HÔPITAL PSYCHIATRIQUE
Belle-Idée: un pavillon spécial pour renforcer la sécurité
Par Isabel Garcia-Gill . Mis à jour le 01.03.2012
L’Hôpital veut améliorer la prise en charge de certains patients. Entretien avec le chef du Département de psychiatrie des HUG.
Le jeune homme schizophrène qui s’est joué, du moins pendant un certain laps de temps, de la sécurité de l’Aéroport de Genève (lire nos éditions d’hier) est un patient de l’Hôpital psychiatrique de Belle-Idée. Dont il s’est enfui trois fois. Il a par ailleurs commis un vol dans un hôtel genevois, a dérobé une voiture et l’a démolie. Comment tout cela a-t-il pu se produire? Pourquoi Belle-Idée, où l’on parle aussi de trafic de drogue et de nombreuses fugues, ne garde-t-il pas mieux ses patients? Le tuteur du jeune homme et la direction des Tutelles d’adultes n’ont pas souhaité nous répondre. En revanche, le professeur Panteleimon Giannakopoulos, chef du Département de psychiatrie des HUG, évoque des pistes pour améliorer la situation.
Pr Giannakopoulos, ce patient a fugué de Belle-Idée à plusieurs reprises. Comment se fait-il qu’un malade ne puisse être retenu dans cet hôpital alors qu’il nécessite un traitement?
Avec la loi genevoise, ce qui fait foi pour une hospitalisation non volontaire en psychiatrie, ce n’est pas la nécessité d’un traitement médical mais la dangerosité de l’individu et la présence d’une pathologie psychiatrique. La seule exception à cette pratique, c’est si vous avez une obligation d’hospitalisation ordonnée par un juge. Un patient ne peut être soumis à un traitement de force qu’avec l’ordonnance du juge, ce qui ne se produit que dans des cas très graves, par exemple des alcooliques qui, en plein délire, mettent le feu à leur domicile. Ces cas passent par une expertise psychiatrique et réclament une série de démarches administratives lourdes. On ne traite ainsi que les démences profondes.
Est-ce normal et toléré que les patients consomment de la drogue alors qu’ils sont à Belle-Idée et que des substances circulent sous le manteau?
La circulation des drogues et de l’alcool est connue, même si nous fournissons un travail considérable. Nous comptons environ 4000 admissions par année et le séjour des patients est de 4 à 5 jours en moyenne. Belle-Idée est par ailleurs un domaine ouvert où nous disposons d’un système de sécurité, mais où il peut y avoir du trafic. En outre, nous ne pouvons pas garder tous nos patients enfermés. Cela susciterait une situation explosive et un hôpital psychiatrique ne peut pas être une poudrière. Nous comptons avec des unités de soins contre les addictions. Il nous est arrivé de devoir renvoyer de ces unités certains patients pratiquant le trafic de drogue auprès des autres patients.
Comment envisagez-vous de mettre fin à ces trafics?
Nous avons ébauché une solution: un projet de création d’un nouveau bâtiment sur le domaine même de Belle-Idée, où la sécurité sera renforcée. Ce pavillon sera mieux protégé que les autres, avec un système de carte magnétique et de sas à l’entrée. Tout le bâtiment sera édifié sur des bases très modernes, avec un concept architectural du XXIe siècle. L’ensemble de Belle-Idée demeure un peu vétuste, car cet hôpital a été construit au XIXe siècle et a dû s’adapter aux nouvelles conditions législatives et sociologiques du XXe siècle.
S’agit-il d’un projet complémentaire à Curabilis, centre de détention psychiatrique qui sera inauguré près de Champ-Dollon?
Ce pavillon de Belle-Idée n’est pas destiné aux grands criminels de droit pénal. Il s’agit de garder des patients qui nécessitent un traitement, avec privation de liberté, dont nous parlions au début de notre entretien. Curabilis sera une dépendance de la prison de Champ-Dollon, en fonction dès octobre 2013, sous la responsabilité du Département de psychiatrie pour la partie des soins. Quant à notre pavillon sécurisé, il sera entièrement sous ma responsabilité et celle de l’Hôpital. Notre projet est encore à l’étude.
Quelle collaboration établissez-vous avec la police genevoise?
Nous avons des contacts assez fréquents et très efficaces avec la police. Dans les rares cas où nous lançons des avis de recherche, les policiers réagissent tout de suite et nous aident à retrouver les patients en errance. Je tiens à souligner leur efficacité et leur excellente formation pour traiter avec des malades mentaux. Par rapport à d’autres pays, la police genevoise est très bien outillée pour faire un travail social de qualité.
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