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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

lundi 19 décembre 2011


AP-HP cherche infirmières désespérément


Confrontée à une pénurie d’infirmières grave et persistante, l’AP-HP a pris une série de mesures destinées à renforcer son attractivité auprès de soignantes, aussi rares que prisées. Objectif : arriver à couvrir la totalité de ses besoins d’ici 2013.


« La priorité des priorités, c’est l’emploi infirmier. » Ainsi s’est exprimé Christian Poimboeuf, directeur des ressources humaines de l’AP-HP, lors d’une conférence de presse réunissant l’ensemble du comité de direction du plus grand CHU de France, le 15 décembre dernier. La situation est effectivement critique : aujourd’hui, 600 postes infirmiers sont vacants à l’AP-HP. En septembre dernier, on atteignait même les 850 postes vacants. La faute, notamment, à la suppression, le 1er juillet 2011, de la possibilité de partir en retraite anticipée pour les mères de trois enfants justifiant de 15 ans de service public. La mesure a eu « un double effet », explique Christian Poimboeuf : « d’abord le départ des personnels concernés au sein de l’AP-HP, puis l’appel d’air créé en province », qui a provoqué d’autres départs. 
Pas d’autre alternative, dès lors, que de compenser la pénurie par le recours à l’intérim. Une solution « qui nous coûte plus cher », déplore la directrice générale de l’AP-HP, Mireille Faugère. L’Ile-de-France présente en effet une« singularité » : il n’y existe « pas de marché de l’emploi infirmier », observe Christian Poimboeuf. Les candidatures spontanées sont exceptionnelles. Dans ces conditions, « la seule ressource en matière de recrutement provient des écoles », constate le DRH. Or l’AP-HP ne recrute actuellement « que 55% des jeunes diplômés », se désole-t-il. Pour augmenter ce chiffre, le CHU a donc décidé de chercher à créer « un lien très fort entre les groupes hospitaliers (1) et les Ifsi, pour que, dès leur arrivée, les élèves infirmières soient accueillies, que les groupes hospitaliers s’impliquent dans les stages, et que le lien se constitue de manière assez forte pour que le recrutement à la sortie devienne plus naturel ». Cette stratégie commencerait à porter ses fruits : la mobilisation des groupes hospitaliers sur la sortie du mois de novembre a « probablement » permis de gagner « entre 80 et 100 recrutements de plus que ce qui avait été naturellement prévu », selon le DRH. La même démarche sera reconduite pour la sortie du printemps 2012.

Prioritaires pour le logement

Autre axe d’action : le logement. L’AP-HP, qui dispose d’un parc immobilier, a décidé d’orienter sur les métiers sensibles l’attribution des logements sur critères professionnels, « avec, d’ores et déjà, pour la fin de cette année, l’attribution d’une cinquantaine de logements aux emplois les plus difficiles à couvrir », précise Christian Poimboeuf. Une seconde vague, équivalente en volume, suivra mi-2012, l’objectif étant « que la moitié des logements qui se libèrent dans le domaine de l’AP-HP puissent être orientés vers des métiers sensibles : aujourd’hui les infirmières, peut-être demain d’autres métiers ».
Attirer les jeunes diplômés est une chose, garder les professionnels en est une autre. Par les « opportunités » qu’elle offre - en termes d’exercice, de recherche, d’enseignement et de formation continue - « l’AP-HP reste attractive pour les professionnels », relativise sa directrice centrale des soins, Roselyne Vasseur. Mais on y vient « souvent pour s’y faire une carte de visite »  à faire valoir ailleurs en France, admet-elle. Or le turn-over effréné ne fait pas bon ménage avec la spécialisation croissante de la médecine. « Les professionnels qui démarrent avec leur diplôme ont besoin d’une période de formation sur le terrain avant d’être tout à fait opérationnels », explique Roselyne Vasseur. L’AP-HP consacre donc « beaucoup de temps, de moyens et d’énergie » à « tutorer » ces jeunes professionnels. « Nous aimerions autant que faire se peut, les garder un peu plus », lâche Roselyne Vasseur. Comment les fidéliser ? « Cela passe par l’éventail de disciplines, de pathologies et de parcours professionnalisants que nous pouvons offrir », vante-t-elle. Sans oublier « tout ce qui relève des conditions de travail, de l’organisation du travail » : « la collaboration avec les équipes médicales » est ainsi un facteur « extrêmement important », estime-t-elle. Tout comme les perspectives des pratiques avancées, et celles du Programme hospitalier de recherche infirmière et paramédicale, rajoute-t-elle.

