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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

mardi 26 mai 2015

Jacques Lacan, sur la crise de la Psychanalyse, entretien avec Emilia Granzotto (1974)

OLIVIER DOUVILLE

Emilio Granzotto. On parle de plus en plus souvent de crise de la psychanalyse. Sigmund Freud, dit-on, est dépassé, la société moderne a découvert que son oeuvre ne saurait suffire pour comprendre l'homme, ni pour interpréter à fond son rapport avec le monde.

Jacques Lacan. Ce sont des histoires. En premier lieu, la crise. Elle n'existe pas, il ne peut y en avoir. La psychanalyse n'a pas tout à fait trouvé ses propres limites, pas encore. Il y a encore tellement à découvrir dans la pratique et dans la connaissance. En psychanalyse, il n'y a pas de solution immédiate, mais seulement la longue et patiente recherche des raisons. Deuxièmement, Freud.
Comment le juger dépassé alors que nous ne l'avons pas entièrement compris ? Ce qui est certain, c'est qu'il nous a fait connaître des choses tout à fait nouvelles, qu'on n'aurait pas même imaginées avant lui. Depuis les problèmes de l'inconscient à l'importance de la sexualité, de l'accès au symbolique à l'assujettissement aux lois du langage.

Sa doctrine a mis en question la vérité, c'est une affaire qui concerne tous et chacun personnellement. C'est bien autre chose qu'une crise. Je le répète : nous sommes loin de Freud. Son nom a aussi servi à couvrir beaucoup de choses, il y a eu des déviations, les épigones n'ont pas toujours suivi fidèlement le modèle, il s'est créé des confusions. Après sa mort en 1939, certains de ses élèves ont aussi prétendu exercer autrement la psychanalyse réduisant son enseignement à quelque formule banale : la technique comme rituel, la pratique restreinte au traitement du comportement, et comme moyen la réadaptation de l'individu à son milieu social. C'est la négation de Freud, une psychanalyse de confort, de salon.

Il l'avait lui-même prévu. Il y a trois positions intenables, disait-il, trois tâches impossibles : gouverner, éduquer, et exercer la psychanalyse. De nos jours, peu importe qui prend la responsabilité de gouverner, et tout le monde se prétend éducateur. Quant aux psychanalystes, Dieu merci, ils prospèrent, comme les mages et guérisseurs. Proposer aux gens de les aider signifie un succès assuré, et la clientèle se bousculant à la porte. La psychanalyse, c'est autre chose.


Margaret Lock : « En santé, il y a un lien entre nature et culture »

LE MONDE SCIENCE ET TECHNO | Propos recueillis par 

Margaret Lock est anthropologue à l’université McGill de Montréal. Ses études sur la ménopause des femmes japonaises, menées dans les années 1980, ont été couronnées de plusieurs prix dont le prestigieux prix Staley de l’Ecole de recherche américaine. C’est à partir de ce travail que la Canadienne a forgé le concept de « biologie localisée », à l’origine d’un nouveau courant de l’anthropologie médicale. Visant à étudier les variations du corps humain en relation avec son environnement social, culturel et économique, ce courant est en plein essor, sous l’impulsion des découvertes en épigénétique – discipline qui entend décrire l’influence de l’environnement, au sens large, sur l’expression du programme génétique.

Elle est l’auteure de plusieurs ouvrages, dont le plus récent, The Alzheimer Conundrum (Princeton University Press, 2013), explore la frontière ténue entre le vieillissement et la folie, en revisitant le thème philosophique du normal et du pathologique.

Invitée à Genève pour un colloque de sciences humaines organisé par la Fondation Brocher sur le thème « Epigénétique et environnement », elle s’inquiète des implications politiques des études en épigénétique. Avec l’ensemble des participants du colloque, elle lance un appel à la collaboration entre chercheurs en sciences sociales et épigénéticiens, afin que soit mieux prise en compte la complexité des interactions entre génome et environnement.

