école de Palo-Alto en France et, élève de l’ENS, a longtemps suivi les Séminaires de Lacan. Il proposera un dialogue entre deux auteurs majeurs, sans doute les plus importants dans leur domaine respectif en cette deuxième moitié du XXe siècle : « A la recherche du moi : lecture croisée de Chögyam Trungpa et de Jacques Lacan ».

Fabrice Midal est docteur en philosophie, éditeur, bien connu du monde bouddhiste pour être un de ses représentants francophones les plus novateurs, dans son interrogation constante de la tradition du dharma à la lumière de la philosophie et de la poésie. Auteur de nombreux ouvrages dont « Quel bouddhisme pour l’Occident ? », Seuil, 2006, il a fondé l’association Prajña & Philia où il enseigne la méditation. Il éclairera la notion de moi : « L’ego au sein du bouddhisme. Structure d’une illusion ».

Pierre Sullivan est membre titulaire de la prestigieuse Société Psychanalytique de Paris, institution fondée en 1926 du vivant de Freud et avec son appui. Maître de conférence à l’Institut de Psychologie de l’Université Paris V René Descartes, où aura lieu le colloque, il est également directeur de la revue La Psychiatrie de l’Enfant. Il illustrera cette formule : « Moi, Moi, Moi » en montrant comment la psychanalyse freudienne permet un dépassement de cette instance nécessaire mais trompeuse qu’est l’ego.
 
Jean-Jacques Tyszler, dernier mais non des moindres d’une liste d’intervenants reconnus dans leur domaine, est psychanalyste, psychiatre, président de l’Association Lacanienne Internationale, la plus grande école française issue de l’enseignement de Lacan. Il a pour tâche de rendre audible la pensée analytique parfois méconnue sur la question du sujet : « Y a-t-il un sujet de l’Inconscient ? Sujet dénaturé par la pulsion, sujet divisé par le fantasme ou objet cause du désir… ».
 
Ce moment fort de l’année 2010 est ouvert à tous, et n’est à rater sous aucun prétexte. Les lecteurs de la rubrique Psychologie & Méditation y retrouveront nombre des sujets qui leur tiennent à cœur, dans une réflexion conjointe entre bouddhisme et psychanalyse. Soulignons à nouveau que c’est une opportunité unique à ce jour pour la pensée, une grande première dans l’Hexagone, dont on peut souhaiter que l’initiative sera reprise par d’autres et engagera véritablement une mise en lumière de ces deux traditions, dans le respect de leur différence.

Nicolas d’Inca

 
cf Michel Cazenave in Bouddhisme Actualités N°118 « Un autre visage de Jung » et N°119 « Jung et la spiritualité »
cf Fabrice Midal in B.A. N°121 « Le bouddhisme et l’amour », « L’amour n’est pas une relation subjective »
 
Colloque, infos pratiques

Au-delà du moi, la liberté ? aura lieu à l’Institut de Psychologie Henri Piéron (Université Paris V, Boulogne-Billancourt) le samedi 27 novembre 2010. Frais de participation 15 euros. L’association de psychologues Jeunes&Psy, qui organise cette journée, tient un blog où se trouve un dossier thématique sur le colloque :http://jeunes-psy.blogspot.com Leur partenaire principal est Philosophies.tv où l’on trouve des interviews de Michel Cazenave, Jean-Luc Giribone, Fabrice Midal, et la vidéo de présentation de la rencontre. Pour tous renseignement ou inscription : Anne-Céline Karli, 23 rue du Rendez-Vous, 75012 Paris ou sur l’email : jeunes.psy@gmail.com



Où en est la psychanalyse ?
 Claude Boukobza (dir.)

Voici un ouvrage conséquent qui examine les engagements de la psychanalyse dans le monde moderne et offre des voies d'approche et des solutions constructives. Les textes qui le composent sont issus pour partie du premier congrès d'« Espace analytique, psychanalyse et figures de la modernité », qui s'est tenu à Paris en novembre 1998.

Après cent ans d'existence et des résultats cliniques revendiqués, la psychanalyse fait l'objet d'un constat contradictoire. Elle a pris une place importante dans notre vie quotidienne et imprègne nos manières de penser les plus courantes. Mais elle est en même temps menacée par la montée de nouveaux discours qui se réclament d'une plus grande scientificité. Elle est ainsi mise en concurrence avec, d'une part, la psychologie expérimentale, et de l'autre, avec la neurobiologie et les progrès des traitements chimiques.

Ce livre tente de donner une nouvelle définition du rôle spécifique de la psychanalyse, de ses enjeux et de sa politique dans des domaines extrêmement variés de la vie sociale et intellectuelle contemporaine. Ainsi, l'emprise de l'économie néo-libérale sur le fonctionnement psychique de l'individu est largement abordée. Christophe Dejours met en lumière l'existence de stratégies collectives de défense contre « l'aliénation culturelle » et les contraintes accrues de rentabilité au travail.

La psychanalyse ne se diffuse d'ailleurs pas sans malentendu dans la culture. « En quoi la psychanalyse, par sa présence dans les médias, peut-elle jouer un rôle dans la prévention de troubles psychiques et psycho-sociaux ? », demande Mahaut-Mathilde Nobécourt. Les analystes, selon elle, ont une place à occuper sur ces terrains, notamment celui de l'édition, car l'attitude qui consiste à exiger que les gens cherchent des réponses en eux-mêmes et non dans les livres est aujourd'hui impossible à tenir.

L'hommage rendu à Maud Mannoni dans cet ouvrage évoque l'importance de l'engagement social du psychanalyste, et rappelle que, pour la fondatrice de l'Espace psychanalytique, la psychanalyse devait « se réinventer continuellement » et qu'il ne fallait « jamais renoncer à faire valoir ses idées si l'on y croyait ». C'est cela la psychanalyse.

Co-Auteurs : Daniele ALEXANDRE-BIDON - Marie ALLIONE - Claude ALLIONE - Eliane ALLOUCH - Paul-laurent ASSOUN - Jean-paul AUBEL - Xavier AUDOUARD - Christine AUGUIN - Gabriel BALBO - Stella BARUK - Florence BENAVIDES - Catherine BERGERET-AMSELEK - Jean BERGES - Joao BIRMAN - Catherine BRUN - Gisele CHABOUDEZ - Christine CHAUMON - Lynda CHOSIDOW - Mireille CIFALI - Abram COEN - Fanny COLONOMOS - Anny COMBRICHON - Arlette COSTECALDE - Chandra COVINDASSAMY - Marcel CZERMAK - Didier DAVID - Benedicte DE BOYSSON-BARDIES - Christophe DEJOURS - Patrick DELAROCHE - Jean-toussaint DESANTI - Judith FEHER-GUREWICH - Jean FLORENCE - Marie-claude FOURMENT-APTEKMAN - Ignacio GARATE MARTINEZ - Francoise GERBER - Genevieve GIRET - Andre GREEN - Jacques HASSOUN - Elizabeth LALEVEE - Jean-pierre LEBRUN - Brigitte LEMERER - Marie-jose LERES - Guy LERES - Jean-marc LEVY-LEBLOND - Joyce MCDOUGALL - Ginette MICHAUD - Jeanne MOLL - Claude MONNERET - Regine MOUGIN-LEMERLE - Mahaut-mathilde NOBECOURT - Maria-izabel OLIVEIRA-SZACENKOPF - Daniel OPPENHEIM - Jean OURY - Helene PETITPIERRE - Jean PLISSONNEAU - Michel PLON - Jean-jacques RASSIAL - Sarah RAYR-SALOMONOWICZ - Reine REBECCA WILIN - Catherine SALADIN - Jacques SALIBA - Guy SAPRIEL - Monique SCHNEIDER - Martine SGAMBATO - Daniel SOULEZ-LARIVIERE - Octavio SOUZA - Bernard TOBOUL - Michel TORT - Rene TOSTAIN - Cosino TRONO - Catherine VANIER - Alain VANIER - Eduardo VERA OCAMPO - Hector YANKELEVICH -



Les travailleurs sociaux, futurs chantres des économies d'énergie auprès des démunis 
Mis à jour le 02.09.10

Pour mieux former les publics en difficulté à la lutte contre la précarité énergétique, 30 000 travailleurs sociaux de la fonction publique territoriale seront formés aux économies d'énergie et "aux gestes du développement durable", à partir de janvier 2011.

