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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

samedi 3 mars 2012


Lancement d’une campagne sur « le bon usage » du médicament

Le ministère de la Santé lance une campagne nationale d'information visant à sensibiliser les Français, premiers consommateurs européens de médicaments, au « bon usage » de ces « produits pas comme les autres. » 

« Les médicaments, ne les prenez pas n'importe comment. » Tel est le slogan de la campagne nationale de sensibilisation et d’information sur« le bon usage du médicament » qui sera lancée ce vendredi 2 mars par le ministre de la santé. Présentant ce matin, en conférence de presse, les grands axes de cette campagne, le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, a eu ce commentaire : « En France on consomme trop de médicaments, il y a trop de médicaments et, pour beaucoup, on les paie trop cher. »
« Les Français, a-t-il rappelé, ont un rapport particulier au médicament », soulignant que notre pays reste champion de la consommation de médicaments en Europe. Selon une étude de la Dress, chaque Français a effectivement consommé, en 2010, en moyenne 48 boîtes de médicaments. Une consommation supérieure de 40 % à la moyenne observée dans sept pays européens (Allemagne, Danemark, Espagne, Italie, Pays-Bas, Royaume-Uni et Suisse). Un rapport récent de l'agence du médicament (Afssaps) a par ailleurs montré que les Français restaient notamment de gros consommateurs de benzodiazépines (anxiolytiques ou somnifères) - chaque année, un Français sur cinq consommant au moins une molécule de ce type.

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HÔPITAL PSYCHIATRIQUE

Belle-Idée: un pavillon spécial pour renforcer la sécurité

Par Isabel Garcia-Gill . Mis à jour le 01.03.2012 


L’Hôpital veut améliorer la prise en charge de certains patients. Entretien avec le chef du Département de psychiatrie des HUG.
Le jeune homme schizophrène qui s’est joué, du moins pendant un certain laps de temps, de la sécurité de l’Aéroport de Genève (lire nos éditions d’hier) est un patient de l’Hôpital psychiatrique de Belle-Idée. Dont il s’est enfui trois fois. Il a par ailleurs commis un vol dans un hôtel genevois, a dérobé une voiture et l’a démolie. Comment tout cela a-t-il pu se produire? Pourquoi Belle-Idée, où l’on parle aussi de trafic de drogue et de nombreuses fugues, ne garde-t-il pas mieux ses patients? Le tuteur du jeune homme et la direction des Tutelles d’adultes n’ont pas souhaité nous répondre. En revanche, le professeur Panteleimon Giannakopoulos, chef du Département de psychiatrie des HUG, évoque des pistes pour améliorer la situation.
Pr Giannakopoulos, ce patient a fugué de Belle-Idée à plusieurs reprises. Comment se fait-il qu’un malade ne puisse être retenu dans cet hôpital alors qu’il nécessite un traitement?
Avec la loi genevoise, ce qui fait foi pour une hospitalisation non volontaire en psychiatrie, ce n’est pas la nécessité d’un traitement médical mais la dangerosité de l’individu et la présence d’une pathologie psychiatrique. La seule exception à cette pratique, c’est si vous avez une obligation d’hospitalisation ordonnée par un juge. Un patient ne peut être soumis à un traitement de force qu’avec l’ordonnance du juge, ce qui ne se produit que dans des cas très graves, par exemple des alcooliques qui, en plein délire, mettent le feu à leur domicile. Ces cas passent par une expertise psychiatrique et réclament une série de démarches administratives lourdes. On ne traite ainsi que les démences profondes.
Est-ce normal et toléré que les patients consomment de la drogue alors qu’ils sont à Belle-Idée et que des substances circulent sous le manteau?
La circulation des drogues et de l’alcool est connue, même si nous fournissons un travail considérable. Nous comptons environ 4000 admissions par année et le séjour des patients est de 4 à 5 jours en moyenne. Belle-Idée est par ailleurs un domaine ouvert où nous disposons d’un système de sécurité, mais où il peut y avoir du trafic. En outre, nous ne pouvons pas garder tous nos patients enfermés. Cela susciterait une situation explosive et un hôpital psychiatrique ne peut pas être une poudrière. Nous comptons avec des unités de soins contre les addictions. Il nous est arrivé de devoir renvoyer de ces unités certains patients pratiquant le trafic de drogue auprès des autres patients.
Comment envisagez-vous de mettre fin à ces trafics?
Nous avons ébauché une solution: un projet de création d’un nouveau bâtiment sur le domaine même de Belle-Idée, où la sécurité sera renforcée. Ce pavillon sera mieux protégé que les autres, avec un système de carte magnétique et de sas à l’entrée. Tout le bâtiment sera édifié sur des bases très modernes, avec un concept architectural du XXIe siècle. L’ensemble de Belle-Idée demeure un peu vétuste, car cet hôpital a été construit au XIXe siècle et a dû s’adapter aux nouvelles conditions législatives et sociologiques du XXe siècle.
S’agit-il d’un projet complémentaire à Curabilis, centre de détention psychiatrique qui sera inauguré près de Champ-Dollon?
Ce pavillon de Belle-Idée n’est pas destiné aux grands criminels de droit pénal. Il s’agit de garder des patients qui nécessitent un traitement, avec privation de liberté, dont nous parlions au début de notre entretien. Curabilis sera une dépendance de la prison de Champ-Dollon, en fonction dès octobre 2013, sous la responsabilité du Département de psychiatrie pour la partie des soins. Quant à notre pavillon sécurisé, il sera entièrement sous ma responsabilité et celle de l’Hôpital. Notre projet est encore à l’étude.
Quelle collaboration établissez-vous avec la police genevoise?
Nous avons des contacts assez fréquents et très efficaces avec la police. Dans les rares cas où nous lançons des avis de recherche, les policiers réagissent tout de suite et nous aident à retrouver les patients en errance. Je tiens à souligner leur efficacité et leur excellente formation pour traiter avec des malades mentaux. Par rapport à d’autres pays, la police genevoise est très bien outillée pour faire un travail social de qualité.

