par Olivier Monod publié le 27 novembre 2022
Plus de 1 000. Le nombre de patients en soins critiques positifs au Covid-19 a de nouveau franchi la barre symbolique du millier le 25 novembre. Dans son bulletin épidémiologique hebdomadaire du 24 novembre, Santé publique France a confirmé ce que l’on écrivait déjà le 18 novembre : la neuvième vague est là, dans l’indifférence générale. Le taux d’incidence s’établit à 327 cas pour 100 000 habitants sur sept jours, mais on rappelle que le nombre de tests ayant largement diminué (moins de 200 000 par jour contre des pics à plus de 2 millions en janvier 2022), cet indicateur n’est plus vraiment pertinent pour mesurer le niveau de circulation du virus.
Une mauvaise nouvelle pour l’hôpital dont les services pédiatriques sont déjà débordés par l’épidémie de bronchiolite et qui voient arriver celle de grippe. La pandémie de Covid-19 est un éternel recommencement. Le gouvernement fait le service minimum sur la prévention (pas de port du masque, pas de plan de ventilation), et le service public hospitalier, exsangue, repose sur un engagement formidable mais peu valorisé de ses personnels.
Pas un virus bénin
Face à cette situation, Santé publique France rappelle l’importance d’avoir un schéma vaccinal à jour, notamment pour les plus fragiles. Malheureusement, seuls 31,2 % des 60-79 ans ont reçu une dose datant de moins de six mois et 12 % des 80 ans et plus ont réalisé leur dernier rappel il y a moins de trois mois, rappelle l’agence publique dans son communiqué de la semaine.
Le Sars-Cov-2 n’est pas devenu un virus bénin. La moindre mortalité observée depuis 2021 est principalement due à l’effort vaccinal. Mais celle-ci protège aussi des autres conséquences, moins visibles, d’une infection par ce coronavirus.
On ne connaît pas encore tous les effets de cette maladie. Une récente étude, portant seulement sur 34 femmes enceintes, indique qu’un bébé dont la mère a été infectée pendant sa grossesse a des poumons plus petits que la moyenne. Des résultats à confirmer, bien sûr, mais qui contribuent à dresser le portrait d’un virus loin d’être anodin. D’autres résultats, plus établis, pointent déjà un risque plus élevé de maladie cardiaque même plusieurs mois après une infection.
Par ailleurs, une infection protège très imparfaitement d’autres infections graves à venir. Cela pourrait même être l’inverse. Aux Etats-Unis, le système de santé des vétérans de l’armée permet un suivi très fin d’un très grand groupe de personnes (mais majoritairement masculines, âgées, et blanches). Dans une étude statistique publiée le 10 novembre dans la revue scientifique Nature medecine, les auteurs montrent que «les personnes qui ont eu une réinfection présentent des risques accrus de mortalité toutes causes confondues, d’hospitalisation» mais aussi de problèmes pulmonaires et cardiaques.
Galaxie du variant omicron
L’étude de la transmission du Covid-19 a conduit les scientifiques à mieux comprendre la transmission par voie aérosol. Le journal The Lancet a même lancé une commission sur la qualité de l’air intérieur qui propose des recommandations pour diminuer le risque de contamination de toute maladie aéroportée à l’école, au travail ou dans les transports. Mais ces travaux rencontrent peu d’échos chez les décideurs français.
Comme souvent, depuis le début de l’épidémie, cette nouvelle vague s’accompagne de l’émergence d’un nouveau variant. Celui-ci, appelé BQ.1.1 est un descendant de la galaxie du variant omicron. Sa représentation continue d’augmenter dans les enquêtes lancées par Santé publique France. BQ.1.1 est passé de 29 % à 39 % des séquences interprétables entre fin octobre et début novembre. Comme toujours, ce nouveau variant progresse parce qu’il est capable d’éviter les défenses mises en place par le système immunitaire.
«Plusieurs études in vitro ont montré une diminution accrue de la neutralisation de BQ.1.1 par rapport à BA.5 par les anticorps post-infection et les anticorps post-vaccination de rappel avec un vaccin ARNm monovalent ou bivalent», note d’ailleurs Santé publique France dans son analyse de risque des variants publiée le 16 novembre. En France, comme dans le reste du monde, la circulation du virus continue largement et, avec elle, le processus d’évolution qui permet au Sars-Cov-2 de revenir régulièrement sur le devant de la scène sous la forme d’un nouveau variant.
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