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mardi 27 octobre 2020

CATHERINE DUFOUR : «IL FAUT ARRÊTER DE FAIRE DES CAUCHEMARS»

L'autrice publie deux livres : «l’Arithmétique terrible de la misère», recueil de nouvelles de science-fiction, et «Au bal des absents», un polar.

Catherine Dufour au festival Imaginales, le 16 octobre à Epinal.
Catherine Dufour au festival Imaginales, le 16 octobre à Epinal. Photo Emmanuel Pierrot pour Libération

Embouteillage du déconfinement… Deux livres de Catherine Dufour sortent en même temps. Elle en plaisante elle-même. L’Arithmétique terrible de la misère, écho à son précédent recueil l’Accroissement mathématique du plaisir (2008), réunit ses nouvelles de science-fiction publiées depuis dix ans, avec en cadeau une préface élogieuse d’Alain Damasio, son complice du collectif Zanzibar, et un texte inédit, glaçant, d’une serial killer qui séduit les hommes, les torture et tanne des bouts de corps en trophées pour agrémenter son intérieur («Coucou les filles»). Au bal des absents paraît dans une collection de polar, mais déborde largement du cadre : Claude, son héroïne de quarante ans, n’a pas de boulot, pas de mec et plus de toit. Cette femme banale va devoir choisir entre être aux prises avec des spectres ou avec le chômage, «autant vous dire qu’elle va choisir les spectres», dit son autrice, toujours le mot pour rire.

Pour cette inconditionnelle du Britannique Terry Pratchett, dont les Annales du Disque-monde se veut une satire du nôtre, son premier roman, Blanche Neige et les Lance-missiles (Nestiveqnen, 2001) se veut une parodie des contes de fées, et le début d’un cycle. Dans le genre SF, le Goût de l’immortalité (2007) représente le fascinant récit épistolaire d’une vie, et quelle vie, d’une très vieille dame en 2304. Entends la nuit (L’Atalante, 2018) s’empare du fantastique et du vampirique horrifique anti-Twilight, quand Ada ou la beauté des nombres (Fayard, 2019) répare l’absence d’une biographie française de la première informaticienne de l’histoire. Puis Catherine Dufour revient à la fantasy parodique dans Danse avec les lutins (L’Atalante, 2019), qui lui a valu le prix Imaginales du roman francophone qu’elle est venue chercher à Epinal samedi dernier. A chaque parution, cette informaticienne, qui monte des bibliothèques numériques le jour, se situe là où on ne l’attend pas, avec un humour caustique, un goût pour les causes oubliées et une vision acérée de l’humain demain. Rencontre.

Pourquoi une héroïne si peu glamour dans Au bal des absents ?

Claude est l’incarnation de la femme qui vit un certain nombre d’oppressions sociales. Elle arrive à survivre en louvoyant entre les obstacles et en devenant de plus en plus teigneuse. Si on connaît encore le nom de la mathématicienne Ada Lovelace (1815-1852), c’est parce qu’elle aboyait quand on essayait de lui voler son travail. Pour résister à la pression, il est important pour une femme de ne pas avoir un très bon caractère. J’essaie aussi de montrer que dans la vie, ne pas faire de vagues ne suffit jamais. Il faut rendre les coups. Si on n’a pas suffisamment d’importance à ses propres yeux, on n’en aura aux yeux de personne. Je me situe dans le droit fil de l’empouvoirement.

Est-ce du vécu ?

A vingt ans, j’étais très timide et toute mon évolution vise à faire la peau au syndrome de l’impostrice. Quand on nous propose un poste, beaucoup de femmes, et moi la première, se demandent : «En suis-je digne ? Suis-je compétente ?» Jamais un homme ne se pose ces questions-là, et avec raison. Virginia Woolf a tordu le cou à la fée du logis pour s’autoriser du temps pour écrire. J’essaye de tordre le cou au syndrome de l’impostrice.