Qualité de la prise en charge médicamenteuseDouze événements qui ne devraient jamais arriver

29.02.12 - 12:36 - HOSPIMEDIA 
Une circulaire datée du 14 février relative au management de la qualité de la prise en charge médicamenteuse en établissement de santé, rendue publique le 28 février, complète le nouveau référentiel diffusé par arrêtéen avril dernier (lire notre brève du 19/04/2011). "Le référentiel fixe des exigences et non plus des modes opératoires", lit-on dans la circulaire qui, elle, présente les actions prioritaires à mettre en œuvre et les dispositifs d'accompagnement et d'évaluation. "Il appartient à chaque établissement d’organiser son propre programme d'actions en fonction de l'état des lieux et de l'étude des risques qu’il aura établie", rappelle la DGOS dans ce texte. Toutefois, pour guider les établissements, elle fournit une liste des douze "événements qui ne devraient jamais arriver" liés à des médicaments et des organisations. Charge aux établissements de s'approprier cette liste et de décliner en priorité des actions de prévention.
Un guide d'accompagnement est en sus mis à la disposition des professionnels sur le site du ministère de la Santé (voir le dossier consacré). Sans caractère exhaustif, il livre des outils et bonnes pratiques existantes, proposées par différentes institutions et opérateurs de santé nationaux et internationaux, et classés en neuf objectifs (études des risques, analyse des risques, actions d’amélioration, évaluation, déclaration, communication, réglementation, éléments bibliographiques, informatisation).
P.H.

STRASBOURG - Le prévenu se suicide en prison

Mis à jour le 29.02.12 à 06h04
Il était incarcéré à la maison d'arrêt de l'Elsau après un « car-jacking » mortel dans les Vosges du Nord en décembre. Julien Wittisches s'est suicidé dans sa cellule en s'asphyxiant à l'aide d'un sachet durant la nuit de lundi à mardi. Selon David Daems, secrétaire régional de FO-pénitentiaire, les surveillants « n'ont fait preuve d'aucun manquement au règlement ». Une enquête est néanmoins en cours. Ce Haut-Rhinois de 25 ans avait agressé son ex-compagne le 13 décembre à Zinswiller avant de prendre la fuite. Se sachant recherché, il avait erré quatre jours avant d'être arrêté du côté d'Oermingen. Durant sa cavale, il aurait tué un père de famille de 42 ans afin de lui dérober sa voiture.P. W.

