Les soignants font-ils le tri parmi les patients à sauver du Covid-19 comme on criait "Les femmes et les enfants d'abord!" en plein naufrage ? Comme pour les canots de sauvetage, l'histoire du triage des malades est d'abord celle d'une réponse organisée à la pénurie.
Le Conseil d’Etat examine ce vendredi 10 avril la requête d’une association, Coronavictimes, qui réclame des critères plus transparents pour l’hospitalisation des malades du Covid-19 et craint une inégalité d’accès aux soins hospitaliers. La démarche (techniquement, un référé qui implique une décision en urgence), vise plus précisément les résidents des Ehpad et, au-delà, les malades les plus âgés, dont on a découvert depuis le début de l’épidémie que, faute de lits, ils étaient bien souvent maintenus à domicile, ou dans leur structure, plutôt que d’être hospitalisés. C’est-à-dire, privés de soin.
La question d’une sélection parmi ceux qui pourront survivre à l’épidémie et ceux dont on sait qu’ils ne s’en sortiront pas faute d’accès aux soins est lancinante depuis le début de la pandémie de Covid. Elle a quelque de chose de sidérant, et aussi de spectaculaire. Créée récemment pour faire cette démarche auprès du Conseil d’Etat et, au fond, contraindre les pouvoirs publics à édicter des critères explicites et transparents de prise en charge, cette association est née de plusieurs membres qui militaient jusque-là dans le champ de la sécurité sanitaire, et se mobilisaient notamment sur l’amiante. En réalité, le tri des malades en fonction de leur espérance de vie et de leur chance de survie est une histoire ancienne, qui a peu à voir avec le coronavirus et beaucoup plus à voir avec l’histoire de la santé.
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