On a déjà croisé Claude dans une nouvelle. Réutilisez-vous des personnages et des situations ?

Quand un point de vue me paraît intéressant, je creuse davantage autour. Dans une nouvelle liée aux prévisions du Giec (Nos Futurs, ActuSF), j’ai imaginé dans un Paris à moitié inondé puis à moitié cramé par la canicule l’existence d’enfants habitués à cette nouvelle jungle urbaine. Pour Futuribles, je l’ai écrit de la perspective de leur grand-mère qui, elle, a connu le monde d’avant. J’ai transposé la même situation à Berlin. C’est tout le projet de la SF de projeter dans vingt, trente ou cinquante ans des innovations technologiques et des ruptures climatiques, pour voir comment l’être humain va se débrouiller avec. Dans l’Arithmétique terrible de la misère, il y a par exemple une nouvelle sur les data scientists, ceux qui exploitent nos données personnelles. Et j’extrapole qu’un jour, nous éplucherons nous-mêmes le profil marketing de nos enfants.

Pourquoi inventez-vous des mots ?

C’est ce qu’on appelle créer un effet de réel : inventer un mot pour un objet qui n’existe pas encore mais comme il traîne dans l’air du temps, les gens vont le comprendre. Si je dis «trottivolant», c’est compréhensible. Je passe souvent pas mal de temps à travailler sur le lexique pour donner cet effet de réel, pour faire croire avec la trottivolant, par exemple, que les lecteurs se trouvent dans un univers où voler est extrêmement banal. Cela les amène immédiatement dans un monde très proche mais qui n’est pas le leur.

Avez-vous un lexique dans lequel piocher ?

J’ai un dictionnaire mental et je fais feu de tout bois. Dès que je lis, que je vois ou que j’entends parler de quelque chose qui me semble faire sens dans notre futur, je l’intègre au paysage de façon plausible. C’est pour cette raison que nous, les auteurs de SF, sommes de plus en plus sollicités. Nous n’en savons pas plus que les autres, en revanche nous avons l’habitude de replacer les choses dans un contexte historique et d’essayer de les prolonger. En 2015, l’Ademe m’a contactée en me disant : «Est-ce que vous viendriez nous parler des matériaux de construction du futur ?» Je me suis renseignée et j’ai trouvé une molécule qui mange les déchets et qui chie des briques, qu’on pourrait envoyer sur Mars pour faire plaisir à Elon Musk… Et plus ça va, plus on vient me voir. Alors, «la ville du futur» ? Alors «l’urbanisme du futur» ? Et évidemment, alors «la femme du futur» ? Avant, c’était systématiquement pour des thèmes du style «science-fiction et femmes», «sexe et SF», «bébés en science-fiction». Maintenant, on commence à me poser des questions sur des domaines moins genrés et plus concrets. C’est la manifestation d’une angoisse vis-à-vis de l’avenir. Les prospectivistes qui travaillent, eux, sur des chiffres qu’ils extrapolent ne parviennent pas à prendre en compte ces angoisses. Donc on fait appel aux auteurs de SF sur l’air de «donnez-nous des raisons d’espérer». Si on redonne de l’espoir, ce n’est pas en racontant des contes de fées stellaires. Mais de façon concrète. Certaines personnes n’apprécient pas car elles n’ont pas le sens science fictif. Elles ne lisent pas de science-fiction, qui parle d’un temps où elles seront mortes. Ça les terrifie.

Est-ce vraiment la seule raison ?

Il y a cette raison-là et celle de ne rien y comprendre. Serge Lehman m’avait fait tout un cours là-dessus. Si vous écrivez : «James entra dans sa salle de bains et tourna le robinet d’eau potable.» Certains comprennent immédiatement qu’il y a un problème d’eau dans l’histoire qu’on va leur raconter. D’autres non, ils n’ont pas cette tournure d’esprit. Tout dépend de ce qu’on attend d’une lecture. Beaucoup de gens lisent Guillaume Musso parce qu’ils ont simplement envie de se détendre.