STRASBOURG - Le prévenu se suicide en prison

Mis à jour le 29.02.12 à 06h04
Il était incarcéré à la maison d'arrêt de l'Elsau après un « car-jacking » mortel dans les Vosges du Nord en décembre. Julien Wittisches s'est suicidé dans sa cellule en s'asphyxiant à l'aide d'un sachet durant la nuit de lundi à mardi. Selon David Daems, secrétaire régional de FO-pénitentiaire, les surveillants « n'ont fait preuve d'aucun manquement au règlement ». Une enquête est néanmoins en cours. Ce Haut-Rhinois de 25 ans avait agressé son ex-compagne le 13 décembre à Zinswiller avant de prendre la fuite. Se sachant recherché, il avait erré quatre jours avant d'être arrêté du côté d'Oermingen. Durant sa cavale, il aurait tué un père de famille de 42 ans afin de lui dérober sa voiture.P. W.

Accompagnement à la sortie de maternitéMontée en charge du dispositif PRADO

28.02.12 - 18:06 - HOSPIMEDIA 
L'assurance maladie entend généraliser d'ici à la fin de l'année le Programme d'accompagnement du retour à domicile (PRADO), expérimenté depuis 2010, pour favoriser le suivi des accouchées et de leurs enfants par une sage-femme libérale dans le cadre d'un retour plus rapide dans leur foyer.
Le dispositif PRADO semble connaître une réelle montée en charge car l'assurance maladie entend "généraliser à l'ensemble du territoire d'ici à la fin 2012" ce programme, a indiqué Catherine Bismuth, directrice des assurés à la Caisse nationale d'assurance maladie des travailleurs salariés (CNAMTS) à Hospimedia. Initialement expérimenté dans trois départements, les Yvelines, la Haute-Savoie et l'Ille-et-Vilaine, il est proposé à la fin janvier 2012 dans les Yvelines, le Maine-et-Loire, les Alpes-Maritimes, le Gard, le Rhône, le Var, l'Isère, le Bas-Rhin, le Vaucluse, les Hauts-de-Seine, l'Hérault et les Bouches-du-Rhône. "Au total, une vingtaine d'établissements sont concernés", a précisé Catherine Bismuth.
Fort taux de participation et de satisfaction
Le PRADO concerne, sur la base du volontariat, les mères ayant accouché par voie basse d'un enfant unique sans complications. "Une conseillère de la [Caisse primaire d'assurance maladie] CPAM rend visite aux femmes à la maternité, les informe du programme lorsqu'une sortie est envisageable et leur propose une liste de sages-femmes libérales exerçant à proximité", explique Catherine Bismuth, qui appuie sur le fait que cette sortie ne peut être effective qu'après décision du service hospitalier. Un rendez-vous est ensuite organisé au domicile avec la professionnelle de santé choisie.
Près de 5 000 femmes ont accepté d'être suivies dans ce cadre, ce qui représente "à la fin janvier un taux de participation de 86% des femmes sollicitées", indique la directrice des assurés, soulignant que ce taux n'était que de 60% au début de l'expérimentation. "Cela montre que le PRADO correspond manifestement à un besoin des mères", estime Catherine Bismuth, qui rappelle que la durée de séjour en maternité a diminué ces dix dernières années dans tous les pays de l'OCDE (lire notre brève du 13/04/2010).
Extension du PRADO dans un avenant de la convention des sages-femmes
Alors que le début de l'expérimentation avait suscité des oppositions chez les principaux syndicats de sages-femmes (lire notre brève du 28/02/2011), certains appelant même au boycott du dispositif, les organisations professionnelles semblent aujourd'hui ralliées au principe du PRADO et attentives aux modalités de sa généralisation. Ainsi, le programme fait l'objet d'un axe de l'avenant à la convention collective des sages-femmes signé le 9 janvier dernier par l'Union nationale et syndicale des sages-femmes (UNSSF) et l'Organisation nationale des syndicats de sages-femmes (ONSSF), mais non encore publié au Journal officiel. À cette occasion, l'UNSSF avait souligné dans uncommuniqué que cette généralisation du PRADO était "une étape permettant une meilleure connaissance de [la] profession par les assurés". Militant pour "une prise en charge plus cohérente entre l’ante et le post natal", le syndicat indique avoir "obtenu l’expérimentation d’une mise en relation avec la sage‐femme en anténatal dans plusieurs départements". Ce volet anténatal est aussi évoqué par l'ONSSF dans une lettre à ses adhérents. "Il débutera (...) de façon expérimentale dans trois départements et concernera les primipares avec la perspective de généralisation à tout le territoire en 2013", indique l'organisation.
Interrogée par Hospimédia, Marie-José Keller, présidente du Conseil national de l'ordre des sages-femmes (CNOSF), a également témoigné de "remontées positives du terrain" après des "débuts parfois hésitants au début de l'expérimentation dans certains départements", emportant "les réserves des professionnels qui avaient surtout pointé au début le manque de concertation". Elle a néanmoins indiqué que la profession serait attentive à la mise en œuvre du volet de l'avenant à la convention collective du 9 janvier relatif à la régulation des installations des sages-femmes sur le territoire. "Des limitations démographiques trop drastiques pourraient empêcher le dispositif PRADO dans certaines zones", a-t-elle souligné.
Fortes réserves du CNGOF
Enfin, s'il prend acte de l'extension du PRADO et des taux de satisfaction importants des femmes suivies, le président du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF), le Pr Francis Puech, nourrit néanmoins de nombreuses critiques envers le programmea-t-il indiqué à Hospimedia. Il a rappelé que le collège "ne voyait pas d'obstacle médical, sauf cas particuliers, à une sortie de maternité (...) à J+3, si cette sortie était souhaitée par le couple, si les conditions étaient favorables et non uniquement pour des raisons économiques", comme l'avait indiqué un communiquédiffusé fin janvier, soulignant la "nécessité d’un accompagnement qui dépasse le 7e jour". Cependant, le CNGOF avait "douté de l'efficacité du dispositif PRADO en terme de santé publique" en raison notamment d'une "non-prise en compte de l’organisation mise en place dès la sortie de maternité". "Cette politique a d’ores et déjà pour conséquence, sur certains des sites '"expérimentés", une déstructuration de l’organisation actuelle, notamment en imposant des réseaux de sages-femmes libérales qui ne sont pas bien coordonnés avec les maternités", a ainsi estimé le CNGOF.
Caroline Cordier

dimanche 26 février 2012


Les Livres de Psychanalyse



PSYCHANALYSE ET PSYCHOSOMATIQUE. Le corps et l'écrit

Monique Liart


Février 2012 - L'harmattan - 21 €

Selon la théorie lacanienne, le phénomène psychosomatique est une lésion corporelle dont la causalité est psychique. A la limite de nos élaborations conceptuelles, ce phénomène ne répond pas à l'interprétation signifiante, car il est du registre de l'écrit, du hiéroglyphe. Il s'imprime à même le corps. Il opère donc comme un nombre : comptage d'une jouissance inconnue du sujet. A défaut de pouvoir promettre de guérir le phénomène psychosomatique, la psychanalyse peut apprendre au sujet à déchiffrer ce sceau énigmatique.

