La violence contre des médecins sur leur lieu de travail « n’est pas un phénomène nouveau » rappelle Indian Journal of Psychiatry. Mais ces dernières années, ce phénomène semble s’être amplifié, dans divers pays comme « la Chine, Israël, le Pakistan ou le Bangladesh » où les statistiques sur ce thème montrent des taux d’agression « plus élevés que dans des pays occidentaux. » Et en Occident, des études remontant aux années 1980 montrent que « 57 % des soignants des services d’urgence aux États-Unis avaient déjà été menacés avec une arme », alors que « 52 % des médecins du Royaume-Uni » signalaient avoir été confrontés à « une forme ou une autre de violence. »
Formation et tolérance zéro
Si les professions médicales étaient « traitées avec respect » dans les sociétés traditionnelles, l’avènement de la médecine moderne a entraîné une « augmentation générale des frais de santé tendant à écorner l’image du médecin », suspecté probablement d’être moins désintéressé qu’autrefois. En plus d’une probable augmentation réelle des violences à l’encontre des soignants, il est certain que les réseaux sociaux et la presse contribuent aussi à focaliser l’attention du grand public et du corps médical sur ces agressions, en « diffusant largement » les informations à ce sujet. Mais si « presque tous les médecins s’inquiètent » à propos de cette violence pouvant les atteindre sur leur lieu de travail, quel que soit leur pays ou leur mode d’exercice, il faut constater pourtant que « très peu de médecins sont formés pour éviter ou pour gérer de telles situations. » Ainsi, selon une étude récente en Inde sur 151 médecins, 6 d’entre eux (soit moins de 4 %) avaient « reçu une formation formelle en communication efficace » et seulement « cinq de ces médecins appartenaient à un service de psychiatrie où ce type de formation faisait partie de leur curriculum. »
Ne plus considérer la violence comme inévitable
Pour réduire les risques d’incidents graves, les auteurs estiment notamment que « toutes les institutions médicales devraient disposer d’une surveillance vidéo et avoir une tolérance zéro pour la violence sur le lieu de travail. » Ces contre-mesures existent par exemple déjà au Royaume-Uni et en Australie où les actes de violence sont signalés systématiquement à la police. Mais nous avons surtout besoin « d’un changement sociologique sur la place culturelle donnée à la violence » pour ne plus la considérer comme « une composante inévitable du comportement humain. » Et un tel changement de perspective « ne concerne pas uniquement les individus, mais il s’étend aussi aux communautés et aux nations. »
Dr Alain Cohen
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