« Patients casse-couilles. Fous rires aux urgences ». Le livre du Dr Sonia Camay n’a pas fait rire tout le monde dans la communauté médicale. Dans cet ouvrage au titre provocateur, paru au mois de mars dernier et dont « le Quotidien » s’est fait l’écho, l’urgentiste égrène sur 200 pages des anecdotes vécues aux urgences, où les patients ont rarement le beau rôle.
Peut-on ainsi rire des malades ? Non, répondent plusieurs médecins qui l’ont fait savoir sur lequotidiendumedecin.fr. « Notre devoir est de soigner et de les respecter et non pas de s'en moquer. Cela ne fait pas honneur à la profession et c'est très regrettable », s’est indigné ce lecteur. « ll y a toujours une détresse chez nos patients. Gardons pour nous nos anecdotes qui font partie du cœur du métier et qui nous permettent de supporter l’insupportable », écrit cet autre médecin.
« Le titre met mal à l’aise », ajoute ce lecteur, même s’il reconnaît la possibilité de rire du comportement de certains patients « sans méchanceté ni stigmatisation ».
« Médecins réacs méprisants, les plus belles perles ! »
Sur Internet, le collectif « Les Dessous de la Santé », qui regroupe notamment des soignants s’en est mêlé en publiant une fausse vidéo de promotion annonçant un livre intitulé « Médecins réacs méprisants, les plus belles perles ». Une manière de pointer l’incongruité de ce livre jugé méprisant pour les patients. Un interne en néphrologie, membre du collectif, s'est fait l'écho de cette vidéo sur Twitter.
La critique ne se limite pas au monde de la santé. « Ça me révolte que l’on puisse afficher autant de mépris pour des gens qui ont besoin de soins », réagit @MissLondres. Cette e-patiente très active sur les réseaux sociaux, militante pour la défense des usagers du système de santé, et intervenante auprès de la HAS, y voit une nouvelle manifestation du paternalisme de certains médecins français. « Comment peuvent-ils prendre de haut les malades et s’en moquer ? C’est totalement contraire à leur éthique », confie la jeune femme au « Quotidien ».
À travers ses nombreux témoignages, le livre du Dr Camay reflète pourtant des problèmes de fond : la saturation des services des urgences, le comportement agressif de certains patients, les soins devenus des produits de consommation… « Peut-être, mais je ne vois rien dans ce livre qui amorce une réflexion sur ces sujets, répond @MissLondres. Il y aurait pourtant matière à s’interroger sur l’éducation à la santé, l’organisation des urgences, l’accès aux informations sur les traitements… »
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