Les Livres de Philosophie


Les airs de famille. Une philosophie des affinités

François Noudelmann


Février 2011 - Gallimard - Collection blanche 

Les ressemblances de famille s'attachent à des motifs saugrenus : la forme d'un nez, un grain de beauté, une allure décidée, mais aussi un tempérament sexuel ou une maladie héréditaire. Relier des êtres qui se ressemblent – l'enfant à ses parents, l'animal à sa race – confirme l'ordre du monde. Chacun trouve sa place dans le déroulé des filiations.
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Les Livres de Philosophie



Note préparatoires à "L'essence de la manifestation" : la subjectivité

Revue internationale Michel Henry n°3 - 2012


Mars 2012 - Presses universitaires de Louvain 

À l'occasion du dixième anniversaire de la mort du philosophe français, le Fonds Michel Henry de l'Université de Louvain consacre le troisième numéro de sa Revue Internationale à la question de la subjectivité, et offre au lecteur près de quatre cent feuillets de notes préparatoires à son œuvre maîtresse de 1963, L'essence de la manifestation. En des temps de déconstruction généralisée de toute « philosophie du sujet », Michel Henry notait pour lui-même : « Nous avons encore cette tâche, si paradoxal que cela puisse paraître : découvrir la subjectivité ». Mais quelle figure de la subjectivité reste-t-il donc à « découvrir », en quoi cette découverte résiste-t-elle à ses mises en question successives et comment situer un tel projet dans l'espace de la tradition phénoménologique dont M. Henry n'aura jamais cessé de se revendiquer et dont il est aujourd'hui considéré comme l'un des principaux représentants ? Autant de questions que ces textes jusqu’ici inédits — en révélant l’arrière-fond, parfois surprenant, d’une pensée souvent considérée à tort comme dogmatique et monolithique — permettent de reposer, et dont il s’agit d’évaluer la portée, les enjeux, et finalement l’actualité.
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“Actualités de la psychanalyse”


Discussion autour du film : A DANGEROUS METHOD avec Geneviève Morel

A DANGEROUS METHOD de David Cronenberg, GB/Allemagne/Suisse, 1h39. Une discussion animée par Geneviève Morel (psychanalyste). En partenariat avec l'ALEPH (association pour l'Etude de la psychanalyse et de son Histoire).

Sherlock Holmes, enquêteur freudien

Traversée | LE MONDE DES LIVRES | 16.02.12 |
Couverture de l'ouvrage d'Emmanuel Le Bret, "Conan Doyle contre Sherlock Holmes" (Les Editions du Moment).
Couverture de l'ouvrage d'Emmanuel Le Bret, "Conan Doyle contre Sherlock Holmes" (Les Editions du Moment).LES EDITIONS DU MOMENT

Dans un magistral essai de 1979, Crisi della ragione (dont un extrait fut publié en 1980, par la revue Le Débat, sous le titre "Signes, traces, pistes. Racines d'un paradigme de l'indice"), Carlo Ginzburg remarquait que, vers la fin du XIXe siècle, le champ des sciences humaines et de la littérature avait vu l'émergence d'un modèle de pensée qui renvoyait à l'idée que la société humaine était partagée entre quête rationnelle et attirance vers l'occulte, entre esprit logique et délire paranoïaque.