Valérie Létard, secrétaire d'État auprès du ministre de l'écologie, a annoncé la signature d'une convention avec l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) et le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT) à l'automne, lors d'un forum consacré au "développement durable, créateur de lien social", mardi 31 août à Bordeaux. 3,4 millions de ménages français consacrent plus de 10 % de leur revenu aux factures d'énergie, rappelle Mme Létard – assistante sociale de formation –, qui inscrit cette nouvelle mesure dans le cadre du Pacte de solidarité écologique.

Accueillie positivement sur le principe, cette mesure laisse cependant sceptiques certains acteurs sociaux. Du côté associatif, le délégué général de la Fondation Abbé-Pierre, Patrick Doutreligne, craint que l'on ne se contente d'apprendre à gérer la précarité. "Si c'est pour dire "dites-moi ce qui vous manque, je vous apprendrai à vous en passer, cela ne va pas", dit-il. Sans mésestimer l'annonce gouvernementale, M. Doutreligne préférerait des mesures "plus efficaces". L'État doit se montrer plus contraignant envers les propriétaires en les obligeant à rénover les logements, estime-t-il : "Le vrai problème, c'est comment lutter contre les passoires thermiques qui sont habitées dans leur grande majorité par les personnes aux revenus les plus modestes."

Apprendre aux ménages en difficulté à "laver son linge à 40°C en programme court (180 euros d'économie annuelle), à couper son ordinateur (30 euros d'économie) ou son téléviseur (55 euros)", comme le détaille le ministère, fait sourire Évelyne Rossignol, assistante sociale en Indre-et-Loire. "Les familles en grande difficulté ne disposent pas de nombreux appareils électriques, avance-t-elle. Et on peut leur demander ce que l'on veut, ce n'est pas forcément leur priorité."

Un avis partagé par le secrétaire général de FO fonction publique territoriale, Didier Rosez. "Parler d'économie d'énergie à celui qui peine à boucler son budget, ce n'est pas gagné", juge-t-il. Pour le syndicaliste, "évoquer la précarité énergétique, ce n'est pas vraiment le coeur de métier des travailleurs sociaux, surtout avec la crise".

Les syndicats dénoncent aussi la volonté de l'État de se défausser de ses responsabilités sur les collectivités territoriales. Le coût de la formation, d'une durée de deux à trois jours, sera pris en charge par le montant de la cotisation versée par les collectivités locales au CNFPT. Le secrétaire général de la CGT fonction publique, Baptiste Talbot, doute aussi : "Le gouvernement cherche plutôt à restreindre les moyens des collectivités territoriales, dit-il. Si la mesure peut être intéressante pour les familles, ce n'est pas en supprimant des postes, comme cela se fait, qu'on la mettra en pratique."





Une association proche de la scientologie attaque la psychiatrie

Mardi soir, deux membres de la Commission des Citoyens pour les Droits de l’Homme (CCDH) se sont installés à la station de métro « Saxe-Gambetta ». Leur but : dénoncer les abus psychiatriques. Une action qui se répétera durant tout l’été sur Lyon.

Ce mardi, l’association anti-psychiatrique a pris ses quartiers dans le troisième arrondissement, à la rencontre des lyonnais. Certains d’entre eux se sont montrés très intéressés par la question de l’utilité de la psychiatrie, se montrant toutefois sceptiques vis-à-vis de la psychiatrie.

En effet, la CCDH est une organisation contestée par la ligue des Droits de l’Homme, puisque co-fondée aux États-Unis en 1969 par l’Eglise de Scientologie. La CCDH « dénonce les atteintes aux droits de l’homme dans le domaine de la psychiatrie et de la santé mentale. »

A travers les tracts, les militants accusent la psychiatrie et l’industrie du médicament « d’un complot international », qui se refléterait à Lyon dans les hôpitaux de Vinatier et de Saint-Jean-de-Dieu.

« Pour les droits de l’homme en France ! » pouvait-on entendre de leur bouche. Des passants intrigués interrogent le président de l’association à Lyon, Jean-Paul-Blanc : « En quoi les psychiatres attaquent les droits de l’homme ? Les psychiatres, ils sont là pour aider les gens, ils aident aussi les gens ! » Gêné, Jean-Paul Blanc tente de répondre : « Ceux qui se plaignent disent que non ! » « Eh bien, il faut aller en voir d’autres, il y en a qui soignent, c’est comme partout il y en a des bons et il y en a des mauvais » rétorque une passante. « Bien sûr, tout à fait, c’est vrai, »s’incline J-P. Blanc avec un sourire embarrassé. « Moi ce qui me gêne, c’est le rapport entre la Scientologie et votre association » avoue un intéressé. « Vous ça vous gêne, moi non !

Mais pourquoi cette association rejette-t-elle la psychiatrie ?

Dans la lignée de Ron Hubbard, fondateur de la Scientologie, l’association considère la psychiatrie comme une « industrie mortuaire » « La psychiatrie est la plus grande fraude de tous les temps. C’est aussi la plus dangereuse, » indique dans une revue de l’organisation, Jan Eastgate, présidente de la CCDH internationale et... membre de la Scientologie. Dans une revue de la CCDH, un lien direct est fait entre la criminalité et la psychiatrie : « Les traitements psychologiques et psychiatriques favorisent la criminalité » à travers les médicaments comme les antidépresseurs. Jan Eastgate continue son argumentation en assimilant terrorisme et pratiques psychiatriques sur le site psychassault.org (site web proche de la Scientologie) : « Le terrorisme pour nous, n’est rien d’autre que le produit d’individus fous, et qu’avec ces fous, sont véhiculées des intentions tout aussi folles [...] Ces gens sont manipulés par des techniques psychiatriques ou psychologiques qui sont destinées à obtenir un contrôle du comportement et du mental. » Les médicaments tels que les tranquillisants, les antidépresseurs ou les sédatifs agissent, selon l’association, comme des drogues illégales sur le comportement humain entraînant des modifications dans notre façon de penser, de voir ou de sentir. Un propos qui ne colle pas forcément avec la réalité scientifique.

« Avec la psychiatrie, on obtient des résultats »

Max Lafont, président du Groupement des Psychiatres Libéraux Rhône-Alpes et psychiatre à Lyon, entend rétablir quelques vérités scientifiques.

Entretien.

LyonCapitale : Selon la CCDH, les électrochocs constituent un danger pour le patient atteint d’une maladie mentale, avec des conséquences irréversibles. Ont-ils raison de dénoncer cette pratique ?

Max Lafont : Il y a eu plusieurs phases dans l’histoire. Aujourd’hui, la communauté des psychiatres a cerné que la sismothérapie (traitement par électrochocs, NDLR) était efficace contre les troubles de l’humeur. Ceux qui la pratiquent, utilisent l’anesthésie. Aussi, la décharge électrique n’est plus utilisée sur les deux lobes du cerveau mais sur un hémi-cerveau car les conséquences pouvaient être des troubles du cerveau, réversibles avec le temps. La pratique est efficace mais la sismothérapie doit se faire avec des indications précises et une surveillance sérieuse. La communauté des psychiatres fait consensus sur les résultats probants de la sismothérapie sur les troubles de l’humeur. Pour inverser l’argumentation, on peut faire plus de mal en donnant de façon inappropriée certains médicaments psychotropes qui ne conviennent pas à des personnes atteintes de troubles de l’humeur, et surtout en ne les soignant pas du tout, qu’en pratiquant la sismothérapie à bon escient.

Les hôpitaux, comme le Vinatier, abusent-ils de cette pratique ?