Les cadres aussi

Hormis les infirmières, l’AP-HP entend porter ses efforts sur un second métier en 2012 : celui de cadre. Quelque 150 postes de cadres sont actuellement occupés par des faisant fonction au sein de l’AP-HP. « Pour réussir la transformation de l’hôpital (2), nous avons impérieusement besoin d’avoir des cadres formés », plaide Christian Poimboeuf, qui annonce pour 2012 « un dispositif de réflexion, avec les cadres eux-mêmes, sur leur métier et leurs conditions d’exercice professionnel ». 

Cécile Almendros 

1 – Le plan stratégique 2010-2014 de l’AP-HP prévoyait la restructuration des 37 établissements du CHU en 12 groupes hospitaliers, lesquels ont vu le jour au premier semestre 2011.
2 – La restructuration en groupes hospitaliers s’est accompagnée d’une réduction du nombre de pôles : de 170 à 128

ORDRE INFIRMIER: Accord financier entériné par le TGI de Paris

Actualité publiée il y a 7h22mn

Profession
Le Tribunal de Grande instance de Paris a entériné lundi 12 décembre 2011, l'homologation de l'accord amiable signé par le Conseil national de l'ordre des infirmiers avec ses partenaires financiers. Cette décision met fin à la période de conciliation engagée depuis le 22 septembre 2011 à la demande de la présidente du Tribunal de Grande Instance de Paris. Cet accord permet de mettre fin à la situation de cessation des paiements et de nature à assurer la pérennité de l'activité du conseil de l'Ordre.
Cet accord est subordonné à des engagements de restructuration de l’ordre avec regroupement des services administratifs de l'Ordre en un seul bureau régional (soit 23 bureaux au lieu de 104), les entités juridiques des conseils départementaux et régionaux étant conservées. Un plan de sauvegarde de l'emploi sera mis en place avec comme objectif 42 équivalents temps plein alors que l’Ordre avait employé jusqu'à 150 collaborateurs.
 Les missions de service public déléguées par l'Etat qui devront être assumées par l’Ordre, sont :
·         La mission administrative dont l’inscription au tableau et enregistrement au Répertoire Partagé des Professionnels de Santé de tous les infirmiers, pouvoir réglementaire de contrôle des contrats d'exercice, vérification des qualifications professionnelles des infirmiers étrangers souhaitant exercer en France et le contrôle légal des relations des infirmiers avec l'industrie pharmaceutique.
·         La mission morale et déontologique qui comprend la conception et rédaction du code de déontologie des infirmiers, l’adaptation des règles professionnelles de 1993 aux nécessités de la profession en constante évolution technique, économique et sociale, aux rôles des infirmiers à l'égard des malades et dans le système de santé.
·         La mission juridictionnelle : La loi prévoit en effet que les infirmiers puissent être jugés et éventuellement sanctionnés par leurs pairs qui connaissent bien les problèmes soulevés par les malades ou par l'exercice de la profession. Ce rôle juridictionnel s'exerce par l'intermédiaire des chambres disciplinaires de première instance, présidées par un magistrat, et en appel par la chambre disciplinaire nationale, présidée par un Conseiller d'Etat.
·         La mission de consultation : l'Ordre des infirmiers est appelé à donner son avis sur les projets de textes qui lui sont soumis par les Pouvoirs Publics.
·         La mission d'entraide : l'Ordre vient en aide aux infirmiers nécessiteux.
L'Ordre national des infirmiers rappelle l’obligation légale d’inscription des infirmières et des infirmiers et surtout, ce qui a déclenché la discorde, c’est-à-dire le versement de la cotisation à l’inscription.