Et pour définir ce qu'il appelait le "paradigme de l'indice" - c'est-à-dire une chose trouble et dérangeante -, il associait trois noms : Giovanni Morelli (1816-1891), inventeur d'une méthode susceptible de distinguer les oeuvres d'art des imitations, et donc de dépister les faussaires ; Sigmund Freud, fondateur d'une science de l'inconscient accordant à des éléments insignifiants une valeur déterminante (lapsus, actes manqués, rêves, etc.) ; et Sherlock Holmes, célèbre détective, passé maître dans l'art de résoudre une énigme par la simple observation de quelques traces : cendres, poils, fils de tissu, poussière, lambeaux de peau...
S'il est exact de dire que toute la fin du XIXe siècle fut hantée par l'irruption d'un discours narratif, fondé autant sur la soumission au positivisme que sur la fascination pour les signes de l'anormalité, il est insolite de constater qu'un personnage de fiction, Sherlock Holmes, a pu devenir à ce point réel que l'on a presque oublié le nom de son créateur : Sir Arthur Conan Doyle (1859-1930), écrivain victorien, né à Edimbourg, disciple d'Edgar Poe, médecin engagé en Afrique du Sud contre les Boers, rebelle et visionnaire, et qui épousa aussi passionnément la cause du spiritisme que celle de sa mère, à laquelle il obéissait en toutes choses.
C'est en s'inspirant de cette thématique du double obscur qu'Emmanuel Le Bret montre dans un essai biographique comment Conan Doyle fut contraint, sa vie durant, de faire exister Sherlock alors qu'il rêvait d'être l'égal de Walter Scott ou d'Alexandre Dumas. Sir Arthur accordait beaucoup plus d'importance à ses romans, à ses essais et à son théâtre - oeuvre immense que plus personne ne lit aujourd'hui - qu'à la saga du détective, son double maudit...
Né en 1854, Sherlock, célibataire endurci et violoniste mélancolique, au physique longiligne, amateur d'opium, de tabac et de combats martiaux, apparaît pour la première fois en 1887 dans Une étude en rouge, flanqué de son biographe, le docteur John Watson, avec lequel il partage un appartement situé à Londres, au 221b Baker Street. Jamais, sous la plume de Doyle, il ne prononcera la phrase qu'on lui attribuera dans un film de 1929 : "Elémentaire, mon cher Watson".
Au fil des années, et grâce au Strand Magazine, qui lui sert de support, Sherlock raconté par Watson peaufine sa méthode à travers une longue série de feuilletons vendus à plus de trois cent mille exemplaires : Au pays des mormons, Le Signe des quatre, Les Aventures de Sherlock Holmes, etc.
Sans cesse confondu avec son héros, Conan Doyle, exaspéré, décide en 1893 de le faire mourir, à l'âge de 39 ans, au bord des chutes de Reichenbach, en Suisse, dans un combat singulier avec son pire ennemi, le professeur James Moriarty, incarnation de la mauvaise science et surnommé le "Napoléon du crime" : "Aussitôt, écrit Le Bret, la rumeur enfle (...) et quantité d'inconnus se mettent en grève (...) ou portent un brassard de crêpe noir."
Pendant dix ans, Doyle se sent libéré de son mal intérieur : "Je ne pourrais lefaire revivre, au moins pour quelques années. J'ai une telle overdose de lui - comme un pâté de foie gras dont j'aurais trop mangé - que l'évocation de son nom me donne encore la nausée."