La pratique est assez limitée puisqu’il faut mobiliser un anesthésiste, du matériel de pointe, etc. Même si je n’y exerce plus, je sais que dans un établissement public comme au Vinatier, la pratique reste très limitée. Il faut souligner le fait que des confrères ont eu des résultats avec la sismothérapie et aujourd’hui ils défendent la méthode. J’ai une patiente qui était atteinte de troubles de l’humeur et du sommeil. Je ne savais plus quel traitement lui donner. Elle a demandé à aller en clinique et on lui a proposé deux séries de plusieurs chocs. En sortant, je dois reconnaître qu’elle allait très mal, j’étais inquiet... Mais après une période de deux à trois mois, après la sismothérapie, elle a totalement changé avec la disparition des symptômes et une restriction du traitement médical. Après je ne peux pas faire une corrélation scientifique absolue entre le passage en clinique et sa transformation mais il y a un lien. Comme beaucoup de psychiatres, je reste humble et circonspect sur la sismothérapie. On fait confiance.

Concernant les antidépresseurs, selon l’association, ceux-ci attaqueraient le cerveau entraînant la dégénérescence des neurones, le transfert entre neurones ne se feraient plus, à la manière d’une lobotomie chimique...

C’est un raccourci très simpliste et faux... Déjà, il y a plusieurs sortes d’antidépresseurs qui agissent sur la sérotonine et d’autres neurotransmetteurs. Certaines recherches prouvent justement que les antidépresseurs ont des effets neuroprotecteurs. Je prends l’exemple du lithium qui n’est pas un antidépresseur mais qui agit également dans la neuroprotection. A forte dose, le lithium est toxique, et son maniement est complexe mais les recherches les plus récentes montrent que c’est un probable neuroprotecteur qui sera certainement administré plus tard dans les maladies dégénératives telle que la maladie d’’Alzheimer.

D’après l’association, la psychiatrie guérirait seulement 1% des cas...

Là où je serais peut-être d’accord avec l’association, c’est qu’on est en déficit de bonnes évaluations et de statistiques mais on est à un pourcentage bien plus élevé que 1% ! On a des résultats et cela mérite d’aller encore plus loin. La psychiatrie a encore beaucoup de progrès à faire. On a une meilleure connaissance sur les troubles bipolaires qui se guérissent plutôt bien. Les antidépresseurs et la neuroclinique, comme avec le lithium, sont efficaces. La plupart du temps ça marche mais il faut associer la chimiothérapie avec une psychothérapie plus ou moins importante selon les troubles névrotiques. Il faut soigner dans le soutien et la régularité pendant une longue période. Généralement, on a affaire à des maladies à vie que l’on arrive tout de même à stabiliser. Certains patient atteints de troubles viennent me voir une à deux fois par an et sont "biens" depuis vingt ans.

Bastien Gouly




Une étonnante molécule antalgique et antidépressive

Si les espoirs fondés dans une nouvelle molécule découverte par des chercheurs de l’Institut Pasteur/CNRS ne sont pas déçus, un grand pas sera fait dans la thérapeutique. Catherine Rougeot et son équipe ont constaté le double pouvoir antalgique et antidépresseur d’un messager hormonal existant chez l’homme : l’opiorphine. Les résultats de cette recherche font l’objet de deux articles dans le « Journal of Physiology and Pharmacology ».


L’OPIORPHINE est en fait connue depuis 2006, grâce aux travaux de François Rougeon, à l’Institut Pasteur. Mais la recherche récente de C. Rougeot, associée à l’équipe de neuro-psychopharmacologie ETAP-Ethologie appliquée (Vandœuvre-lès-Nancy), a porté sur l’évaluation des activités de cette molécule. Les travaux ont été menés chez l’animal. L’équipe a constaté, in vivo, que, à doses égales, l’opiorphine possède une activité analgésique égale à celle de la morphine. Elle était testée tant sur des douleurs thermiques que mécaniques, toniques que chroniques. Mais surtout, par rapport aux opiacés classiques, cette nouvelle molécule ne crée guère d’effets secondaires. Il a été constaté une faible accoutumance, l’absence de constipation et un pouvoir addictif très réduit.

Aussi efficace que l’imipramine.


Heureuse surprise également du côté de l’action antidépressive. Toujours chez l’animal, à doses similaires, l’opiorphine s’est montrée aussi efficace que l’imipramine. Ici, aussi aucun des effets indésirables des antidépresseurs n’a été mis en évidence, notamment pas d’hyper-excitation, ou d’action sédative, pas d’atteinte de la mémoire à long terme.

L’intérêt thérapeutique de la molécule est important. Comme le rappellent les chercheurs, un état dépressif peut majorer la sensibilité à la douleur et, à l’inverse, une pathologie douloureuse chronique peut faire survenir un syndrome dépressif. Pour parvenir à obtenir cette double action à terme, C. Rougeot et coll. travaillent sur l’opiorphine de synthèse qu’ils ont produite. Leur objectif est de la rendre plus stable, d’en augmenter la biodisponibilité, ainsi que la durée d’action. Ce n’est qu’une fois ces étapes franchies que des essais cliniques pourront être envisagés.

› Dr GUY BENZADON


« Journal of Physiology and Pharmacology », 2010, 61(3): 355-362 et 61(4): 483-490.

Quotimed.com, le 02/09/2010




Les collectivités invitées à participer aux groupements de coopération en psychiatrie
publié le 02 septembre 2010

Dans le cadre de la mise en œuvre des dispositions de la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST) du 21 juillet 2009, la direction générale de l'organisation des soins du ministère de la Santé lance une expérimentation portant sur la constitution de groupements de coopération en psychiatrie. Ces groupements sont une forme particulière des groupements de coopération sanitaire, dont le rôle et les modalités ont été revus par la loi HPST (voir nos articles ci-contre). L'objectif de l'expérimentation des groupements de coopération en psychiatrie est de tester la capacité de ces derniers à assurer la coordination des différents professionnels parties prenantes à la prise en charge des personnes souffrant de troubles mentaux, afin d'améliorer la réponse aux besoins et la lisibilité du parcours de soins pour les patients et les familles, comme pour les professionnels.
Le cahier des charges de l'expérimentation recommande de définir un territoire d'une dimension suffisante pour mettre sur pied une coopération entre les acteurs sanitaires et les acteurs sociaux, et notamment le conseil général et la maison départementale des personnes handicapées. De façon plus générale, le cahier des charges appelle à associer l'ensemble des acteurs, y compris les collectivités territoriales, et à veiller à l'implication de ces dernières. Certes les collectivités n'ont pas de véritables compétences en matière de santé mentale, mais les points de rencontre sont nombreux (et les relations parfois difficiles) : dimension sociale dans la souffrance psychiatrique et vice-versa - notamment chez les personnes en situation d'exclusion ou d'errance (voir notre article ci-contre du 11 janvier 2010) -, frontière parfois ténue entre handicap mental et maladie mentale, problème de la prise en charge psychiatrique de certains enfants relevant de l'aide sociale à l'enfance... 
Pour l'expérimentation, le cahier des charges retient trois thèmes prioritaires : l'organisation de la réponse aux situations d'urgence et de crise (y compris la question des soins sans consentement), la coordination entre l'offre hospitalière et les médecins généralistes et spécialistes et, enfin, l'articulation entre les acteurs du champ sanitaire et ceux du champ médicosocial. Le cahier des charges laisse également la porte ouverte - en plus des thèmes prioritaires et "en fonction de considérations locales" - à des expérimentations portant sur d'autres aspects de la santé mentale : personnes âgées, adolescents, addictions, accès aux soins et suivi des patients précaires. Chaque expérimentation sera mise sur pied à partir d'une concertation préalable entre tous les acteurs concernés et un coordonnateur sera nommé pour en assurer l'animation. Une fois le projet validé par le comité de pilotage national et la convention constitutive du groupement signée, les membres du groupement procéderont à un état des lieux sur les coopérations existantes, puis assureront une évaluation des actions menées à la fin de chacune des deux années suivantes. Le cahier des charges prévoit une remontée des dossiers, validés par les agences régionales de santé, en novembre 2010, pour un début effectif des expérimentations en janvier 2011.