La SF n’est-elle pas aussi une littérature d’évasion ?

C’est la grande question. Il y a eu un clash sur ce sujet entre Alain Damasio et Romain Lucazeau. Pour Damasio, la science-fiction doit être politique, elle doit porter un projet. Lucazeau a répondu que pour lui, la science-fiction est une littérature et doit le rester. Elle doit parler par ses qualités littéraires. Personne n’a jamais résolu cette éternelle opposition entre anciens et modernes. Il y a des gens en colère et des gens qui ont seulement envie de faire du beau.

Comment vous situez-vous ?

J’ai commencé à écrire pour faire du beau. Pendant longtemps, c’était pour moi-même, toujours le syndrome de l’impostrice… Terry Pratchett m’a bien fait rire et je me suis dit que publier pouvait avoir une utilité. Il faut porter quelque chose. Je suis plutôt de la team Damasio. La finalité sans fin, trouver un texte beau pour estimer qu’il a le droit d’exister, certes. Mais la société est dans une situation tellement merdique que ce n’est pas si mal de donner un coup de main. J’ai écrit le Guide des métiers pour les petites filles qui ne veulent pas finir princesses (Fayard) pour apporter ma pierre à l’édifice du féminisme. Danse avec les lutins, c’est aussi faire un livre allégorique qui parle des perdants. J’étais assez paumée après le Bataclan. J’ai lu ce super article de Fouad Laroui, «Un récit qui n’oublie pas les perdants», paru dans Libération, qui explique comment on en est arrivé là et quelles peuvent être les solutions. Un récit dans lequel chacun peut s’exprimer, peut désarmer un certain nombre d’agressivités.

Est-ce important de traiter de sujets qui peuvent changer une vie ?

Je suis quelqu’un d’une normalité extrême et quand je repère quelque chose qui n’a pas été dit, alors j’ai la conviction qu’on est beaucoup à le penser. Je tiens un peu du canari qui se met à chanter quand ça sent le gaz. A partir du moment où quelque chose me choque et qu’il y a un manque, je me dis que ça va résonner dans la tête de plein de gens.

Epinal, le 16 octobre 2020
dans le cadre du festival Imaginales rencontre avec Catherine Dufour, autrice, écrivaine

Catherine Dufour a reçu pour Danse avec les lutins le prix Imaginales 2020 du roman francophone. Photo Emmanuel Pierrot pour Libération

Avez-vous repéré un fil rouge sur vos dix années de nouvelles ?

Je l’ai découvert en les rassemblant. Je radote toujours sur les mêmes thèmes. Je travaille en rupture technologique, retour sociologique, et à chaque fois un élément change. C’est comme si je voyais le temps formé de plusieurs espaces-temps, avec des jambes de pantalon. On prend cette jambe de pantalon là parce qu’il y aura telle rupture, et puis cette autre parce qu’il y aura telle autre rupture… Cela dit, il y a quelques nouvelles qui sont à peine science-fictives. Celle qui a pour titre l’Arithmétique terrible de la misère vient de ce que j’observe chez moi à Montreuil sur la complexité de l’accueil des migrants. Comme beaucoup de mes personnages centraux, mon narrateur est un œil, un regard qui expérimente et découvre. Dans ce texte, il n’y a pas une anecdote qui soit fausse.

Que diriez-vous de «Coucou les filles», l’inédite ?