Et pourtant, en 1903, honteux d'avoir fait triompher le mal (Moriarty), il ressuscite son héros, d'abord dans Le Chien des Baskerville, dont il situe l'action avant la mort de Holmes, puis dans une série de nouvelles aventures. Le monde anglophone soupire d'aise et le Strand Magazine double ses abonnements. Plus jamais Sir Arthur ne fera disparaître Sherlock. Au total, il lui aura consacré quatre romans et cinquante-six nouvelles (le "canon"), le tout traduit en cent dix langues. A quoi s'ajoutent, quatre-vingts ans après sa mort, deux cents films, deux mille pastiches, des centaines de romans, plusieurs musées et une prolifération d'instituts d'holmésiologie, répartis dans le monde et voués à l'étude du "canon" et de ses variantes.
Parmi eux, la société holmésienne de Chicago, longtemps présidée par Ely M. Liebow, auteur d'un roman féministe, Sept femmes contre Edimbourg (traduit par Françoise Jaouën, Baker Street éditeur, 400 p., 21 €), qui met en scène le véritable docteur Joe Bell, l'un des modèles de Sherlock.
De son côté, s'inspirant de la thèse de Carlo Ginzburg, Dominique Meyer-Bolzinger montre que Sherlock, mi-savant, mi-sorcier, anticipe l'approche psychanalytique : en effet, sa méthode d'investigation se réfère à une clinique des signes contemporaine de Joseph Babinski (1857-1932), inventeur d'une sémiologie lésionnelle qui le conduira à isoler le fameux signe du réflexe inverse du gros orteil, permettant de déceler une lésion de la voie pyramidale. Notons au passage que ce génial neurologue, très "sherlockien", était un être double, aussi positiviste que fasciné par les phénomènes de télépathie.
Dominique Meyer-Bolzinger étudie le profil de deux successeurs de Sherlock : Hercule Poirot, qui accompagna Agatha Christie pendant cinquante-cinq ans (1920-1975), et Jules Maigret, qui fut, de 1931 à 1972, l'ombre de Simenon. L'un et l'autre, selon elle, auraient lié le "paradigme indiciel" à la psychanalyse, contribuant ainsi à une "pérennité psychique" du modèle holmésien. La thèse se trouve d'ailleurs reprise par le psychanalyste Patrick Avrane dans Sherlock Holmes & Cie. Détectives de l'inconscient (Campagne première, 200 p., 20 €), qui compare la position du psychanalyste à celle d'un détective de l'âme.
A tous les lecteurs souffrant de dépression, on recommandera le roman jubilatoire de Jean-Marcel Erre, Le Mystère Sherlock. A la manière d'un David Lodge qui aurait adopté le style de Raymond Roussel, l'auteur relate la saga de dix éminents universitaires holmésiens réunis en congrès à l'Hôtel Baker Street de Meiringen, village situé dans le canton de Berne où rôde le fantôme de Moriarty.
Chacun rivalise dans l'art de la déduction, du pastiche et de l'indice. Survient alors une avalanche. Quand les pompiers arrivent, ils trouvent dix cadavres allongés derrière la porte d'entrée. Qui les a assassinés ? Au terme d'une enquête menée tambour battant, le commissaire Lestrade croit résoudrel'énigme. Mais connaît-il la vraie vérité ?
Pour le savoir, on pourra enfin se reporter à un roman célèbre, La Solution à 7 %(Robert Laffont, 1975, disponible en poche aux éditions J'ai lu), tiré d'un prétendu manuscrit inédit de Watson et rédigé en fait par Nicholas Meyer, un freudo-holmésien convaincu. Se substituant au bon docteur, l'auteur raconte comment Sherlock, gavé de cocaïne, se rendit à Vienne, vers 1891, pour se faire soignerpar Freud. Celui-ci découvrit dans l'inconscient de son patient un souvenird'enfance qu'il préféra laisser enfoui ne sachant pas s'il s'agissait d'un fantasme ou d'un indice fiable. Toujours est-il que Moriarty, le savant démoniaque, était là dans le lit de la mère du détective.
On ne trouve à Londres aucune trace de cette visite : ni au Freud Museum, ni au Sherlock Holmes Museum. Avis aux amateurs d'énigmes.
Elisabeth Roudinesco