Jean-Noël Escudié / PCA




Les Métamorphoses de Tintin

Livre pionnier, écrit en 1984, soit un an après la mort de Hergé, et fréquemment réédité depuis, Les Métamorphoses de Tintin constituent la première étude critique des 22 albums canoniques des Aventures de Tintin. Puisant à la psychanalyse, à la sémantique et à la critique littéraire, Jean-Marie Apostolidès se livre à une enquête passionnante sur l'histoire de Tintin. D'où vient-il ? A-t-il seulement une famille ? Et des opinions politiques ? Quels sont ses rapports avec les femmes ? Comment Tintin vieillit-il ?
 
A ces questions, et à beaucoup d'autres, ce livre répond, pour le plus grand bonheur des tintinologues de 7 à 77 ans. Où l'on voit se dessiner peu à peu, derrière la figure militante de l'adolescent des années 30, un Tintin plus sceptique et tolérant qui, ayant rétabli la justice au bout du monde, abandonne son obsession du Bien et se retire à Moulinsart en compagnie d'un marin épris de boisson et d'un vieil original qui cultive son jardin...






La loi de bioéthique est sur les rails

Le projet de révision de la loi bioéthique de 2004 devrait être présenté au conseil des ministres, fin septembre. « Rien n’est encore inscrit dans le marbre », indique-t-on au ministère. Le texte doit, auparavant, obtenir l’aval du Conseil d’État. Le début de son examen au Parlement est prévu en novembre. L’anonymat du don de gamètes pourrait être partiellement levé avec la possibilité pour un enfant issu d’un tel don d’accéder, à sa majorité, à des« données non identifiantes ». L’identité du donneur, s’il y consent, pourrait même être communiquée. L’assistance médicale à la procréation serait également ouverte aux couples hétérosexuels pacsés (donc sans condition de durée de vie commune). Le texte maintiendrait le principe de l’interdiction de la recherche sur l’embryon avec son régime d’autorisations dérogatoires. Le moratoire de cinq ans instauré par la loi (qui devait arriver à échéance en février 2011) serait toutefois abandonné. Autre nouvelle piste : autoriser le don croisé d’organes, pratique qui élargit les possibilités de dons du vivant. Le don d’organe du vivant, pratiqué en France presque exclusivement pour le rein, reste minoritaire : seulement 5 % des greffes ont été réalisées grâce à des donneurs vivants en 2009.

› S. H.

Quotimed.com, le 01/09/2010




Spécialités cliniques, psychiatrie : l’UMESPE monte au front

À moins d’un mois des élections professionnelles en médecine libérale, l’Union nationale des médecins spécialistes conférés (UMESPE, branche spécialiste de la CSMF) place sa rentrée syndicale sous le signe de la défense des spécialités cliniques en général et de la psychiatrie libérale en particulier, discipline en« totale déshérence ». « Veut-on oui ou non sauvegarder les spécialités cliniques de proximité ? », interrogele Dr Jean-François Rey, président de l’UMESPE, qui précise que « si les pouvoirs publics voulaient la disparition de la psychiatrie libérale, ils ne s’y prendraient pas autrement ».

Face à ce « désinvestissement », l’UMESPE, consciente que le salut ne passe pas uniquement par des revendications tarifaires sur la valeur de l’acte (« le saupoudrage n’est pas la solution », résume le Dr Rey), avance plusieurs projets qui se veulent « pragmatiques » dans une situation financière tendue.

Outre la réforme à moyen terme de l’ensemble des consultations en trois ou quatre niveaux (CCAM clinique), qui consiste à refondre la grille tarifaire en rémunérant les actes cliniques en fonction de leur complexité et de leur durée, l’UMESPE défend l’expérimentation dès que possible de « contrats de santé publique » rémunérés avec des forfaits de bonne pratique clinique.Sur des thèmes « porteurs », décidés en lien avec les associations de patients, ces contrats permettraient d’améliorer l’accès aux soins et la coordination suivant un cahier des charges précis. Sur la psychiatrie, par exemple, l’UMESPE propose d’avancer, dans le cadre des conférences régionales de santé, sur quelques thématiques fortes – la pédopsychiatrie, la souffrance psychique au travail, des pathologies lourdes – et de solliciter directement les agences régionales de santé (ARS) pour obtenir des financements dédiés sur ces projets. « On peut imaginer la mise en réseau de spécialités cliniques permettant de garantir des délais de rendez-vous aux assurés sur un bassin entier de population », explique le Dr Rey, qui défend aussi la création de « maisons de spécialistes libéraux », à condition d’honorer le coût de la pratique et de la structure.

› C. D.

Quotimed.com, le 01/09/2010



PENSÉE

SÉMINAIRE


Et si Foucault n'avait pas tort ?


Publié le mercredi 01 septembre 2010 par Marie Pellen

RÉSUMÉ


Peut-on donner aujourd’hui raison aux thèses de Michel Foucault concernant le pouvoir psychiatrique ? Ce séminaire se propose d'offrir des regards croisés sur ses réflexions concernant la psychiatrie, en les confrontant aux exigences actuelles du soin psychiatrique. Chaque séance sera constituée d’une présentation d’un philosophe et d’un psychiatre sur un thème, et nourrie par des références bibliographiques. Un échange suivra les exposés. Le séminaire est destiné à un public large : étudiants et chercheurs en sciences humaines et philosophie (master 1 et 2), psychiatres et praticiens hospitaliers, psychologues, psychanalystes, internes de psychiatrie, ou à toute autre personne intéressée par ce thème.

ANNONCE

Direction scientifique :
Catherine Dekeuwer

Argumentaire

Peut-on donner aujourd’hui raison aux thèses de Michel Foucault concernant le pouvoir psychiatrique ? Ce séminaire se propose d'offrir des regards croisés sur ses réflexions concernant la psychiatrie, en les confrontant aux exigences actuelles du soin psychiatrique. Chaque séance sera constituée d’une présentation d’un philosophe et d’un psychiatre sur un thème, et nourrie par des références bibliographiques. Un échange suivra les exposés.

Le séminaire est destiné à un public large : étudiants et chercheurs en sciences humaines et philosophie (master 1 et 2), psychiatres et praticiens hospitaliers, psychologues, psychanalystes, internes de psychiatrie, ou à toute autre personne intéressée par ce thème.

Séances :
16 septembre de 18h à 20h.
La méthode Foucault
Dr Boulay et Catherine Dekeuwer

21 octobre de 18h à 20h.
La folie
Dr Giloux et Claude Olivier Doron

4 novembre de 18h à 20h.
Foucault et la psychanalyse
J. Lecaux et Elisabetta Basso

16 décembre de 18h à 20h.
La normalité
Dr Varagnat et Roland Chvetzoff

06 janvier de 18h à 20h.
La sécurité
Dr E. Venet et Arnaud Sourty

Pour tout renseignement, contacter catherine.dekeuwer@univ-lyon3.fr ou Eric Peyron sc@villadesroses.fr

Contact :
Valentina Tirloni
Coordinatrice scientifique
IRPhiL-Institut de Recherches Philosophiques de Lyon, Université Jean Moulin Lyon 3
18, rue Chevreul - 69007 Lyon
tél. 04.78.78.73.94 - fax 04.78.78.72.27, site : irphil.univ-lyon3.frvalentina.tirloni@univ-lyon3.fr

mercredi 1 septembre 2010




Manifeste pour l'adolescence
30.08.10

Banals mais sublimes, familiers mais inquiétants, tels sont nos adolescents d'aujourd'hui et de demain, d'ici et d'ailleurs... On dit les aimer, souvent ils nous intriguent et trop souvent, ils nous font peur. Les regards sur nos adolescents doivent être interrogés, l'évolution des savoirs et des manières de faire avec eux, aussi.

On dit, en effet, que c'est le plus bel âge de la vie, et c'est souvent ainsi. Pourtant, en même temps, on l'associe à l'ennui, à la révolte, aux transgressions, aux questionnements identitaires ou au besoin d'utopie. On l'oublie dès qu'on en est sorti, au moins en partie et dans ses aspects les plus spécifiques. Pourtant, on cherche à retrouver notre adolescence dès que l'occasion se présente, c'est le fameux "jeunisme" auquel on a du mal à échapper, si on en croit les magazines.

