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vendredi 29 mars 2019

Des propositions pour ne plus faire rimer handicap et exclusion

Elsa Bellanger
| 27.03.2019

handicape
Crédit Photo : S. Toubon
« Un tiers des personnes handicapées vivent dans la pauvreté », rappelle le Dr Philippe Denormandie, membre du conseil d’administration de la CNSA (Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie). Des dispositifs existent pour les soutenir et les accompagner dans leur parcours de santé, mais leur complexité et le manque de liens entre les structures médicales et celles du monde médico-social les rendent parfois inaccessibles à ces patients. Malgré l’enjeu en termes d’accès aux soins, « ce n’est pas considéré comme un sujet », déplore le Dr Philippe Denormandie.

À l’occasion d’un débat du café Nile, il est revenu sur cette question à travers les propositions « opérationnelles » de son rapport « l’accès aux droits et aux soins des personnes en situation de handicap et des personnes en situation de précarité », rédigé avec Marianne Cornu-Pauchet, directrice du fonds CMU-C. Missionnés en avril 2018 par le ministère de la Santé, les deux auteurs ont élaboré 42 propositions, dont certaines sont traduites dans le PLFSS pour 2019. Ces préconisations sont articulées autour de 4 grandes idées.
Développer l'« aller vers »
La première idée porte sur la levée des barrières financières d’accès à la santé. Il s’agit principalement de rendre effectif le droit à une couverture de santé. L’ambition, explique le Dr Philippe Denormandie, est de « repenser le système afin que les patients reprennent leur santé à leur compte ».
La seconde idée repose sur la promotion de l’« aller vers ». L’objectif est d’« ouvrir des droits » et de « guider vers l’accès aux soins » les populations vulnérables. Alors que le non recours aux soins est lié au manque d’informations et à la difficile compréhension de celles-ci, cet « aller vers » implique de se tourner vers le patient, d’évaluer son environnement et d’amener le soin aux patients. Citant le dispositif PFIDASS (Plate-Forme d'Intervention Départementale pour l'Accès aux Soins et à la Santé), expérimenté à Grenoble, le Dr Philippe Denormandie estime qu’il s’agit d’une « modélisation de la médecine de demain ».
Valoriser la prise en charge complexe
Un autre axe de travail relève de la responsabilité et de l’implication de l’ensemble des acteurs. Dans notre « système cloisonné », souligne le membre du conseil d’administration de la CNSA, « la prise en charge de ces patients complexes n’est pas valorisée », alors qu’un « panier de soins doit être l’expression d’un parcours fluide ». Selon lui, il est nécessaire que des actions ou mesures de valorisation des spécificités de prise en charge « s’intègrent dans le droit commun » sans « créer d’offres spécifiques ».
Enfin, certaines préconisations portent sur la mise en place d’un pilotage efficient. Dans un système sans chef de file, le Dr Philippe Denormandie recommande ainsi de placer la CNAM comme pilote de la prise en charge des personnes en situation de handicap. Ce pilotage doit s’accompagner de la mise en place d’indicateurs de suivi de l’accès à la santé de ces patients.

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