Vous êtes à l’origine du concept de « biologie localisée », forgé à la suite des études que vous avez menées au Japon sur la ménopause. Pouvez-vous développer ?

Ces études m’ont permis de montrer que, si la ménopause survient au même âge chez les femmes japonaises et chez les femmes nord-américaines, certains symptômes qui lui sont associés diffèrent. Les bouffées de chaleur ou les suées nocturnes sont moins fréquentes chez les femmes japonaises que chez les femmes vivant au Canada et aux Etats-Unis, au même titre que l’ostéoporose, les maladies cardiaques et le cancer du sein, comme cela avait été montré précédemment. La perception de la ménopause diffère également  : le terme employé dans la langue japonaise évoque une évolution vers une période de vie plus spirituelle, et la fin des menstruations n’en est qu’un élément, une vision positive très différente de la nôtre.

lundi 25 mai 2015

Reconnaître le burn-out, un travail de longue haleine

AMANDINE CAILHOL 

«Tous les Français connaissent quelqu’un qui a déjà craqué, s’ils n’ont pas eux-mêmes déjà basculé.» Benoît Hamon, député PS des Yvelines, en est convaincu : le burn-out gagne du terrain. Pour contrer cette «casse» qui touche les salariés de tous secteurs d’activité, l’ex-ministre plaide pour que l’«effondrement professionnel», en version française, soit reconnu comme une maladie professionnelle (lire ci-contre). En France, ils seraient plus de 3,2 millions de salariés «en situation de travail excessif et compulsif», selon Jean-Claude Delgènes, directeur du cabinet Technologia, spécialiste des risques professionnels. Soit 12% de la population active au bord du burn-out. Chaque année, pourtant, seule une poignée réussit à faire reconnaître le caractère professionnel de ce mal s’attaquant à la fois aux ressources physiques et psychiques. Et pour cause, le burn-out n’a aucune définition officielle et n’apparaît pas dans les tableaux des maladies professionnelles utilisés par les médecins de la Caisse primaire d’assurance-maladie (CPAM) pour reconnaître automatiquement la cause professionnelle d’une pathologie. Seule solution pour les victimes : passer par les comités régionaux de reconnaissance des maladies professionnelles (CRRMP), habilités à instruire les dossiers au cas par cas. Sauf que pour être traités, ces derniers doivent répondre à des critères drastiques - apporter la preuve du lien «essentiel et direct» entre la maladie et le travail et justifier d’une incapacité permanente partielle de plus de 25%. Un taux très élevé laissant peu de chances aux requérants. En 2013, ils ne sont que 239 à avoir obtenu une prise en charge par la branche accident du travail et maladies professionnelles (ATMP) de la sécurité sociale. Les autres, obligés de s’en remettre à la branche maladie, moins avantageuse, «sont sortis par la petite porte», estime Jean-Claude Delgènes.

«Je n’avais plus de vie, j’étais prise dans une spirale»

AMANDINE CAILHOL 


«Aujourd’hui j’assume, j’arrive à le dire : je suis en burn-out.» Ce mot, Nicole (1), la quarantaine, l’a longtemps tu. Par «honte» ou«culpabilité». Celle d’avoir abandonné son travail, de ne «pas avoir été assez forte». Employée d’une PME dans l’Oise, elle a longtemps cumulé les casquettes - comptable, chargée des ressources humaines, responsable de la clientèle - et les heures de travail. Pendant «deux années d’enfer, totalement prise par [s]on travail»,elle enchaîne des journées non-stop au bureau, de 7 h 30 à 18 heures, avant de se scotcher à nouveau à son ordinateur jusque tard dans la soirée. Même chose le week-end. Et le reste de l’année, excepté pendant l’unique semaine de congé que cette mère de famille s’accorde, en août. «Mon travail avait pris une telle ampleur ! J’y pensais tout le temps. J’avais même un stylo à côté du lit, je faisais les plannings au milieu de la nuit.» Jusqu’à ce qu’elle s’effondre.