Fascination et répulsion semblent caractériser notre regard sur nos adolescents, rares et précieux, dans nos sociétés occidentales. Adolescents qui semblent très vite décevoir leurs parents quand ils ne se comportent pas comme eux l'imaginaient et l'avaient anticipé. On attend tant de nos adolescents que, forcément, ils nous déçoivent. Cela est pour moi une constatation quotidienne dans mes consultations avec les adolescents et leurs parents d'où qu'ils viennent que je recevais d'abord à la maison des adolescents de l'hôpital Avicenne, Casita, dans la banlieue parisienne et maintenant à la maison des adolescents de Cochin, la Maison de Solenn, au cœur de Paris.

Ici et là-bas, je constate que les adolescents consultent beaucoup avec des souffrances qui s'expriment par le corps, corps affamé dans l'anorexie-boulimie ou alourdi à l'extrême dans l'obésité, corps mutilé avec des attaques de toutes sortes sur son intégrité, corps mis en danger par des risques de toutes sortes. Que ce soit par la vitesse et les accidents qui en découlent ou par la prise d'alcool ou de toxiques qui les lancent dans des escalades effrénées à la recherche de sensations et plus tard d'anesthésie.

Les adolescents se soumettent à de rudes épreuves, à de véritables auto-sabotages de leurs désirs et de leur énergie de vie. Car c'est la vie même qui est en jeu dans les tentatives de suicide à l'adolescence (toujours aussi nombreuses en France), quand ce n'est l'avenir qui est attaqué et le lien à l'autre dans les phobies scolaires en augmentation dans toute l'Europe de l'Ouest.

Ces adolescents après un événement parfois minime survenu à l'école ou sur le chemin de l'école, parfois sans qu'aucun facteur déclenchant soit mis en évidence, n'arrivent plus à assumer leur statut de collégien ou de lycéen : l'angoisse les étreint à l'idée même de se préparer pour se rendre à l'école et ils sombrent dans les angoisses incommensurables, impossibles à maîtriser.

Les facteurs de ce désordre contemporain sont multiples, certains ont d'ores et déjà pu être identifiés comme les attentes trop importantes sur des adolescents vulnérabilisés par notre désir et nos attentes trop lourdes, des facteurs de vulnérabilité individuelle en particulier des garçons ou encore des facteurs pédagogiques avec des méthodes qui mettent en échec, de manière profonde, ces adolescents en quête d'une reconnaissance trop grande.

Mais d'autres paramètres restent à identifier et à analyser. Et l'on voit apparaître de nouvelles formes d'expression de la souffrance adolescente, qui constituent des voies de recherche actuelles tant les mécanismes sont encore mal connus. Les addictions à Internet chez des adolescents qui petit à petit se retirent de leur monde familial et scolaire pour s'enfermer dans leurs chambres rivés à leurs écrans dont ils usent et abusent pour ne plus penser et s'extraire de relations qui les blessent et perdent tout sens.

Ou encore, ces nouvelles formes d'anorexies prépubères qui touchent de très jeunes filles intelligentes et dynamiques qui n'arrivent pas à entrer dans la féminité et refusent toute forme sexuée.

Les adolescents consultent plus et tout particulièrement les garçons qui sont les plus vulnérables, comme le montrent toutes les études cliniques et les rapports sur la souffrance des enfants et des adolescents comme par exemple celui de l'Inserm de 2005, à l'exception de l'anorexie qui touche surtout les filles. Ils consultent plus parce que les besoins augmentent mais aussi parce que le recours à la pédopsychiatrie est plus aisé qu'hier.

Mais au moment où les adolescents, leurs parents ou les professionnels qui s'occupent d'eux sont enclins à demander de l'aide précocement et de manière le plus souvent adaptée, le paradoxe est complet : les structures susceptibles de les accueillir et de les aider affichent des délais d'attente de plus en plus longs, allant parfois jusqu'à plus de six mois, ce qui, à l'échelle d'un adolescent, n'a aucune signification.

Aujourd'hui, je ressens un sentiment d'ennui, de mal-être, de difficultés à trouver de la force en moi : dans six mois, ces prémices de la dépression souvent mal repérée à l'adolescence seront devenues des urgences avec un risque suicidaire dépassé et une perte de confiance en l'adulte à vous aider quand c'est nécessaire et vital. On pousse, à juste titre, à la détection précoce, mais ensuite on n'organise pas les systèmes d'accueil et de soins pour assurer des suivis adaptés, suffisamment longs et patients pour qu'ils modifient en profondeur le cours de la vie de ces adolescents.

Cela est particulièrement criant à l'adolescence comme le montre le dernier rapport du Conseil économique et social qui dénonce les délais d'attente en pédopsychiatrie ou comme l'avait montré le rapport de la Défenseure des enfants de 2007 sur la santé mentale des enfants et des adolescents. Il y a un paradoxe qu'il faut dénoncer avec vigueur entre les demandes de la société pour qu'on s'occupe de ses enfants et ses adolescents et le peu de moyens donnés à la pédopsychiatrie ces dernières années malgré les mobilisations collectives, les rapports, les études... Et aujourd'hui, on va même jusqu'à faire disparaître une de leurs porte-parole, la Défenseure des enfants...

De là vient mon intérêt pour m'engager dans ce champ de l'adolescence, pour participer activement à la réflexion de la clinique et de la société sur les nouvelles modalités d'approche de la souffrance à l'adolescence, sous toutes ses formes. Depuis quelques années en effet, avec l'aide de quelques aventuriers, je me suis engagée activement dans la construction de nouveaux dispositifs d'accueil et de soins des adolescents, en particulier dans ce que l'on appelle aujourd'hui les maisons des adolescents. Ces maisons ont pour principe de prendre en charge les adolescents dans toutes leurs dimensions somatiques, psychologiques, scolaires, éducatives, psychiatriques...

D'accueillir sans conditions les adolescents qui ne sont pas encore suivis, tous seuls ou accompagnés de leurs parents ou de l'école par exemple. Accueillir, mais aussi conseiller sur le plan juridique avec les points d'accès aux droits installés dans ces maisons des adolescents, "MDA" comme ils les appellent souvent, et ensuite orienter si besoin ou prendre en charge l'adolescent et sa famille.

Le deuxième temps est celui de la consultation individuelle ou familiale et, en fonction des lieux, des spécificités ont été développées : à la Maison de Solenn ou à Casita, il existe des consultations pédiatriques, gynécologiques, diététiques, sociales, psychologiques ou psychiatriques, mais aussi transculturelles pour les enfants de migrants, des consultations pour les mineurs étrangers isolés ou des consultations adoption internationale pour les enfants de l'adoption...

Mais aussi des groupes de parole pour les parents d'adolescents en souffrance, des groupes de frères et soeurs d'adolescents en souffrance... Et en fonction des besoins du contexte, d'autres consultations peuvent être développées. Enfin, vient la possibilité d'une hospitalisation à temps partiel ou pour la Maison de Solenn des lits d'hospitalisation. Mais reste un point supplémentaire qui caractérise l'adolescence et qui est largement utilisé dans les maisons des adolescents et tout particulièrement à la Maison de Solenn, pionnière en la matière : c'est la nécessité de passer par la créativité artistique pour accéder à ce qui est propre à l'adolescence, à savoir un besoin de chercher son être par toutes les voies possibles et l'art est un média privilégié.

D'où ces ateliers, musique, radio, slam, danse, écriture, lecture, ateliers philosophiques ou ateliers théâtre mais aussi les modes de réappropriation de soi que sont le sport, l'esthétique ou la cuisine. Ressentir, exprimer et rendre beau ce que l'on ressent, créer de nouvelles formes de soins et d'engagement dans le lien à l'autre, devient alors une nécessité lorsqu'on cherche la rencontre avec l'adolescent et sa transformation.

