Connue pour sa faculté à tourner sur elle-même sans relâche, la danseuse rencontre une chamane dans un mini-film de Rachid Ouramdane, visible sur le Web.
Lora Juodkaite tourne sur elle-même depuis qu’elle est enfant. Impossible de savoir quand, elle se rappelle juste avoir toujours tourné. Tous les jours, même malade ou fatiguée, parfois des dizaines de minutes, parfois à une vitesse qu’aucun athlète ou aucun mage ne pourrait égaler. Sa pratique n’est codifiée nulle part, dans aucun ballet d’opéra, ni aucun rite encore recensé. Il y a bien sûr les derviches tourneurs, et les rituels gnawas, mais rien à voir avec Lora Juodkaite qui, hors de quelque spiritualité instituée, s’est mise à s’enrouler sur elle-même pour accéder à une autre dimension du corps et de l’âme, plonger dans les abysses du mental, vers ce que les os profonds ont pu consigner - elle tourne, dit-elle, pour se «calmer».
Toupie
Aujourd’hui, alors qu’il dévoile un beau court métrage dans lequel danse Lora Juodkaite, Rachid Ouramdane raconte : «Jamais je n’ai cherché à nommer avec Lora sa pratique, à la classifier ou la circonscrire. Ce serait la limiter. On est souvent impressionné par la fulgurance de ses tours, mais ce qui est très intrigant, c’est qu’elle est comme dans l’œil du cyclone, dans un état de calme absolu, presque planant.» Elle dit parfois que ce n’est pas elle qui tourne mais que ça tourne autour d’elle. Cet état de conscience modifié, la façon dont il altère les sons, les lumières et stimule le souvenir, était au centre d’une autre pièce, Tordre, avec la danseuse Annie Hanauer. Dans le micro HF, Lora Juodkaite murmurait en tournoyant à grande vitesse : «Je cherche un endroit silencieux.» Un de ses plus beaux portraits, parmi ceux qu’a mis en scène Ouramdane.
Transe
Dans le noir on voit mieux de Rachid Ouramdane, dans le cadre de l’ADN Dance Living Lab, Visible sur YouTube.
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