Transports sanitaires : le gouvernement veut limiter les dépenses

19/12/2011
   
 
Le gouvernement souhaite encadrer les dépenses de transports résultant de prescriptions médicales effectuées dans les établissements de santé et remboursées sur l’enveloppe des soins de ville. Un arrêtéparu le 17 décembre au « Journal officiel » veut limiter cette évolution à 4 % en 2012. « Ce taux de 4 % nous semble une bonne chose et un moteur pour l’optimisation des transports sanitaires, confie Thierry Schifano, président de la Fédération nationale des transporteurs sanitaires (FNTS). Il est désormais nécessaire de clarifier les règles de fixation de cette enveloppe de façon à ce qu’elle soit respectée ».

Gabon : La promotion de la santé mentale sera au centre d’un Atelier à Libreville

Libreville, 13 décembre 2011 (Infos Gabon)  – Le Programme national de santé mentale organise avec la participation de l’OMS, un Atelier de validation du plan d’action de promotion de la...
Libreville, 13 décembre 2011 (Infos Gabon)  – Le Programme national de santé mentale organise avec la participation de l’OMS, un Atelier de validation du plan d’action de promotion de la santé mentale du 15 au 17 décembre 2011 à l’hôpital psychiatrique de Mélen, à Libreville. Indique une source émanant de la Direction du Programme de Santé mentale.
Selon l’OMS, la santé mentale ne consiste pas seulement en une absence de troubles mentaux. Il s’agit d’un état de bien-être dans lequel la personne peut se réaliser, surmonter les tensions normales de la vie, accomplir un travail productif et fructueux et contribuer à la vie de sa communauté.
La population gabonaise a une mauvaise perception de la maladie mentale et ne fait pas la différence avec la santé mentale. Cette situation s’explique du fait des malades psychotiques qui errent dans les rues et qu’on qualifie de « fous ». Pour obtenir un consensus pour la mise en œuvre du plan, les participants sont les représentants des familles des malades, des ONG de lutte contre le tabac, des anciens malades, le personnel de santé, des tradi praticiens, etc…
FIN/INFOSGABON/MM/PK/2011

Santé Canada approuve Abilify® comme premier antipsychotique atypique pour le traitement de la schizophrénie chez les adolescents

Un tiers des gens atteints de schizophrénie vivent un épisode psychotique avant l'âge de 19 ans
MONTRÉAL, le 16 déc. 2011 /CNW/ - Santé Canada a approuvé Abilify® (aripiprazole) pour le traitement de la schizophrénie chez les adolescents âgés de 15 à 17 ans, ce qui en fait le premier antipsychotique atypique formellement approuvé pour être utilisé chez cette catégorie de patients. Abilify a été approuvé pour la première fois en 2009 pour le traitement de la schizophrénie et du trouble bipolaire de type I chez les adultes.
La schizophrénie, une maladie mentale grave et complexe qui a des répercussions importantes sur la vie des personnes atteintes, entraîne des épisodes de psychose et une difficulté à distinguer ce qui est réel de ce qui ne l'est pas. Les gens touchés peuvent entendre des voix qui n'existent pas ou devenir paranoïaques. Environ un tiers des personnes atteintes de cette maladie vivent leur premier épisode psychotique avant l'âge de 19 ans1. Le traitement est un aspect important de la prise en charge de cette maladie et peut aider les jeunes adultes atteints de schizophrénie à se rétablir et ainsi fonctionner et avoir une vie personnelle et sociale satisfaisante.
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Cinéma et psychanlyse

La sortie prochaine du nouveau film de Cronenberg est l’occasion de discuter des liens ténus entre le cinéma et la psychanalyse.

