Tout ce que la planète intellectuelle compte de penseurs de l’histoire-en-train-de-se-faire s’essaie depuis quelques jours à un exercice risqué : tenter de prévoir les conséquences de l'épidémie de Covid-19 sur l'organisation de nos sociétés. Les hypothèses sont aussi nombreuses que contradictoires.
Tout le monde a sa petite idée sur "le monde d’après" : personne ne peut imaginer que la mise en panne de l’économie mondiale pour cause de confinement de la moitié de la population humaine puisse rester sans effet sur la suite de notre histoire.
Et pourtant, nous n’avons aucune certitude concernant l’agenda de la sortie de crise. A cette heure, nous ne disposons ni de traitement efficace ni de vaccin. Et nous ne savons pas encore quelle pourra être l’étendue des dommages, tant sanitaires qu’économiques et sociaux, que risque de nous infliger, dans les mois, voire les années qui viennent, ce nouveau coronavirus.
Rien ne sera plus comme avant ?
On repère vite un premier clivage entre ceux qui estiment que cette pandémie va créer des ruptures décisives avec le passé et ceux qui pensent, au contraire, que la crise va accélérer des mutations qui étaient déjà amorcées, amplifier des phénomènes préexistants. Les tenants du "Rien ne sera plus comme avant…" s’opposent à ceux qui voient dans la crise l'accélération "d'évolutions qui étaient en germe". C’est une opposition qu’on avait déjà perçue lors de la crise financière de 2008.
Des tendances puissantes qui étaient déjà en cours seront amplifiées et des clivages préexistants s’aggraver écrit Michael T. Klare dans The Nation.
"Le monde sera différent de ce que nous imaginions en temps normaux" écrit de son côté, le philosophe britannique John Gray dans The New Statesman. "Ce n’est pas une rupture temporaire venant créer un déséquilibre temporaire : la crise que nous traversons est un _point de bascule historique_." John Gray peut être considéré comme l’un des tenants les plus radicaux de la thèse de la rupture.
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