La revue de l'Association Psychologie Clinique N° 39


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La revue de l'Association Psychologie Clinique
La revue psychologie clinique, créée en 1996, poursuit sa parution aux Éditions EDK.
Dans le projet de défendre et d'illustrer la question du sujet et de l'institution, psychologie clinique présente des dossiers consacrés aux cliniques de la filiation, de l'identité, aux rapports du sujet à son corps et à son langage, aux effets des ruptures violentes de la culture et de l'histoire sur les subjectivités, et rend compte des innovations au sein des dispositifs cliniques et institutionnels et des recherches actuelles marquantes en psychologie clinique. 


Formation à une approche psychanalytique en psychiatrie

Ecole de Ville Evrard 
eve

QUI EST EVE ?

Présentation générale
Un certain nombre de membres et sympathisants de l‘Association Lacanienne Internationale exerçant en psychiatrie publique dans le département de la Seine-Saint-Denis se sont réunis autour d’un projet commun. En collaboration avec le service de la Formation Permanente de l’hôpital de Ville-Evrard, ils se proposent d’offrir un enseignement, d’accès libre et ouvert à tous, portant sur les modalités d’une approche psychanalytique en psychiatrie. Le champ de la psychiatrie publique s’offre aujourd’hui à une kyrielle de techniques disparates venant éluder des questionnements ouverts par la psychanalyse en tentant de faire valoir une efficacité sur le seul plan pragmatique ou en se fondant sur des formalisations quasi scientistes. La « folie », comme toutes les manifestations psychiques, ne se réduit pas à une interaction moléculaire, pas plus que toute relation inter-humaine ne se réduit à une simple logique binaire de la communication. De même, l’étude de ce qui est appelé « maladie mentale » ne doit pas se réduire au champ clos du médical mais peut aussi questionner tout un chacun. Nous sommes tous conduits à une meilleure appréhension du registre des psychoses, ne serait-ce qu’à considérer qu’un certain nombre de caractéristiques qui lui appartiennent en propre trouvent de plus en plus souvent des modalités d’expression dans les discours véhiculés par nos sociétés contemporaines. La psychanalyse, en même temps qu’elle permet la recherche d’une réponse adaptée à chaque cas, offre un appareil conceptuel suffisamment articulé et étayé pour permettre d’aborder des questions très diverses et ce dans un vocabulaire maintenant reconnu de tous.

La future « salle de shoot » parisienne à Lariboisière

LE MONDE  | Par 


Les associations de riverains du 39, boulevard de La Chapelle, dans le 10e arrondissement de Paris, auront finalement eu gain de cause. La future salle de consommation à moindre risque (SCMR), plus connue sous le nom de « salle de shoot », ne sera pas implantée à cette adresse, mais quelques centaines de mètres plus loin, sur le terrain de l’hôpital Lariboisière. « C’est un dispositif santé, on l’adosse à l’hôpital », annonce au Monde Bernard Jomier, l’adjoint au maire de Paris chargé de la santé, soucieux de « banaliser le dispositif » afin d’en « élargir l’adhésion politique ».



La Différence Homme/Femme dans la sexuation



BURSZTEIN Jean-Gérard


La Différence Homme/Femme dans la sexuation
La psychanalyse lacanienne se caractérise par son approche de la question de la différence homme/femme en termes de différence de jouissance – ce qu’elle définit comme jouissance phallique et Autre jouissance – plutôt qu’en termes de conduites sexuelles et sociales.

Foucault et la psychanalyse Quelques questions analytiques à Michel Foucault



SQUVERER Amos, LAUFER Laurie (dir.)