Il y a donc une nécessité d'inventer, d'innover, d'imaginer des manières de soigner qui s'adaptent aux adolescents et à leur temporalité, à leur subjectivité aussi. Vouloir, par exemple, faire des psychothérapies à l'adolescence sans prendre en compte ces caractéristiques intimes des adolescents et de leurs liens à l'autre est peine perdue.

Là aussi, il y a un défi à relever, un défi collectif, comme tous les grands défis qui changent les manières de penser et de faire de tous. C'est aussi un de nos axes de recherches actuels, ô combien nécessaire dans la mesure où très peu de travaux sont disponibles dans le monde sur ces soins de l'être à l'adolescence.

D'où la nécessité de réunir tous ceux qui vivent avec ces adolescents, qui les éduquent, qui les soignent quand c'est nécessaire et qui, tous, se soucient d'eux. Confronter les regards, essayer de comprendre leurs besoins et d'anticiper les nouvelles demandes. Apprendre d'eux aussi, se laisser toucher par eux et par leurs parents qui ont un métier difficile, celui d'être parents d'ados, une étape à inventer parfois dans le doute et la souffrance.

Car, autant on s'est intéressé, ces dernières années, à la parentalité au début de la vie des enfants, autant on a négligé la parentalité à l'étape adolescente. Comme si cela allait de soi, comme si l'essentiel était déjà joué. En observant le terrain et en convoquant professionnels et experts, on cherche à tirer des leçons pour agir. Certaines sont déjà connues, d'autres restent à analyser. Citons pêle-mêle : se souvenir qu'à l'adolescence tout est possible, tout est encore possible et qu'il faut donc ne pas renoncer à éduquer, à comprendre la souffrance, ne pas renoncer à consoler, soigner, ne pas renoncer à protéger. Les adolescents ont le droit à une première mais aussi une seconde chance, quand c'est nécessaire.

Se rappeler encore que punir de manière brutale et en ignorant la notion de développement de l'adolescent, punir sans éduquer, sans protéger, sans soigner d'abord et avant tout, c'est se condamner à la rupture des liens qui définissent l'humain, se condamner à la répétition du traumatisme et de la violence contre soi et contre les autres, se condamner à une société qui perdrait son âme en introduisant la violence au début même de la vie d'adulte.

La leçon encore des professionnels de terrain qui savent que bien traiter les adolescents et en particulier les plus vulnérables, ne pas mépriser leurs parents, en particulier les plus modestes, c'est prévenir au sens noble du terme, c'est éduquer, enfin c'est soigner, autant d'étapes vitales qui, en ces temps frileux, sont trop souvent ignorées ou dénigrées.

La leçon encore de la diversité des adolescents et des parcours à reconnaître et à accepter dans notre société multiculturelle qui n'accorde pas à tous ses adolescents les mêmes chances.
En effet, ayant appris mon métier de pédopsychiatre dans la banlieue parisienne, j'ai très vite été sensibilisée à la diversité linguistique des adolescents de notre société française, à la diversité de leurs histoires familiales et collectives mais aussi à l'impact de la grande histoire et en particulier de l'histoire coloniale sur leur destin de minorités en France.

Adolescents, ils le sont, d'abord et avant tout, Français aussi la grande majorité d'entre eux. Ils sont français et... autre chose parfois dans des identités complexes qui n'effacent pas l'histoire qui les a précédés et qui leur a légué une autre langue maternelle ou une autre couleur de peau que celle de la majorité. Et obliger ces adolescents à vivre dans une culture de retrait du monde, à rester aux marges, à effacer leur altérité a un coût psychique fort et un coût pour la société bien inutile à payer.

Leur donner une place active et créative au sein d'une société qui reconnaît tous ses adolescents et assume la question de la diversité est bien plus enthousiasmant. Ce modèle, par ailleurs, permet d'inclure plutôt que d'exclure ce qui, comme l'a si bien montré Barack Obama, est un facteur de cohésion sociale. La question culturelle doit sortir des banlieues pour s'inscrire dans le coeur des villes et de nos sociétés devenues, en France et dans toute l'Europe de l'Ouest, multiculturelles.

Et les adolescents par leur nécessité de se confronter aux normes et aux fondements mêmes du lien social et de la société nous le rappellent, en particulier les enfants de migrants, de couples mixtes, les enfants de l'adoption internationale... et tous ceux qui pour une raison ou une autre traversent des langues, des univers familiaux ou des mondes multiples. Ces adolescents nous obligent aussi à avancer dans la création d'imaginaires de la diversité si importants pour ne pas renoncer à changer le monde ou du moins son lien au monde dans sa diversité.

D'où l'importance de penser ensemble et de manière pluridisciplinaire pour, ensuite, pouvoir agir de manière intelligente et sensible, de manière individuelle et collective.

Docteur en médecine et en sciences humaines, professeur de psychiatrie à l'université Paris-Descartes, Marie-Rose Moro est chef de service de la Maison de Solenn-Maison des adolescents de Cochin (APHP, Paris). Elle est également chef de service à l'hôpital Avicenne (Bobigny). Son dernier livre paru est Les Ados expliqués à leurs parents (Bayard, 304 p., 18,50 euros).


PRESSES de l'EHESP
http://www.presses.ehesp.fr/sciences-humaines-et-sociales/collection-q-metiers-sante-social-q/Details/219/16/sciences-humaines-et-sociales/collection-metiers-sante-social/singuliers-generalistes.html

Singuliers généralistes
Sociologie de la médecine générale

François-Xavier Schweyer, Géraldine Bloy
Préface de : Claudine Herzlich

Chacun de nous connaît un médecin généraliste, en qui il peut trouver un interlocuteur privilégié pour ses soucis de santé. En tant que groupe professionnel pourtant, les généralistes ont longtemps été peu considérés dans notre système de soins et restent méconnus : que sait-on des façons d’être généraliste ? de l’évolution de la profession ? Souvent passionnés par leur métier vécu comme un engagement personnel, les médecins généralistes sont-ils satisfaits de leurs conditions de travail et de leur place dans la société ?
À partir d’enquêtes récentes, des sociologues expliquent ce que sont et font les généralistes dans leur cabinet, ils analysent les « flous du métier » et la place du généraliste dans un système de santé en transformation. Écrits dans un style accessible, ces travaux éclairent les dynamiques et les réformes d’une médecine générale aujourd’hui placée au cœur de l’actualité.

Géraldine Bloy est maître de conférences en sociologie à l’université de Bourgogne, LEG, UMR CNRS 5118.
François-Xavier Schweyer est professeur à l’EHESP et chercheur à l’ERIS, Centre Maurice Halbwachs, UMR 8097 CNRS-EHESS-ENS.

Avec les contributions de : P. Bail, F. Bouchayer, Y. Faure, G. Fernandez, P. Genest, A. Giami, P. Hassenteufel, C. Haxaire, N. Lapeyre, P. Laure, F. Le Borgne-Uguen, G. Levasseur, S. Pennec, M. Robelet, S. Rosman, A. Sarradon-Eck, J.-Y. Trépos.


Fonction publique : les syndicats veulent des mesures pour les non-titulaires
31.08.10

Les syndicats de fonctionnaires ont réclamé, mardi 31 août, à l'occasion de la présentation d'un rapport montrant que leur part dans les effectifs a augmenté en 2008, une série de mesures en faveur des non-titulaires. La proportion de non-titulaires est passée en dix ans de 14,4 % à 16,5 %, selon le rapport annuel sur l'état de la fonction publique 2009-2010, présenté mardi au Conseil supérieur de la fonction publique d'État.

Fin 2008, les trois fonctions publiques – Etat, hospitalière et territoriale – employaient 4,2 millions de fonctionnaires, 873 000 non-titulaires, 103 000 médecins, 56 000 assistantes maternelles et 46 200 ouvriers d'Etat. Dans la seule fonction publique d'Etat, le nombre de non-titulaires a augmenté de 12 581 en 2008, alors que 77 500 postes ont été supprimés. "Le rapport est très incomplet", car "incapable de dire la proportion de CDI parmi les non-titulaires", a réagi Anne Baltazar, secrétaire générale des fonctionnaires FO, qui réclame "un plan de titularisation, mais aussi des mesures de meilleur encadrement du recours aux non-titulaires". "Dans l'enseignement, on voit des contrats de dix mois, interrompus au moment des vacances scolaires par deux mois de carences, sans salaire", a-t-elle dénoncé. L'éducation nationale emploie 70 000 non-titulaires, dont la moitié sont des emplois permanents, a ajouté la même source.

