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vendredi 29 mars 2019

Profession ? Foulogue

Mehdi Moussaïd scrute  la foule. Il en a fait son objet d’étude. A travers un voyage multidisciplinaire, il raconte cette drôle de discipline qu’est la fouloscopie.
Par Nathaniel Herzberg Publié le 27 mars 2019
Le livre. Qui ne connaît pas le métier de sondeur ? Lors de chaque élection, l’activité de cette petite confrérie, passée maître dans l’art d’interroger les masses pour en extraire l’opinion, est scrutée, commentée, critiquée. Mehdi Moussaïd, lui aussi, sonde les foules. Dix ans, même, qu’il ne fait que cela, de Toulouse, où il a fait sa thèse, à Zürich, et dorénavant à l’Institut Max-Planck de Berlin. Pas pour en disséquer les pensées profondes ou en orienter les comportements d’achats. Son objet d’étude à lui, c’est la foule elle-même. Sa discipline ? La « fouloscopie ». Son métier ? « Foulogue ».
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Soyons honnête, nous ignorions l’existence de l’une et de l’autre. Avant de plonger dans son ouvrage, aussi savant que plaisant, sérieux dans le contenu que léger dans le ton, tout juste savions-nous que quelques chercheurs avaient entrepris de modéliser les flux humains à la manière de fluides. Après l’avoir refermé, c’est avec un œil nouveau que l’on circule dans les couloirs du métro (en France, toujours à droite…), que l’on se tasse dans les wagons (3 personnes au mètre carré à Paris, 6 à Tokyo), que l’on observe les entrées ou les sorties.
L’utilité publique apparaît vite évidente. Car la foule est meurtrière. Chaque année, les bousculades font en moyenne 380 morts. Les responsables ? « La fête, Dieu et le football », résume le chercheur. En effet, les manifestations sportives, les rassemblements religieux et les grandes célébrations collectives concentrent la quasi-totalité des victimes.

Intelligence collective

Pourtant, la masse humaine n’apparaît pas intrinsèquement mauvaise. D’abord, souligne Mehdi Moussaïd, car placés en situation de stress collectif, les individus manifestent souvent de l’altruisme. De la tragédie du stade de Sheffield (1989) aux attentats du World Trade Center (2001), chaque catastrophe vient nous le rappeler. Mais aussi parce que les humains disposent d’une véritable intelligence collective. En 1906 déjà, le Britannique Francis Galton révélait qu’un groupe de 787 personnes pouvait évaluer au kilo près la quantité de bifteck susceptible d’être produite à partir d’un bœuf qui lui était présenté : chacun se trompait, mais la moyenne était juste. Un siècle plus tard, la science comme la technologie, les chasseurs d’étoiles comme les gourous de Facebook bâtissent leurs cathédrales à la manière des fourmis : par petits gestes individuels.
Les humains, des insectes sociaux ? Pour Mehdi Moussaïd, qui entra dans la carrière au Centre de recherche sur la cognition animale de Toulouse – un laboratoire d’éthologie, donc –, le raccourci aurait été tentant. Lui a choisi de multiplier les angles d’approche, et son livre en témoigne. Biologie, physique, mathématiques, psychologie, théorie de l’information, c’est à un voyage multidisciplinaire qu’il nous convie. On y découvre, au passage, les vicissitudes de la vie de jeune chercheur, ses affres, ses doutes, mais aussi ses bonheurs faits de rencontres, de découvertes, d’inventions. La dernière ? « Le foulomètre. » A quoi sert cette drôle de machine ? Réponse au dernier chapitre du livre.
« Fouloscopie, ce que la foule dit de nous », de Mehdi Moussaïd (Humensciences, 224 pages,

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