Foucault et la psychanalyse

Michel Foucault a entretenu avec la psychanalyse une liaison tumultueuse, faite d’attraction et de rejet. Fasciné par l’œuvre de Freud dans laquelle il reconnaît la rupture essentielle qu’elle représente avec la psychiatrie et la médecine de la fin du XIXe siècle, le philosophe devient, à partir des années soixante-dix, résolument critique. Dispositif disciplinaire contrôlant les corps et les désirs, discours normalisateurs et non réflexifs, voilà ce que représente dès lors la pratique analytique pour Michel Foucault. 

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Décès accidentel de John Nash, le mathématicien qui avait inspiré le film "Un homme d'exception" (VIDEO)

Le mathématicien John Nash, interprété par Russell Crowe en 2001 dans le film "Un homme d'exception", vient de mourir dans un accident de voiture. Il avait souffert toute sa vie d'une maladie mentale mais avait poursuivi ses travaux et obtenu le Prix Nobel d'économie en 1994.
Le mathématicien John Nash et sa femme Alicia, aux Oscars en mars 2002. ©Fred Prouser/Reuters

[...] Dans la vie privée, ce mathématicien de génie souffrait depuis la fin des années 50 de schizophrénie paranoïde, une maladie mentale qui allait l'obliger à suivre de nombreux séjours dans des hôpitaux psychiatrique tout au long de sa vie, tout en continuant ses recherches et ses travaux.

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Lilith, avatars et métamorphoses d'un mythe entre romantisme et décadence

le comptoir des presses d'universités

Lilith, avatars et métamorphoses d'un mythe entre romantisme et décadence

Pascale Auraix-Jonchière

Lilith, la première femme tirée de la terre tout comme Adam dans la tradition juive, est figure contestataire et volitive, mue par un désir d'absolu. Présente dans les textes sacrés, et plus tard dans les colonnes des dictionnaires et encyclopédies, elle n'émerge vraiment dans la littérature française qu’au 19e siècle, où elle s'impose par son étrangeté et sa constante ambivalence. Entre Romantisme et décadence, jusqu'à l'aube du 20e siècle où elle perdure en s'intégrant au monde moderne, Lilith incarne alternativement ou conjointement les pulsions obscures de la psyché et le rêve d'idéal.

dimanche 24 mai 2015

Au plus près des médecins urgentistes qui pilotent le Samu

Jean-Luc Nothias - le 18/05/2015


Mis en place dans les années 1970, avec les moyens du bord, sous l'égide de Pierre Huguenard, le Samu est devenu une référence mondiale.
Le centre névralgique du Samu de Paris se trouve dans un bâtiment de l'hôpital Necker-Enfants malades. Le poste de pilotage, où opèrent les régulateurs, se trouve au dernier étage. «Réguler, c'est répondre au 15, le numéro du Samu. Accueillir chaque appel, tenter de résoudre chaque problème médical qui m'est soumis, imaginer le patient, en fait le créer virtuellement…» 
Suzanne Tartière, auteur avec Xavier Emmanuelli (entre autre cofondateurde Médecins sans frontières et du Samu social), du livre «En cas d'urgence, faites le 15», sait de quoi elle parle. C'est un médecin régulateur chevronné (trente ans de métier). Elle en a vu, des situations d'urgence. Exceptionnelles comme le massacre à Charlie Hebdo, l'accident de la gare de Lyon, l'attentat de la station Saint-Michel, la catastrophe de Brétigny… Et d'autres plus quotidiennes. Avec leurs lots de cocasseries et de drames.
Suzanne se souvient: «J'ai tout de suite compris qu'il y avait deux types d'appel. Les faciles: ils témoignent à l'évidence d'une situation qui est “grave”ou “pas grave du tout” et, entre les deux, il y a une zone grise où se trouvent des appels plus subtils, plus complexes où “ça pourrait être grave” ou “ça pourrait ne pas l'être”.»
Parmi les quelque 600 appels reçus chaque jour en moyenne, il y a des perles peu flatteuses pour le genre humain. Comme celui-ci: «Dépêchez-vous, mon bébé de six mois ne respire plus.» Une équipe est aussitôt envoyée. «Une fois sur place, le médecin me rappelle, quelque peu laconique: le bébé a bien six mois, mais c'est un magnifique épagneul qui s'est bien remis d'un petit malaise.»

