Paris, le samedi 31 octobre 2020 - Dans la période bouleversée que nous vivons et face à l’avalanche d’informations et d’enjeux contradictoires, il est difficile de continuer à conserver une appréciation objective et rigoureuse des faits. Pourtant, plus que jamais, l’exercice de l’esprit critique est indispensable, qu’il s’agisse d’analyser les évènements mais aussi de nous méfier de nos propres réflexes. C’est le sens de cette longue démonstration médicale, sociétale et philosophique du docteur Marc Pilliot, Président de la CoFAM (Coordination Française pour l'Allaitement Maternel) de 2003 à 2011 et Co-fondateur de IHAB France (Initiative Hôpital Ami des Bébés).
Par le Dr Marc Pilliot
« L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit » (Aristote)
Au niveau du Savoir, il y a les choses que l’on sait, les choses qu’on sait qu’on ne les sait pas, mais malheureusement il y a aussi les choses qu’on ne sait même pas qu’on ne les sait pas. Pour progresser dans la Connaissance et pour vivre en société, nous avons besoin de confiance. « Toute société, toute culture est fondée sur les découvertes et les connaissances accumulées depuis des siècles. La société se construit à partir de notre confiance dans les avancées de notre Culture et grâce à notre capacité d’exploiter les connaissances produites par d’autres1 ». Ainsi, nous faisons confiance aux ingénieurs qui ont conçu notre voiture, au charpentier qui construit notre toit, au conducteur qui nous transporte dans un TGV, au médecin qui nous soigne, aux enseignants de nos écoles et de nos facultés. Dans la vie courante, pour prendre une décision, nous nous guidons en fonction de notre jugement et aussi selon les conseils d’autres personnes. Ainsi, nous accordons notre confiance aux informations que nous avons collectées et à leurs sources. Mais attention ! Les autres peuvent aussi nous tromper, par ignorance ou par malveillance. Il n’est pas prudent de toujours faire confiance « à l’aveugle ». Alors, si la confiance est obligatoire, la vigilance est tout aussi nécessaire, d’autant plus que les informations sont parfois très divergentes.
210 millions de références en 0,61 seconde
De tout temps, il y a eu des rumeurs, des vérités assenées par certains et rejetées par d’autres. Mais, dans notre monde moderne, nous sommes confrontés à une profusion d’informations faciles d’accès, partout et à tout moment. A titre d’exemple, recherchons sur Internet des informations sur « les masques de protection » : en 0,61 seconde, nous obtenons plus de 210 millions de références. Il y a de quoi déstabiliser toute personne cherchant une information. Par ailleurs, depuis plusieurs années, la recherche est d’autant plus difficile qu’elle peut être souvent parasitée par de fausses indications, par des « fake-news ». L’ampleur du phénomène est en rapport avec notre façon de « penser le monde » : tout ce qui provoque l’émotion capte beaucoup plus facilement notre attention, reste plus fortement marqué dans notre mémoire et sera ainsi plus largement partagé. De ce fait, sur les réseaux sociaux, les idées ayant un impact émotionnel négatif (peur d’une maladie, par exemple), ou celles ayant un effet de surprise, circuleront bien plus facilement que les idées fondées sur des faits objectifs et des preuves. La peur et le sensationnel sont des capteurs d’audience très efficaces et, avec le piège des fortes émotions, il devient facile de nous faire tomber dans l’irrationnel : c’est ainsi que nous sommes piégés et vite confrontés aux préjugés, aux convictions, voire aux idéologies. Ne soyons donc pas surpris que, avec la pandémie de la Covid-19, nous ayons basculé simultanément vers une nouvelle pathologie des Temps modernes, appelée par certains « infodémie », c’est-à-dire une dangereuse surabondance d’informations. En effet, pendant que le virus se répandait dans le monde, des messages inexacts et contradictoires ont proliféré sur les réseaux sociaux, provoquant ainsi de la confusion et des comportements irrationnels et inadaptés. Nous avons déjà vécu ce phénomène lors de l’épidémie du Sida (VIH) : à cette époque-là, les fausses informations ont alimenté le rejet social et la discrimination, empêchant parfois les personnes à risque d’aller vers les services de santé et de protection sociale.
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