Le président de la République s'était déclaré en janvier "prêt à envisager la titularisation progressive des contractuels" dans la fonction publique. "Les approches du gouvernement peuvent être pour une part d'entre elles assez conflictuelles" car "ils proposent ce qu'ils appellent un contrat d'opération", d'une durée "indéterminée, mais dont on sait que l'échéance pourra arriver sans délai, ni préavis", a indiqué Anne Féray (FSU).

Dans l'éducation, on propose "presque systématiquement" des mi-temps aux assistants, contre leur gré, avec des rémunérations faibles, a-t-elle souligné. La loi de 2005, qui prévoit une titularisation après deux périodes de trois ans, est très inégalement respectée, certains employeurs publics préférant mettre fin à la relation contractuelle avant l'échéance, souligne Mylène Jacquot (CFDT).




ACTUALITÉ TOURCOING

Psychiatrie : Claude Ethuin à la reconquête des territoires perdus
samedi 28.08.2010

Dans les locaux de l'association Nord mentalités, les personnes en souffrance psychique viennent reconquérir leurs « territoires perdus ».

Claude Ethuin, président de l'association Nord mentalités depuis 2003, est lui-même un ancien « usager » de l'hôpital psychiatrique où il a passé six ans. Sorti en est sorti en 1998, et c'est avec émotion qu'il confie : « J'avais deux sacs en plastique... l'un pour mes chemises, l'autre pour mes slips et rien d'autre... ». Rien d'autre, sinon une peur panique des transports en commun, et une désorientation complète : « Je ne savais pas où j'étais ». Des conditions de sa sortie, Claude n'a rien oublié.

Et c'est justement pour compenser ce manque de préparation à la sortie, qu'il décide de faire de la « reconquête des territoires perdus » son cheval de bataille. Car pour lui, c'est clair : « à l'époque, l'hôpital était un lieu où l'on perdait complètement ses repères, où la resocialisation était inexistante ». Les choses ont bien évolué depuis, et tout particulièrement depuis 2005, date où la loi a enfin reconnu le « handicap psychique » et permis aux usagers de faire entendre leur voix.

Claude Ethuin ne rate jamais une occasion de faire entendre la sienne : « Je représente les usagers dans les instances de santé publique et fais partie du conseil de surveillance de l'EPSM Lille Métrople Armentières pour vérifier si les droits des usagers et leur dignité sont respectés, et faire en sorte que l'hôpital devienne performant ».

Il en est bien convaincu : en mettant en place des activités pour sortir de l'isolement, et en favorisant l'accompagnement social et éducatif, toute personne retrouve ses « territoires perdus » et devient capable de vivre comme tout un chacun, Dès lors que la maladie est « stabilisée ». Et c'est dans cet objectif qu'il crée Nord mentalités. Un lieu où il n'est nullement question de la maladie, mais où chacun réapprend les gestes du quotidien à travers des activités comme l'atelier cuisine : « Lorsqu'ils arrivent ici après un long séjour à l'hôpital, ils ne savent plus prendre d'initiatives... Se nourrir consiste pour eux à ouvrir une boîte de raviolis et manger froid à même la boîte... ».

C'est donc un véritable atelier d'apprentissage, encadré par une animatrice, qu'il met en place dans sa structure. On y apprend à gérer le budget repas, à faire les courses, à composer un menu... D'autres activités sont mises en place, telles que les arts plastiques, la sérigraphie... Ce qui importe tout autant : faire redécouvrir ce que la société et la culture peuvent apporter de positif dans la vie des adhérents de son association. Pour cela, chaque semaine, une sortie est organisée, au musée des beaux arts, d'histoire naturelle, ou encore au zoo... Ici et ailleurs... à Paris, Bruges, Montreuil... Chaque jour de la semaine (sauf le lundi), la structure est ouverte de 14 h à 18 h, comme une fenêtre sur le monde, et permet à chacun de créer du lien et de connaître la joie simple mais si essentielle d'un moment de convivialité et de partage. • M. P. (CLP)

Nord mentalités, 37 rue Chêne Houpline, 59 200 Tourcoing, 03 20 11 12 76.



ACTUALITÉ TOURCOING

Psychiatrie : Vincent Holmes, chef de service« Ce qui change, c'est la répartition des tâches »


Vincent Holmes, chef de service tutélaire à l'Association de gestion des services spécialisés de l'UDAF, fait le point sur un arsenal législatif en évolution... > Les mesures de protection n'étaient pas remises en cause. Comment expliquez-vous une nouvelle loi sur le sujet ?

« Ce qui a justifié un remaniement de la loi, c'est d'abord un constat : le nombre considérable de mesures de protection mises en place en France depuis 1968. La loi n'avait pas été revue depuis trente ans... et les choses avaient beaucoup évolué depuis. Exemple : les hôpitaux psychiatriques ont fermé des centaines de lits... et des personnes internées depuis vingt ou trente ans ont été amenées à revivre au sein de la cité. Il fallait absolument s'assurer qu'elles seraient accompagnées dans leurs démarches et nommer un "tuteur "pour les représenter, ou un "curateur "pour les assister... »

> Voulez-vous dire qu'aujourd'hui, l'État est moins anxieux sur l'usage des aides sociales qu'il ne l'était jusque-là ?
« Pas du tout ! Ce qui change avec la nouvelle loi, c'est la répartition des tâches : si la personne souffre d'une altération de ses capacités mentales (médicalement confirmée par un médecin expert), c'est du ressort du procureur de la République qui saisit le juge des tutelles pour qu'une mesure adaptée à la situation, soit mise en place (sauvegarde de justice, tutelle, curatelle). Par contre, dans tous les autres cas (prodigalité... difficulté à gérer son budget, à payer son loyer...), ce sera désormais du ressort du conseil général, qui pourra mettre en place pour deux ans renouvelables, une mesure d'accompagnement social personnalisé (MASP)... Si la mesure d'accompagnement social personnalisé se solde par un échec, alors seulement, le dossier pourra être alors transmis au procureur de la République, qui pourra saisir le juge des tutelles, lequel pourra prononcer une Mesure d'accompagnement judiciaire (MAJ). »

> Peut-on dire que les modifications de la loi « profitent » aux bénéficiaires ?
« Sans aucun doute ! Une des mesures phare de la loi de réforme des tutelles, c'est la mise en place du "mandat de protection future ", qui permet d'organiser sa propre protection ou celle d'un enfant handicapé, en nommant à l'avance un tiers (le mandataire), chargé de veiller à ses intérêts, le jour où il ne pourra plus le faire lui-même.

En outre, la loi met en avant le principe de "subsidiarité ". Autrement dit, dans le cas d'une décision de protection judiciaire, l'exercice de cette protection est d'abord proposé à la famille et même aux proches (concubin... ami...).

Enfin, la mesure n'est prononcée que pour cinq ans et révisée par le juge. Selon l'évolution de la personne, il décide du maintien de la mesure ou au contraire d'une main levée, c'est-à-dire de mettre terme à la mesure judiciaire. »

> La modification de la loi a-t-elle eu des répercussions sur la mission et la fonction des délégués à la tutelle ?
« Le mandat est toujours le même, par contre, la loi "professionnalise "la fonction de délégué à la tutelle et instaure la fonction de "mandataire judiciaire "qui devient un professionnel de l'activité tutélaire, soumis à des conditions d'âge, de moralité et de formations certifiées par l'État.
 » • M. P. (CLP)
dimanche 29.08.2010

mardi 31 août 2010

Les déjantés du cinéma
http://dejantesducine.canalblog.com/archives/2010/08/28/18918392.html

Die ewige maske : premier film suisse vu dans le cadre de la rétrospective « L'ombre d'un doute ».  