Ouvrages

Conan Doyle contre Sherlock Holmes, d'Emmanuel Le Bret
Ecrivain et essayiste, Emmanuel Le Bret analyse les relations complexes entre Sir Arthur Conan Doyle, rénovateur du roman policier et adepte du spiritisme, et son héros devenu plus célèbre que lui. Sa vie durant, il eut à souffrir de son double littéraire, génial détective, au point de le faire mourir. Et être ensuite contraint de le ressusciter.
Les Editions du Moment, 200 p., 18,50 €.

La Méthode de Sherlock Holmes. De la clinique à la critique, de Dominique Meyer-Bolzinger
Universitaire et spécialiste du roman policier, l'auteur examine les rapports entre la méthode de Sherlock Holmes, fondée sur l'analyse des indices, et la clinique médicale de la fin du XIXe siècle, la neurologie notamment, pour montrer qu'elle anticipe l'approche psychanalytique inventée par Sigmund Freud.
Campagne Première, 198 p., 20 €.

Le Mystère Sherlock, de J.M. Erre
Le romancier J.M. Erre imagine un congrès réunissant dix éminents "holmésiens" au coeur d'un village suisse. Après une avalanche, ils sont transformés en cadavres, et c'est un commissaire, sorte d'Hercule Poirot moderne, qui tente de résoudre l'énigme. Non loin de là, rôde le fantôme du méchant James Moriarty, double maléfique de Sherlock Holmes, refoulé dans les profondeurs de son inconscient.
Buchet-Chastel, 328 p., 20 €.