C’était une nouvelle très désagréable à écrire, j’ai mis vingt ans. Et j’admire Bret Easton Ellis d’avoir fait American Psycho, il a lui-même confié qu’il avait mis deux ans à s’en remettre. Mais elle manquait. On n’a rien en littérature misandre qui soit de la pure misandrie. Baise-moi de Virginie Despentes est davantage de l’ordre de la revanche. Or il y a des hommes qui découpent des femmes en rondelles parce que ça les amuse et on ne se pose jamais la question du pourquoi. Pour les femmes, c’est toujours parce qu’elles sont victimes, dépendantes d’une raison. A la fin de Games of Thrones, Daenerys Targaryen devient folle et se met à cramer tout le monde. Pourquoi pas simplement folle comme son père l’était devenu ? Non, c’est parce que Jon ne lui a pas adressé la parole pendant une soirée ! A un moment, elle se réfugie dans sa chambre et limite si elle ne va pas manger du Nutella en sanglotant. C’est agaçant cette absence de possibilité pour une femme d’être un être décidant avec ses propres rouages internes et qui ne peut devenir un abominable monstre que parce que son petit ami l’a déçue. Je voulais une femme qui soit tout simplement comme ça. Et sans explications.

#MeToo et ses suites ne changent-ils pas la situation ?

Je bois du petit-lait à voir toute une génération se lever en disant : «non, non, non». Allez-y les filles, mordez-leur les mollets. Virginie Despentes dit quelque chose comme ça : c’est quand même moderne cette façon qu’a un oppresseur de trouver que l’opprimé n’y met pas assez du sien… C’est en train de se libérer et cela me semble très moderne. Je me demande si ce n’est pas la première fois de l’histoire de l’humanité que ce genre de problématique est mise sur le devant de la scène, de dire que le rapport hommes-femmes n’est pas satisfaisant dans sa violence de la part des hommes. J’ai l’impression que c’est une invention de notre époque. Or aujourd’hui, il y a une véritable volonté de bousculer toute la société, d’identifier l’ordre existant comme étant décidément non souhaitable et non pas comme étant seulement améliorable.

Quand avez-vous découvert la SF ?

Il y avait plein de science-fiction chez moi. Mon père était abonné à Fiction. J’ai commencé par lire les Américaines Leigh Brackett et Catherine Moore. Vers quinze ans je me suis plongée dans Colette et Marguerite Yourcenar. A vingt ans, j’ai réalisé que j’avais constitué par hasard un imaginaire d’auteurs féminins. En littérature générale, on te dit ce qui est bien, et tu es prié d’aimer : on te dit Zola c’est bien, Gide c’est mal, Flaubert obligé. Alors qu’en science-fiction, tous les mois arrive une cargaison de nouveautés et c’est à toi de choisir. Elle a été mon espace de liberté littéraire.

Quand avez-vous commencé à écrire ?

A sept ans, une biographie sur le veau gras… Dans la parabole du fils prodigue, qui s’est jamais demandé si le veau gras avait envie de mourir, s’il n’avait pas une vie personnelle. Un de mes premiers textes était la réécriture de la fin de A la poursuite des Slans d’A.E. Van Vogt. A la fin, les Slans ont pris le pouvoir et ils stérilisent toute la population humaine. On attend qu’ils meurent et personne ne réagit ! J’ai imaginé la suite, j’ai refait la fin, quoi. J’avais tendance aussi à réécrire les paroles des chansons. Et je n’ai plus arrêté d’écrire. Mais c’est uniquement à trente ans que j’ai eu envie d’être publiée. Jusque-là je n’en voyais pas l’utilité, ce que j’écrivais était très mauvais. J’ai passé des années à noircir du papier, à tester tous les styles, le lyrique, le baroque, l’hermétique… avec toutes les erreurs possibles. Entre vingt-cinq et trente ans, j’ai rempli deux poubelles de cinquante litres et j’ai tout jeté. Et j’ai commencé à écrire des textes lisibles par quelqu’un d’extérieur. Mais à chaque fois que je m’adressais à une maison d’édition, elle faisait faillite dans le mois, ou la collection fermait. Donc j’ai mis quatre ans à faire publier Blanche Neige et les Lance-missiles.

Quand écrivez-vous ?

Sur mes genoux, dans le métro. J’ai une heure aller, une heure retour. J’ai toujours mon petit carnet avec moi. Je retape après, le soir ou le week-end, puis je l’imprime en format livre pour mieux repérer les fautes.