Article de Justin Kwedi


Le cinéma, à bien des égards, s’avère le médium idéal pour illustrer les théories des diverses écoles de la psychanalyse. Les histoires les plus audacieuses comme les interprétations les plus folles permettent un étalage de névroses fascinant. L’approche purement visuelle est également l’occasion par les compositions de plans ou un montage réfléchi et/ou par association d’idées de laisser filtrer un ressenti de l’ordre de l’inconscient, de l’interdit à travers la pellicule. Tous ses éléments ont toujours été présents au cinéma notamment au temps du muet qui évitait la lourdeur explicative de certaines tentatives du parlant. 

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Le Septième Voile (The Seventh Veil - Compton Bennett, 1945)


Le Septième Voile (The Seventh Veil - Compton Bennett, 1945)

Classique anglais méconnu chez nous, un des films majeurs amorçant l'irruption de la psychanalyse dans la fiction.

Article de Justin Kwedi


The Seventh Veil est un des films les plus populaires et célébrés du cinéma britannique. Son mélange puissant de mélodrame, romance et psychanalyse n'a rien perdu de sa force. 

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La Maison du docteur Edwardes (Spellbounds - Alfred Hitchcock, 1945)

La Maison du docteur Edwardes (Spellbounds - Alfred Hitchcock, 1945)

Alfred Hitchock en 1945 n'arrive pas à quitter des yeux Ingrid Bergmann. Y a-t-il un psychanalyste dans la salle ?

Article de Fabien Alloin


Les yeux de Constance (Ingrid Bergmann) et de John (Gregory Peck) au centre du cadre au moment du coup de foudre ; l'insomnie d'une jeune femme dans les escaliers d'un établissement psychiatrique ; la lumière sous la porte de l'être aimé comme pour dire « Moi non plus je ne dors pas » : les souvenirs qui nous lient à La maison du docteur Edwardes, comme toujours chez Alfred Hitchcock, s'attachent aux petites choses, aux détails. Ces derniers nous ramènent au film, rendant familière la moindre poignée de porte, la plus petite paire de lunettes, mais sont également ceux qui font avancer les personnages et l'intrigue - une simple signature sur un livre et c'est tout le film qui se renverse. Pourtant, malgré les images persistantes qu'il nous laisse et qui vivent si intensément hors de l'écran, Alfred Hitchcock a raté La maison du docteur Edwardes. Son film vit sans lui, au milieu des vestiges du métrage qu'il aurait souhaité réaliser. La maison du docteur Edwardes n'existe pas, alors quelles sont ces images à l'écran ? 

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Les gels de crédits gouvernementaux glacent les comptes des hôpitaux

LEMONDE.FR avec AFP | 16.12.11

Les gels de crédits, imposés par le gouvernment, grèvent les comptes des hôpitaux. Ce gel, toujours en vigueur à deux semaines de la fin de l'année, aggrave en effet leur déficit public pour 2011. Déficit auquel la majorité des établissements sont confrontés.