Réalisateur : Werner Hochbaum

Durée du film : 85 minutes

Date de sortie du film : 1935

Avec : Mathias Wieman (docteur Dumartin), Peter Petersen (professeur Tscherko), Tom Kraa (docteur Wendt), Franz Schafheitlin (monsieur Negar), Olga Tschechowa (madame Negar), etc.

Avis de Nicofeel :

Réalisé par Werner Hochbaum en 1935, Die ewige maske est un thriller suisse qui traite de la psychanalyse. Librement inspiré d'un roman de Léo Lapaire, L'autre qui est en nous (titre français du film) débute par un plan séquence dans un hôpital avec la présentation des personnages, plan séquence se clôturant avec la chambre 112. Dans cette chambre 112, il y a le mourant, monsieur Negar. Le docteur Dumartin administre son sérum au mourant Negar, sans l'aval du professeur Tscherko, le chef de l'hôpital. L'échec des soins explique le départ de Dumartin et surtout les délires qu'il va vivre.

Très bien mis en scène, Die ewige maske est également marquant par une très belle photographie qui utilise à plein les possibilités du noir et blanc, à manière des impressionnistes, notamment lorsque Dumartin fait des rêves (cauchemars) ou se comporte comme un schizophrène. Plusieurs scènes demeurent remarquables comme lorsque Dumartin saute dans l'eau après avoir parlé à son reflet ou lorsqu'il rêve d'un autre endroit avec notamment des ballerines que l'on voit en transparence.

Le cinéaste Werner Hochbaum rend particulièrement bien à l'écran ce personnage de Dumartin  qui est en fait prisonnier d'un labyrinthe souterrain qui représente précisément son propre esprit et ses responsabilités dans le décès de Negar. Il y a beaucoup de passages avec des portes et des couloirs. C'est intéressant dans le cadre de la schizophrénie vécue par Dumartin. Derrière une porte, Dumartin trouve quelqu'un qui porte un masque (d'où le titre du film). Et évidemment derrière le masque il y a tout simplement Dumartin. Comme on peut s'en douter, la résolution de ce thriller ne peut se faire que dans la chambre 112, lieu du trauma.

Le film est également intéressant par ce qu'il évoque deux méthodes de pensée au niveau de la médecine qui se font concurrence. Le professeur Tscherko, qui représente un docteur de l'ancienne école, ne veut pas le changement. C'est la raison pour laquelle où il est de prime abord opposé à l'idée d'adopter le sérum du docteur Dumartin. Ce sont les jeunes loups, les docteurs Wendt et Dumartin, qui représentent non seulement la relève mais surtout l'avenir.

Bien que disposant de nombreuses qualités, Die ewige maske n'est pas parfait. On regrettera par exemple : l'utilisation des raccords avec l'utilisation de photogrammes ; l'annonce des docteurs au haut parleur avec un aspect robot un peu ridicule ; des acteurs souvent en sur-jeu et principalement celui jouant le professeur Tscherko qui est vraiment en roue libre.
Malgré tout, Die ewige maske est un film disposant d'un solide scénario, d'une belle mise en scène et d'un bon rythme.

Avis de Locktal :

Ce surprenant film de 1935, se présentant comme un huit-clos se déroulant uniquement dans un hôpital, tente de donner une illustration cinématographique de la psychanalyse.

Le réalisateur centre l'intrigue sur l'opposition entre la médecine traditionnelle, présentée comme dépassée, et la psychanalyse, science nouvelle qui en ressort grandie.

Die ewige Maske traite de la schizophrénie et narre les mésaventures de son héros, le docteur Dumartin, qui vient d'inventer un sérum pouvant soulager la souffrance de certains patients et qui souhaite l'expérimenter sur un cas condamné qui, après amélioration de son état, finira par succomber (on apprendra plus tard qu'il est mort d'une embolie). Après avoir été durement accusé d'incompétence par l'épouse du défunt, d'autant plus que le directeur de l'établissement n'avait pas autorisé l'utilisation du fameux sérum, notre héros, refusant d'assumer la responsabilité de son acte, devient schizophrène et se crée un double dont le visage est toujours revêtu d'un masque.

Sur ce canevas, après une impressionnante séquence d'ouverture en plan-séquence, Werner Hochbaum crée un univers paranoïaque oppressant qui entraîne le docteur Dumartin et le spectateur dans les dédales de l'esprit humain en utilisant des techniques expressionnistes (surimpressions, symboles,... ). La multiplications des portes (qui peuvent être vues comme les portes de l'esprit) renforce le côté psychanalytique du film.

L'univers mental, dans lequel le héros évolue et se cherche, est transcrit par des surimpressions et distille un climat mystérieux dans lequel l'esprit s'égare et où le docteur Dumartin est constamment emprisonné derrière des barreaux noirs qui strient l'écran.

Hochbaum entraîne le spectateur vers différentes pistes et multiplie les signes étranges, comme cette fameuse chambre 112, dans laquelle le patient du début est décédé (le plan-séquence d'ouverture se clôt d'ailleurs sur ce numéro de chambre) et d'où ressortira notre héros enfin guéri de ses troubles mentaux.

La psychanalyse une remise en jeu
Jean-Paul Matot, René Roussillon
PUF
http://questionspsy.leforum.eu/t3683-La-psychanalyse-une-remise-en-jeu.htm

Lorsque la pertinence et la cohérence de concepts psychanalytiques innovants, issus d’un dialogue constant — poursuivi sur une période de plus de trente ans — avec des champs cliniques variés, répondent aux préoccupations des cliniciens confrontés, dans leurs pratiques psychothérapeutiques ou institutionnelles, aux limites de leurs dispositifs dans le traitement des « cas difficiles », enfants ou adultes, cela vaut la peine d’un livre.
La relance des processus de symbolisation primaire comme traitement des souffrances narcissiques identitaires, la paradoxalité du jeu comme voie de dépassement des réactions thérapeutiques négatives, le paradigme du jeu comme nouveau fondement d’une théorie psychanalytique des dispositifs symbolisants, telles sont quelques-unes des « remises en jeu » que René Roussillon a déployées lors d’un cycle de séminaires remarquable qui s’est tenu à Bruxelles en 2008.
Des cliniciens chevronnés ont accepté de présenter et de discuter avec lui trois situations cliniques exposées avec clarté, honnêteté et rigueur, puis de s’engager dans leur publication. Ce dispositif, animé par Jean-Paul Matot, ouvre un véritable espace de travail où le lecteur, pris au jeu d’un va-et-vient entre théorie et clinique, se retrouve tantôt thérapeute pensant son patient, tantôt théoricien discutant les propositions de René Roussillon, et, au bout du compte, clinicien enrichi d’une véritable élaboration personnelle.

Table des matières
Préface, par Bernard Golse
Introduction, par Jean-Paul Matot
Un itinéraire psychanalytique. Entretien avec René Roussillon
La réflexivité, par René RoussillonAlexis et sa famille, par Sophie Matagne et Christophe du Bled
Discussion avec René Roussillon, Isabelle Duret et Jean-Paul Matot
Les souffrances narcissiques-identitaires, par René RoussillonCasser une chaise…, par Géraldine Castiau
Discussion avec René Roussillon, Jacqueline Godfrind et Jean-Paul Matot
Cadres et dispositifs, par René RoussillonSidney et la Contre-Allée, par Cathy Causanschi, Carmen Aballo, Valérie Baron, Catherine Vankelegom, Bernadette Haenecour, Sophie Bruyer, Anouk Poels, Nathalie Martin
Discussion avec René Roussillon, Nathalie Ferrard et Jean-Paul MatotTable-ronde : René Roussillon, Françoise Alonso, Édith Créplet, Nathalie Ferrard, Jacqueline Godfrind, Patrice Slinger, Jean-Paul MatotConclusions, par Marie-France Dispaux
Bibliographie, de René Roussillon

280 pages
25.00 €
ISBN : 978-2-13-058346-2
Collection "Monographies de la psychiatrie enfant"
N° d'édition : 1
Date de parution : 18/08/2010