Prendre langues avec l’autre

ALEXANDRA SCHWARTZBROD 

Le 11 janvier, la télévision l’a immortalisé distribuant aux manifestants qui convergeaient vers la place de la République des affichettes sur lesquelles on pouvait lire «Je suis Charlie» en français, en arabe («ana Charlie») et en hébreu («ani Charlie»).Pour Gérard, être présent ce jour-là dans la foule avec ce message en trois langues était une évidence : «l’esprit Charlie», tant décrié aujourd’hui par certains, il le pratique au quotidien depuis qu’il a contribué à créer, il y a onze ans, l’association Parler en paix, qui enseigne l’arabe et l’hébreu. «Pendant la dernière Intifada, au début des années 2000, je participais aux réunions de Shalom Ahshav [la Paix maintenant, ndlr], un mouvement qui milite pour la paix entre Israéliens et Palestiniens, mais on était quelques-uns à sentir que le militantisme ne faisait plus rien avancer et, pire même, qu’il nous enfermait. On a eu envie de créer quelque chose de concret et d’utile, c’est ainsi que l’idée de Parler en paix est née. Etudier l’hébreu et l’arabe tous ensemble, chrétiens, juifs, musulmans, athées, agnostiques, croyants, non-croyants, c’est la meilleure façon d’apprendre à se connaître et à échanger, bien plus efficace que de nous perdre dans des débats stériles.»

samedi 23 mai 2015

Un rapport plaide pour une médecine du travail "light" pour le salarié lambda

26.05.2015

Suppression de la visite d'aptitude et espacement des visites obligatoires... Le député PS de l'Isère Michel Issindou propose de revoir de fond en comble les obligations de visite médicale au travail. Son rapport a été remis la semaine dernière au ministre du Travail François Rebsamen. Il sera présenté jeudi au Conseil d'orientation sur les conditions de travail (COCT).

vendredi 22 mai 2015

Du mariage considéré comme un des beaux-arts

Julia Kristeva

Philippe Sollers Julia Kristeva

 

Philippe Sollers :

« Je n'ai jamais songé à me marier. Sauf une fois. Et une fois pour toutes.
Cette aventure singulière, et très passionnée, méri­tait, je crois, d'être racontée en détail.»

Julia Kristeva :

« Nous sommes un couple formé de deux étrangers. Notre différence nationale souligne encore mieux une évidence qu'on se dissimule souvent : l'homme et la femme sont des étrangers l'un à l'autre. Or le couple qui assume la liberté de ces deux étrangers peut devenir un véritable champ de bataille. D'où la nécessité d'harmoniser. La fidélité est une sorte d'harmonisation de l'étrangeté. Si vous permettez que l'autre soit aussi étranger que vous-même, l'harmonie revient. Les « couacs » se transforment alors en éléments de la symphonie. »

Pouvoir refuser un traitement psychiatrique, entre considérations médicales et juridiques

19/05/2015


Depuis l’Antiquité, la question des détentions arbitraires pèse sur les revendications pour une société plus juste, et le célèbre habeas corpus [1] est considéré comme une avancée importante pour accorder le droit avec les libertés fondamentales. Et dans tous les pays, cette question de la libre disposition de son propre corps se repose en psychiatrie, face à la nécessité d’imposer un traitement (voire un enfermement) à un sujet non consentant.
Pour le praticien, cette situation implique alors une décision difficile qui procède d’un équilibre délicat entre l’impératif médical de prendre en charge, au besoin contre son gré, un malade pouvant se révéler dangereux pour lui-même ou/et les autres en cas d’abstention thérapeutique, et l’impératif démocratique de respecter au maximum les libertés individuelles, notamment la faculté de se déplacer à sa guise et celle de se soigner ou non. Il faut donc s’assurer que l’état physique et psychique du patient lui permet d’apprécier sereinement de recevoir ou non un traitement, ce qui demande d’évaluer au mieux le maintien de son discernement pour opérer ce choix.