Le déficit prévisionnel de l'AP-HP pour 2011 est ainsi de 130 millions. En 2010, selon la Fédération hospitalière de France (FHF), qui représente les hôpitaux publics, 21 des 30 centres hospitaliers universitaires (CHU) français étaient en déficit, de même que 223 des 556 plus gros hôpitaux. Au total, en 2010, le déficit global des quelque 1 300 hôpitaux publics avait atteint 433 millions.
Aux problèmes de déficit s'est ajoutée récemment pour les hôpitaux publics une autre difficulté : celle de l'accès aux crédits bancaires. Cinq milliards de crédits ont été débloqués récemment par la Caisse des dépôts. Mais celle-ci "a parfois tendance à faire passer les collectivités locales avant les hôpitaux" déplorait récemment le président de la FHF, Frédéric Valletoux. Au même titre que certaines collectivités, quelque petits hôpitaux ont de surcroît souscrit des emprunts dits "toxiques", adossés à des produits financiers douteux et sont en grande difficulté financière.
L'ÉQUILIBRE BUDGÉTAIRE FIXÉ POUR 2012
Selon la FHF, 350 millions d'euros sont gelés au titre des "missions d'intérêt général et à l'aide à la contractualisation" (Migac), des dotations que verse l'Etat pour des missions de service public. Cette réserve budgétaire a été constituée par le gouvernement en début d'année sur un montant total pour ces Migac de 8 milliards en 2011. Elle doit normalement être restituée aux hôpitaux en fonction de leur respect des objectifs fixés en matière de maîtrise des dépenses de santé.
Or, la FHF met en avant un objectif de progression des dépenses dépassé de 0,1 point seulement. "Donc on devrait nous restituer la majeure partie de ces 350 millions", estime-t-on à la fédération. Au début de son quinquennat, le président Nicolas Sarkozy avait fixé aux hôpitaux un objectif de retour à l'équilibre budgétaire pour 2012.


Autisme : changer le regard

LE MONDE SCIENCE ET TECHNO | 16.12.11

MONTRÉAL (CANADA), CORRESPONDANCE - C'est une histoire unique, scientifique et humaine que raconte le psychiatre-chercheur canadien Laurent Mottron, instigateur du Centre d'excellence en autisme de l'université de Montréal : celle de sa relation de travail avec Michelle Dawson, une patiente autiste devenue chercheuse dans son laboratoire en neurosciences cognitives. Mais, pour lui comme pour elle, l'essentiel est ailleurs que dans l'anecdote de cette rencontre. Il réside dans ce qu'elle a pu susciter pour faire avancer la science de l'autisme, jusqu'à lui donner un statut de "variant" humain plutôt que de "trouble", traduction du terme anglais consacré autistic disorder.

