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jeudi 18 mars 2021

Autotests du Covid-19 : cinq questions pour comprendre ce nouveau moyen de dépistage

Par   Publié le 18 mars 2021

Ce nouvel outil de dépistage du SARS-CoV-2 a été autorisé cette semaine en France, mais il pose déjà quelques questions, notamment sa fiabilité.

Les autotests par prélèvement nasal vont-ils changer la donne dans la lutte contre l’épidémie de Covid-19 ? Ce nouvel outil, autorisé mardi 16 mars par la Haute Autorité de santé (HAS), viendra bientôt compléter l’arsenal du dépistage du SARS-CoV-2. Grâce à ce test réalisable à la maison, dont le résultat apparaît en quelques minutes seulement – contre vingt-quatre heures d’attente au moins pour une RT-PCR en laboratoire d’analyses – les personnes infectées pourront s’isoler plus rapidement et ainsi réduire le nombre de contaminations.

Des autotests sont déjà disponibles depuis plusieurs semaines chez certains de nos voisins européens, notamment aux Pays-Bas, en Allemagne et en Autriche, ainsi qu’en Angleterre depuis quelques jours. En France, Jérôme Salomon, le directeur général de la santé, a annoncé dimanche 14 mars sur la chaîne BFM que les autotests pour le Covid-19 seraient proposés à la vente en France « dès cette semaine ».

Pourtant, de nombreuses questions restent en suspens : comment réaliser ces autotests et dans quel cas ? Sont-ils fiables ? Où seront-ils disponibles ? Seront-ils remboursés ? Tour d’horizon de ce que l’on sait (ou pas) pour le moment.

  • Comment réaliser un autotest ?

Ce prélèvement nasal est un test antigénique que l’on peut réaliser à domicile sans l’assistance de personnel de santé. Il s’effectue à l’aide d’un écouvillon adapté qu’on enfonce d’environ trois centimètres dans chacune des narines. Celui-ci nécessite d’aller moins en profondeur dans le nez que le prélèvement nasopharyngé pour les tests RT-PCR classiques, et se révèle moins désagréable.

Après avoir tourné le coton-tige cinq fois contre ses parois nasales, le patient doit ensuite tremper l’écouvillon dans un réactif – qui détecte la présence du virus du Covid-19 – avant de déposer quelques gouttes sur la barrette de résultat.

Son résultat se visualise à la manière d’un test de grossesse. Il apparaît en « vingt à trente minutes », a fait savoir mardi la présidente de la Haute Autorité de santé (HAS), Dominique Le Guludec. Certains autotests auront aussi un code QR qui devra être scanné avec un smartphone pour que le résultat s’affiche dans une application : cela doit faciliter le suivi et la traçabilité des personnes positives.

  • A qui s’adresse le test ?

Dans son dernier avis, la HAS estime que les autotests s’adressent principalement à « des personnes asymptomatiques (sans symptômes) de plus de 15 ans dans le cadre d’une utilisation restreinte à la sphère privée (avant une rencontre avec des proches…) »« Il n’y a pas de données d’efficacité chez les moins de 15 ans » pour le moment, précise Cédric Carbonneil, chef du service d’évaluation des actes professionnels de la HAS. L’autorité de santé conseille de réaliser l’autotest « le jour même ou, à défaut, la veille de la rencontre ».

La Haute Autorité de santé juge que les autotests peuvent également servir dans le cadre d’une stratégie de dépistage dans une entreprise ou dans une collectivité, comme alternative aux tests existants.

Si l’autotest antigénique se révèle positif, un test moléculaire RT-PCR doit impérativement être réalisé dans la foulée, a rappelé la HAS mardi. Cela doit permettre de confirmer que la personne est bien atteinte du Covid-19, de faire remonter l’information aux autorités – ce qui permet de tracer les cas contacts – et de caractériser le variant en présence.

  • Avec quelle fiabilité ?

En France, pour qu’un test antigénique soit autorisé par l’Agence des médicaments (ANSM) et le ministère de la santé, celui-ci doit afficher une sensibilité supérieure ou égale à 80 %. « Nous avons fixé ce seuil pour trier les bons et les mauvais tests », explique Cédric Carbonneil, chef du service d’évaluation des actes professionnels à la Haute Autorité de santé.

L’efficacité des autotests est de 80 % pour les personnes symptomatiques, mais descend entre 50 % et 60 % d’efficacité pour les asymptomatiques ou présymptomatiques, alors pourquoi les valider malgré tout ? « Ces tests sont moins fiables, mais leur plus grande acceptabilité par la population et le fait que l’on gagne en rapidité pour casser les chaînes de transmission, tout cela fait la différence », est persuadé le spécialiste. Le médecin fait enfin valoir que ces tests toucheront un nouveau public : des personnes précaires ou éloignées géographiquement du système de soins.

  • Quels sont les inconvénients de l’autotest ?

Mais la question du « tracing » avec l’autotest reste un problème pour le ministère de la santé : rien ne garantit que ces personnes positives feront le test PCR ou préviendront leurs contacts en cas de confirmation. Certes, des applications prévues par certains tests pourraient permettre à l’Assurance-maladie de tracer les cas positifs, mais quid des autres ?

« Il n’existe à ce jour aucune traçabilité opérationnelle pour les résultats des autotests antigéniques », s’inquiète l’autorité de santé, qui « recommande au ministère de la santé et aux fabricants d’autotests antigéniques SARS-CoV-2 de mettre en place les modalités de traçabilité les plus adaptées à ces enjeux ». 

Des erreurs peuvent également nuire au résultat final. Un prélèvement trop rapide peut par exemple le compromettre. Enfin, les professionnels de santé rappellent qu’un test négatif risque, sans les rappels des pharmaciens ou médecins, de faire baisser la garde sur les gestes barrières et la distanciation physique.

  • Où seront-ils disponibles ?

Seront-ils commercialisés en pharmacie, en supermarché, ou bien les deux ? Seront-ils remboursés à 100 % par l’Assurance-maladie ? Toutes ces questions doivent encore être tranchées par le ministère de la santé.

De son côté, le géant Carrefour a annoncé mercredi matin qu’un million d’autotests avaient été commandés pour ses parapharmacies et que les premières livraisons étaient attendues pour ce week-end. Son concurrent Système U a aussi manifesté son intérêt. Mais l’autorisation de ces canaux de vente, encore à confirmer par l’Etat, ne plaît pas aux pharmaciens.

Pour Philippe Besset, le président de la Fédération des pharmaciens d’officines, il faut encore poser un cadre avant l’arrivée de ces nouveaux tests, même s’il s’avoue impatient. « La liste des autotests agréés était encore vide jeudi matin, on ne pourra passer commande que lorsqu’on aura ces données », prévient-il.


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