Pourquoi vos textes sont-ils aussi pessimistes ?

Depuis quelques années, j’essaye désespérément de faire de la SF plus optimiste. Aux Utopiales de Nantes, en 2006, on avait décidé avec Alain Damasio de faire un recueil de nouvelles utopiques. On y est encore… A plusieurs (Norbert Merjagnan, Léo Henry, Alain Damasio, Laurent Kloetzer, Sabrina Calvo, luvan, etc.), on a décidé qu’on allait «désincarcérer le futur», c’est-à-dire essayer d’inventer un futur plus positif, parce que pour le moment, il a une gueule d’accident de voiture. On travaille sur des textes mais surtout sur des outils qui permettent d’en écrire. Pour que tout le monde se mette à imaginer un futur plus positif, il faut donner des outils, que nous appelons «protocools». Notre collectif Zanzibar passe des week-ends à imaginer des protocoles d’écriture qu’on rend ensuite publics, ou qui servent à des ateliers d’écriture, comme Bright Mirror en 2018. Prenons un cas concret, «Le fonctionnaire en 2049» ou «Les retraites en 2052», et vous avez une heure pour écrire une nouvelle positive. Cela oblige à mettre en marche des rouages inhabituels. Depuis 2016, je me sens respirer. L’Arithmétique terrible de la misère, avec des personnages qui parviennent à trouver des solutions, est une des nouvelles issues de ce processus. Une autre, l’histoire d’un type qui s’appuie sur la force collective pour arriver à réoxygéner le lac Léman en agonie, paraîtra dans un prochain recueil. Je sens que mon écriture devient positive grâce aux solutions trouvées dans le collectif.

Ne risquez-vous pas de perdre votre humour grinçant ?

On estime à tort que pour être crédible, un auteur doit être sérieux ou bien triste. Il faut se sortir ça de la tête. Autant à une époque, il était utile de prévenir les gens qu’il y allait y avoir un problème d’eau, de réchauffement, d’écologie… Tout le monde est au courant maintenant. Il faut arrêter de faire des cauchemars qui ne mènent à rien. C’est pour ça qu’il y a le Solarpunk qui nous arrive du Brésil, le punk solidaire et optimiste. Le punk, c’est le do it yourself, le solarpunk, c’est le do it with others, la solidarité. Il y a une montée de la colère et de la capacité d’agir de la société civile qui redonne de l’espoir.

Vous participez à une soirée à la Maison de la poésie le 29 octobre avec Alain Damasio et Ariel Kyrou sur le pouvoir d’émancipation de l’imaginaire. Pouvez-vous en dire plus ?

C’est la grande croisade d’Alain Damasio. Entre ces deux orateurs, la seule solution pour que j’arrive à en placer une c’est de prendre le micro et de leur taper sur la tête avec. Ils ont un bel organe, parlent bien et sont très convaincus. Je vais réfléchir au sujet et prendre systématiquement le contre-pied de ce qu’ils vont dire, quitte à faire preuve d’une abominable mauvaise foi. C’est plus important pour moi de m’imposer que de dire des choses que je pense vraiment. C’est un luxe réservé à ceux qui ont de beaux organes. Ça me fait profondément suer d’intervenir en conférence car je suis horriblement timide. Mais si je ne le fais pas, il n’y a pas une autre gonzesse qui prendra ma place. J’ai un petit appareil pour mesurer le temps de parole car systématiquement, les femmes parlent 20 % du temps, les hommes 80 %. ça m’est arrivé d’arracher le micro de la bouche de mon interlocuteur. Il faut être là, il faut prendre la parole et s’imposer. Lors d’une conférence avec Damasio, j’avais dit à la cantonade : «Levez la main si vous écrivez, mesdames, et envoyez-moi vos nouvelles, je me débrouillerai pour vous trouver un éditeur.» On est encore dans une telle situation de pauvreté au niveau de la présence féminine dans la science-fiction en France que je ne fais pas dans la dentelle.



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