Les recherches du groupe de Montréal, avec quelque 80 articles publiés dans les meilleures revues scientifiques et dans lesquels Michelle Dawson a pris une place majeure, permettent d'affirmer que les autistes pensent, retiennent, s'émeuvent, et surtout perçoivent différemment des non-autistes. Ce groupe défend l'idée que la science, en considérant l'autisme comme une maladie àguérir, passe à côté de sa contribution intellectuelle et sociale.
"Surfonctionnement perceptif"
Dans un article intitulé "Le pouvoir de l'autisme", paru dans la revue Nature le 3 novembre, M. Mottron explique comment il a intégré à divers titres, à cause de leurs qualités personnelles et intellectuelles, huit autistes dans son laboratoire, dont Michelle Dawson. En sept ans de collaboration avec cette dernière, "elle m'a montré, écrit-il, à quel point l'autisme, combiné à une intelligence extrême et à un intérêt pour la science, peut s'avérer une force dans un laboratoire de recherche".
A 50 ans, Michelle Dawson est "l'une des plus grandes voix autistes de la planète", s'exclame-t-il. Elle-même se juge avec modestie : "J'ai toujours une vie difficile au quotidien, avec des peurs incontrôlées ; j'ai beaucoup de mal àcommuniquer." Diagnostiquée autiste au début des années 1990, Mme Dawson commet l'"erreur" de le dire à son employeur, Postes Canada. "J'adorais mon travail de facteur, dit-elle, j'étais très motivée et je voulais être traitée comme n'importe qui." Harcelée à la suite de cet aveu, elle se voit obligée de quitter son emploi quatre ans plus tard et se bat en justice pour faire reconnaître ses droits. Le Canada, affirme-t-elle, "encourage la discrimination des autistes en ne les protégeant pas comme tout être humain".
En 2001, vivant un "trouble terrible", elle contacte Laurent Mottron. Celui-ci dira :"J'éprouvais dans mon rôle de psychiatre à son égard la nullité de ce que je lui proposais." Pour mieux l'aider, il lui propose plutôt de collaborer à son groupe. Apartir de 2003, Michelle Dawson dévore la littérature scientifique sur l'autisme, au point d'en devenir une analyste hors pair. "J'ai tout de suite vu, note-elle, qu'elle contenait les informations dont j'avais besoin, qui pouvaient me servir et avec lesquelles je pouvais être utile."
Son travail impressionne M. Mottron : "Sa clairvoyance sur les questions scientifiques est unique ; elle peut vous rapporter le contenu d'un article lu il y a deux ans avec une incroyable précision. Et traiter les miens de façon impitoyable..." Elle l'admet : "Nous ne sommes pas souvent d'accord, mais c'est très productif. Moi-même, je recherche la critique forte !"
Au sein du groupe de Montréal, les deux chercheurs et leurs collègues pourfendent les idées reçues concernant la définition de l'autisme comme trouble social. Ils caractérisent la perception autistique pour laquelle ils accumulent les preuves d'une différence fondamentale, construisant un modèle du traitement de l'information par les autistes, baptisé "surfonctionnement perceptif", qui, d'abord ignoré, se mesure maintenant à armes égales avec les modèles traditionnels.
Ce modèle met, entre autres, l'emphase sur les forces autistiques. Laurent Mottron croit que si l'autisme handicape la vie au quotidien, il peut égalementprocurer des avantages. Au lieu de définir l'autisme par des caractéristiques négatives (défaut de langage, manque de communication, comportements répétitifs, intérêts restreints...) et par comparaison à la majorité (ce qu'il appelle le normocentrisme), on devrait selon lui le décrire pour ce qu'il est, forces comprises.
Capacité d'apprentissage
La question de l'intelligence autistique est au coeur du débat. "Si je ne crois plus que la déficience intellectuelle soit intrinsèque à l'autisme, déclare-t-il, c'est parce que Michelle m'a ouvert les yeux sur cette attitude normocentrique valorisant les tests basés sur le langage comme mesure de l'intelligence", au détriment de tests non verbaux comme les matrices de Raven (des tests classiques d'intelligence où le sujet doit compléter une liste de dessins). Avec cet outil reconnu (l'armée française s'en servait pour ses recrutements !), "l'intelligence autistique est pourtant bien mieux représentée, ajoute Mme Dawson, et l'on peut vraiment comparer les performances des autistes à celles des non-autistes".
Pourtant, on continue d'utiliser les tests verbaux pour les autistes. Avec pour effet d'en classer 75 % comme déficients intellectuels, alors que seulement 10 % à 15 %, selon M. Mottron, souffrent d'une maladie neurologique associée favorisant l'apparition d'une déficience intellectuelle. Une récente étude coréenne révèle ainsi la présence de 3,5 % d'autistes dans les écoles régulières de Corée, dont 2,5 % sont parfaitement intégrés, sans besoin d'aide particulière.
