Crédit Photo : S. Toubon
Améliorer la prise en charge des victimes de psychotraumatisme, quelle que soit sa source (attentats, violences sexuelles ou physiques, épreuves migratoires, catastrophes naturelles ou encore tentatives de suicide) : telle est la vocation d’une structure, qualifiée d’« unique au monde » par la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, inaugurée au CHU de Lille vendredi dernier et annoncée au Journal Officiel samedi.
Le Centre national de ressource et de résilience (CN2R) a été créé dans le cadre du plan interministériel d’aide aux victimes de novembre 2017. Il a plusieurs missions : la coordination des 10 centres régionaux (1) qui accueillent les victimes, la formation, la recherche, la communication et la recherche de fonds. Géré par un GIP (Groupement d'intérêt Public) indépendant, le CN2R est doté de 1,2 million d'euros.
Un dispositif intégré, « tout au long de l’histoire traumatique »
Sur l’aspect clinique, l’ambition est d’aboutir à l’élaboration d’un « dispositif intégré, permettant d’intervenir tout au long de l’histoire traumatique, depuis l’évènement causal, sur le terrain, jusqu’à la période des troubles durables, ainsi que de permettre des interventions englobant une famille et prenant en compte chacun de ses membres », indique le CHU de Lille.
Il s’agit, résume le Dr Christophe Debien, psychiatre au CHU de Lille et responsable du dispositif VigilanS Haut-de-France, de rendre « plus lisible et donc plus accessible » l'offre de soins pour ces victimes, mais aussi de « faire le pont entre les spécialités liées au trauma ».
La structure transdisciplinaire mêlera en effet de nombreuses expertises : anthropologues, sociologues, pédagogues, historiens, juristes, psychiatres, pédopsychiatres, psychologues, urgentistes, médecins légistes et responsables départementaux des Cellules d’urgence médico-psychologique.
Un nombre de victimes indéterminé
« La démarche consiste à coordonner les réponses des acteurs, publics ou associatifs, déjà engagés dans la prise en charge des psychotraumatismes et à mutualiser les connaissances », insiste le Dr Debien. Un réseau de télé-expertise sera par exemple mis en place pour permettre l’échange entre professionnels. Un réseau de partenaires hospitaliers et extra‐hospitaliers, mêlant structures de soins et structures associatives spécialisées devrait également être constitué. « De nombreux partenaires doivent se coordonner pour le suivi des patients, y compris lors d’un procès par exemple », poursuit le psychiatre.
La vocation première du CN2R sera de définir de bonnes pratiques de prise en charge et de former les professionnels confrontés aux victimes potentielles. Pour l’heure, difficile de préjuger le nombre de patients qui seront pris en charge par les centres régionaux. « Une femme sur trois est victime de violences, mais toutes ne feront pas de psychotraumatisme, rappelle le Dr Debien. Les victimes ont cette spécificité qu’elles n’osent pas toujours aller vers le soin, ou vers les institutions policière et judiciaire. Pour l’instant, on ne voit que la partie émergée de l’iceberg ».
Les premières victimes sont en tout cas déjà prises en charge par les centres régionaux, mais « cette étape ouvre la voie à une réorganisation, avec notamment des postes supplémentaires », conclut le Dr Debien.
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