Guy Baillon





Le pouvoir, la psychanalyse, la psychiatrie, et le désir "d'interdire"

Alors que "le pouvoir", par le biais de l'interdiction de la psychanalyse, semble s'inviter dans le débat de fond sur la santé, en réalité, il poursuit d'autres buts! Certes la santé est aujourd'hui en grand péril, ceci en vérité pour cause de restriction budgétaire et surtout d'incohérence dans la politique choisie par l'Etat. En fait, en arrière-plan, le pouvoir veut faire partager par tous les citoyens une "idéologie" inquiétante qu'il nous appartient de dévoiler.

Qu'est ce donc que la psychanalyse? Certes pas un dogmatisme, contrairement aux discours du député Fasquelles, même si certains de ses acteurs se sont montrés dogmatiques, il y a là comme ailleurs des hommes dogmatiques.

En fait, la psychanalyse telle qu'elle a été inventée par Freud n'est pas un traitement, c'est d'abord une "recherche''. Cette recherche est une invitation faite à l'homme de "penser": penser sur soi, penser sur l'autre, et à partir de là, se rendre compte que certains aspects de son psychisme lui échappent au quotidien, une part qui ne lui est pas consciente, et qu'il lui est très utile au moyen de la pensée de découvrir cette part inconsciente de lui-même pour mieux se comprendre et mieux s'épanouir.

Cette invitation n'a rien d'un impératif, chacun en use comme il veut. En même temps, l'ensemble de notre culture s'est peu à peu inspirée de cette découverte (regardez autour de vous, partout, la littérature, les films, tous les arts en fait s'en inspirent) cherchant à mieux décrire l'homme, en lui donnant accès à plus de liberté!

Et justement ce qui inquiète le pouvoir actuel c'est que la psychanalyse donne accès à la liberté, la première liberté, la liberté de penser. C'est bien ce que redoute le plus le pouvoir actuel chez ses citoyens. En effet depuis 5 ans nous voyons se déployer sur la société française une tentative de maîtrise, de main mise; celle-ci s'est développée en deux étapes.

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A.L.I.

Edito de Charles Melman18/02/2012



Au député Fasquelle

Monsieur le Député,
Vous venez de déposer un projet de loi visant à « l’arrêt de pratiques psychanalytiques dans l’accompagnement des personnes autistes, la généralisation des méthodes éducatives et comportementales et la réaffectation de tous les financements existants à ces méthodes ».
On ne peut que saluer l’intérêt que vous montrez aux démarches faites auprès de vous par des associations de parents d’autistes hostiles à la recherche de facteurs psychogénétiques. Votre projet pose néanmoins deux problèmes, l’un de fait, l’autre de fond.
En fait, la généralisation actuelle du comportementalisme grâce à l’autorité des responsables universitaires a déjà écarté des lieux de soins nombre de psychanalystes. Ainsi votre projet ne peut plus avoir grand effet sur le terrain. À titre d’anecdote je vous raconterais que j’ai fondé avec des collègues hautement spécialisés une Association nommée PréAut et consacrée à la prévention de l’autisme infantile. Sa visée était d’informer le corps des pédiatres sur trois signes simples susceptibles de leur faire dépister précocement une entrée du bébé dans l’autisme. Une enquête épidémiologique aurait permis de vérifier statistiquement si, comme on le voit volontiers, une intervention psychologique faite avant 18 mois permet d’arrêter le processus.
Bien qu’elle nécessite peu de moyens financiers et qu’on ne saurait nier la scientificité de l’approche (objectivée par des prises filmées), celle-ci trouva un terrain occupé par des intérêts mandarinaux, idéologiques, financiers avec les labos, qui n’étaient pas prêts à lui laisser la moindre place. Sans doute faudra-t-il qu’un tel projet nous revienne du monde anglo-saxon pour que l’admettent nos revues de référence.
La deuxième remarque concerne le fond. Il n’est pas certain en effet que notre représentation politique soit habilitée à décider en matière de prescriptions psychiatriques. Le formuler ainsi rappelle que les interventions politiques en ce domaine ont rarement été heureuses et qu’une psychiatrie d’État peut être pire que ce qu’elle voudrait réparer.
Je reste à votre entière disposition pour le cas où vous souhaiteriez des informations complémentaires.
Votre dévoué,
Charles Melman