Au-delà même de l'intelligence, "la question de l'apprentissage par les autistes est l'une des questions-clés que l'on doit se poser", avance Michelle Dawson. Elle cherche à comprendre "pourquoi certains autistes de moins de 2 ans connaissent l'alphabet, voire lisent un journal", et voudrait qu'on "les encourage dans leurs habiletés au lieu de les déclarer déficients intellectuels". Et indiqueêtre "fascinée par cette extraordinaire capacité d'apprentissage des autistes", présentée pourtant comme la preuve d'un déficit sévère.
"Plus les tâches sont complexes, ajoute-elle, plus ils ont un avantage sur les non-autistes." Elle-même se dit incapable d'apprendre comme un non-autiste. Elle ne peut remplir des formulaires administratifs mais a "appris rapidement à écrire des papiers scientifiques et à rédiger des arguments juridiques !"
Plaidoyer sur le manque d'éthique
Ses difficultés de communication par le langage l'empêchent d'interagirfacilement avec quiconque, y compris ses collègues. Elle travaille donc principalement depuis son appartement, se rend sporadiquement au laboratoire et communique surtout par courriels avec les chercheurs du groupe, comme elle le fait sur Twitter et sur son blog (Autismcrisis.blogspot.com) avec d'autres membres de la communauté scientifique.
Dans son travail de chercheuse, elle dit elle-même avoir "faiblesses et incertitudes" mais aussi pouvoir détecter des anomalies que personne ne voit,"lire, retrouverutiliserfaire des liens, identifier des tendances à travers une foule d'informations dans la littérature scientifique".
Le domaine le plus polémique des travaux du groupe concerne ses positions sur l'intervention comportementale intensive (ICI), préconisée en Amérique du Nord. En 2004, Mme Dawson a publié, sur le Web, un plaidoyer sur le manque d'éthique de cette technique et critique maintenant la mauvaise qualité des travaux en intervention : "La littérature sur le sujet est énorme en quantité mais pauvre en qualité scientifique." Mme Dawson s'en prend également à l'adoption de "standards éthiques et de recherche beaucoup plus bas" que la normale et se demande "pourquoi les autistes vivent des discriminations même dans ce domaine". Nombreux sont les rapports de recherche qui vont aujourd'hui dans le même sens qu'elle : selon l'Académie américaine de pédiatrie, "la force de la preuve (en faveur de l'efficacité de ces techniques) est insuffisante à basse."
Groupes de pression De nombreux gouvernements subventionnent pourtant toujours ces thérapies, qui coûtent jusqu'à 60 000 dollars (45 000 euros) par an et par enfant, sous l'influence de groupes de pression. M. Mottron s'inquiète pour sa part d'un possible soutien gouvernemental français à l'ICI. La Haute Autorité de santé a en effet commandé un rapport sur ces méthodes qui lui semble biaisé en leur faveur : "En favorisant l'ABA (analyse appliquée du comportement) pourcontrer la psychanalyse de l'autisme, on passe du tsar à Lénine !"
Au lieu de monopoliser le budget de l'enfance inadaptée pour de telles thérapies, on ferait mieux, selon lui, d'accepter qu'il n'y a pas de traitement de l'autisme, d'aider les autistes à trouver une fonction en société, avec garanties de droits, gestion pragmatique des crises adaptatives, accès renforcé à des services spécialisés éclectiques et aide pour une meilleure qualité de vie. Et surtout, il faudrait revoir l'équilibre entre le niveau d'aide apporté pendant l'enfance et celui donné à l'âge adulte, en augmentant le second.
Par exemple, les fonds pour faire face aux coûts exorbitants des techniques comportementales seraient mieux utilisés, dit-il, pour payer des gens qui iraient dans les entreprises identifier des tâches où les autistes excellent et pouradapter leurs conditions de travail. Mme Dawson partage ce point de vue que "ce n'est ni l'intelligence ni les habiletés qui manquent aux autistes. Ce qui est rare, ce sont les opportunités qu'on leur donne d'avoir une bonne vie et un travail, d'être autonome et responsable, de contribuer à la société, plutôt que de dressersans cesse des obstacles devant eux".
Anne Pélouas

Emission avec Eric Laurent - Fondation Agalma-
Posteado por Blog amp a jueves, diciembre 08, 2011
 

Dans le cadre de ses activités de médiation "Les énigmes partagées", la Fondation Agalma est heureuse de vous annoncer la sortie en vidéo de l'émission de l'entretien de François Ansermet et Pierre Magistretti avec Eric Laurent, autour de neurosciences et psychanalyse, avec comme titre "Au-delà de la trace", qui fut enregistrée le 10 septembre 2011 dans les studios de la Fondation Agalma.



Fondation Agalma
18, rue Adrien-Lachenal
1207 Genève
www.agalma.ch