jeudi 21 mai 2015

Avis de gros de temps de travail sur l’hôpital

ERIC FAVEREAU 


Une grève à l’appel de tous les syndicats… Voilà un unanimisme assez inédit à l’Assistance publique- Hôpitaux de Paris (AP-HP). Ce jeudi, les 38 hôpitaux de l’AP-HP vont en effet tourner au ralenti. Motif invoqué : le projet de réforme des 35 heures porté par Martin Hirsch, directeur général de l’institution. «Le projet ne porte pas sur les 35 heures , rectifie aussitôt Martin Hirsch, mais sur l’organisation du travail.» Une précision très politique, car en ce domaine, le message officiel du gouvernement est martelé : «On ne touche pas aux 35 heures, même à l’hôpital. Mais on s’adapte.»Hirsch le sait. On ne peut lui ôter un certain courage de s’attaquer à ce tabou. «J’ai pris connaissance en septembre des mesures d’économies pour les hôpitaux, nous explique-t-il. On ne pouvait rester les bras croisés. Cela se traduirait automatiquement par un ralentissement de la masse salariale. Que faire ? Supprimer des emplois ? Non, c’est le pari que l’on fait : on préserve les emplois, mais on réfléchit à une meilleure organisation du travail.»

«On ne fera pas baisser le racisme en trouvant des excuses sociologiques aux fanatiques»

ANASTASIA VÉCRIN 

INTERVIEW 
Etre ou ne pas être Charlie. Telle n’est plus la question. Plus de quatre mois après les manifestations du 11 janvier, deux camps s’affrontent pour dire qui est vraiment Charlie. Pour l’un, c’est un républicain, défenseur de la laïcité et du droit au blasphème. Pour l’autre, c’est un islamophobe qui se cache derrière la République pour stigmatiser une partie de la population (thèse du dernier essai de l’historien et démographe Emmanuel Todd). Dans son dernier livre, Eloge du blasphème qui vient d’être publié chez Grasset, l’essayiste Caroline Fourest, qui a travaillé plusieurs années à Charlie Hebdo, répond au procès en islamophobie fait aux caricatures et met en garde contre le détournement de la laïcité à des fins identitaires.
Vous défendez la liberté d’expression, pourquoi est-il devenu presque blasphématoire de dire «Je ne suis pas Charlie» ?
Il ne s’agit pas d’interdire ni de censurer ceux qui refusent de soutenir la liberté de ton de dessinateurs ou des journalistes assassinés par des terroristes, ce que voulait dire «Je suis Charlie», mais a-t-on le droit de leur répondre ? Entendre des gens déformer l’intention de ces dessins, nier leur contexte, c’était déjà pénible avant. C’est devenu extrêmement douloureux après les attentats. J’ai ressenti le besoin, une urgence folle, d’armer de mots ceux qui veulent faire bouclier contre ces confusions, qui peuvent finir par des balles.
Le livre commence par une sorte de typologie des façons de refuser d’être Charlie. Elles n’ont pas toutes la même intention. Il y a des gens de bonne foi qui n’ont pas compris l’importance de faire cette couverture de Luz, «Tout est pardonné», une semaine après le massacre. Il y a des artistes qui ont considéré que c’était «mettre de l’huile sur le feu».

