06/04/2020
Les philosophes en crise |Vous qui lisez ces lignes, êtes-vous sûr que vous n’êtes pas en train de rêver ? Vérification avec Adèle Van Reeth qui nous raconte comment, à 44 ans, Descartes vit un moment de crise : il remet tout en question. Existe-t-il une vérité infaillible ? Et si tout n'est que doute, alors tout s'effondre ? Armé d'un peignoir, isolé devant un feu de cheminée, il médite sur la vie, remet en cause les fondements mêmes de la pensée, et bouleverse l'histoire de la philosophie avec son "Je pense donc je suis."
Comment ne pas devenir fou ? Moi qui ne vois plus personne hormis par écran interposé, comment être sûre que j’existe encore ? Que les autres ne sont pas des pantins ? Et que je ne suis pas moi-même en train de disparaître ?
Le risque de l’effondrement
Descartes a 44 ans lorsqu’il prend la question au sérieux. Pendant quarante-quatre années, il a, comme tout le monde, appris à parler, à compter, à lire, à écrire, et à réfléchir. Mais depuis quelques temps, il s’est rendu compte que parmi les choses qu’on lui avait enseignées, ou qu’il tenait pour acquises, se trouvaient beaucoup de fausses opinions.
Par exemple : comment être sûr que ce que je vois ou ce que j’entends est vrai ? Ne vous est-il pas arrivé mille fois de prendre une chose pour une autre ? De vous tromper de personne, de confondre une voix avec une autre ? Et il en va de même pour tous les sens. Descartes s’interroge, et se demande s’il existe un type de vérité qui serait absolument infaillible. C’est une question de survie : et s’il découvrait que rien, absolument rien, ne résiste au doute ? Alors le sol s’effondrerait sous ses pieds, et en plein siècle baroque où les peintres et les auteurs multiplient les jeux de perspectives et jouent à égarer le public et à perdre le lecteur, c’est la philosophie toute entière - et avec elle, la raison humaine - qui seraient englouties dans le précipice du doute.
Méditer pour mieux se transformer ?
Descartes se sent prêt à regarder en face la possibilité de devenir fou. À quarante ans passés, l’heure n’est plus au coup de tête adolescent : il estime que son esprit est assez mature pour organiser une cellule de crise au cœur de sa raison.
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