Cannes 2015 : "Chronic", Tim Roth bouleversant infirmier dans un film dépouillé

francetvinfo Par Pierre-Yves Grenu   22/05/2015 
"Chronic" de Michel Franco

Le réalisateur mexicain Michel Franco s'attaque à un sujet dramatique : la fin de vie et son accompagnement. Son personnage principal, Tim Roth, est remarquable dans la peau d'un infirmier qui cache bien ses fêlures

Il a le geste juste, précis. A la fois ferme et délicat. La toilette de cette jeune femme en phase terminale au corps décharné est un acte qui exige professionnalisme et humanité. L'infirmier que nous suivons depuis de longues minutes sur l'écran, c'est Tim Roth. Totalement convaincant, il pourrait presque nous faire croire qu'il exerce ce métier depuis toujours. 


L’Ordre des psychologues s’attaque aux faux psychothérapeutes

métro Par Stéphanie Marin 20/05/2015
QUEBEC 
MONTRÉAL – L’Ordre des psychologues du Québec a commencé à faire le ménage et à sévir contre ceux qui se prétendent faussement psychothérapeutes: il vient de déposer ses toutes premières poursuites pour exercice illégal de la profession.

Deux plaintes ont été autorisées par des juges et d’autres suivront sous peu, a fait savoir l’Ordre, mercredi.

Depuis que le projet de loi 21 a été adopté et est entré en vigueur en 2012, l’Ordre a le pouvoir de faire cesser l’exercice illégal de la psychothérapie.
Et le travail ne manquera pas: depuis 2010, il a reçu 847 signalements.

L’Ordre explique que parce qu’il s’agit d’une activité «à haut risque de préjudice pour le public», surtout pour les personnes déjà vulnérables, seuls ceux qui sont médecins, psychologues ou qui détiennent un permis de psychothérapeute peuvent offrir du soutien psychologique de cette nature. La loi de 2012 prévoit ainsi que la psychothérapie est désormais «un acte réservé» à ces seules personnes.

Ce pouvoir de poursuivre ceux qui se prétendent psychothérapeutes sans aucune qualification était demandé et souhaité par l’Ordre depuis longtemps, a déclaré en entrevue avec La Presse Canadienne la présidente Rose-Marie Charest.
Car avant 2012, «l’Ordre ne pouvait rien faire», a-t-elle ajouté.


A l’hôpital Tenon, l’angoisse de la fin des 35 heures

LE MONDE Par 

Dans la salle de réveil de l’hôpital Tenon, à Paris (20e).

Dans la salle de repos du service anesthésie-réanimation de l’hôpital Tenon, dans le 20e arrondissement de Paris, déserte en ce lundi après-midi de mai, un tract syndical sur une table basse rappelle discrètement ce qui enflamme toutes les discussions depuis plus d’une semaine. « La suppression des RTT ne passera pas ! », « Même pas en rêve tu touches à mes RTT », peut-on y lire.

A une très forte majorité, les 50 infirmiers, infirmiers anesthésistes et aides-soignants du service avaient prévu de se déclarer grévistes jeudi 21 mai pour protester contre la réorganisation du temps de travail des 75 000 salariés non médecins de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). Une journée de mobilisation que les organisations syndicales, unanimes dans leur rejet du projet, qualifient déjà d’« historique », avec des taux de mobilisation « exceptionnels, supérieurs à 50 % », contre cette réforme dont la mise en place est envisagée au 1er janvier 2016.

Fibromyalgie : «On a l’impression d’avoir mal à l’intérieur des os»

ELSA MAUDET 

Blandine Bouedo avait coutume d’appeler ses douleurs ses «H21».«Les trois autres heures, c’était quand je dormais. Et je dormais parce que je tombais d’épuisement», raconte-t-elle. Cette infirmière en psychiatrie de 55 ans est atteinte de fibromyalgie. Un syndrome caractérisé par des douleurs chroniques diffuses dans tout le corps, une grande fatigue et des troubles du sommeil, dont c'est ce mardi la journée mondiale. Selon la Haute Autorité de santé (HAS), entre 1,4% et 2,2% des Français seraient fibromyalgiques, des femmes dans 80% à 90% des cas. «On a l’impression d’avoir mal à l’intérieur des os, comme si on recevait des décharges électriques», illustre Blandine.