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lundi 19 décembre 2011


AP-HP cherche infirmières désespérément


Confrontée à une pénurie d’infirmières grave et persistante, l’AP-HP a pris une série de mesures destinées à renforcer son attractivité auprès de soignantes, aussi rares que prisées. Objectif : arriver à couvrir la totalité de ses besoins d’ici 2013.


« La priorité des priorités, c’est l’emploi infirmier. » Ainsi s’est exprimé Christian Poimboeuf, directeur des ressources humaines de l’AP-HP, lors d’une conférence de presse réunissant l’ensemble du comité de direction du plus grand CHU de France, le 15 décembre dernier. La situation est effectivement critique : aujourd’hui, 600 postes infirmiers sont vacants à l’AP-HP. En septembre dernier, on atteignait même les 850 postes vacants. La faute, notamment, à la suppression, le 1er juillet 2011, de la possibilité de partir en retraite anticipée pour les mères de trois enfants justifiant de 15 ans de service public. La mesure a eu « un double effet », explique Christian Poimboeuf : « d’abord le départ des personnels concernés au sein de l’AP-HP, puis l’appel d’air créé en province », qui a provoqué d’autres départs. 
Pas d’autre alternative, dès lors, que de compenser la pénurie par le recours à l’intérim. Une solution « qui nous coûte plus cher », déplore la directrice générale de l’AP-HP, Mireille Faugère. L’Ile-de-France présente en effet une« singularité » : il n’y existe « pas de marché de l’emploi infirmier », observe Christian Poimboeuf. Les candidatures spontanées sont exceptionnelles. Dans ces conditions, « la seule ressource en matière de recrutement provient des écoles », constate le DRH. Or l’AP-HP ne recrute actuellement « que 55% des jeunes diplômés », se désole-t-il. Pour augmenter ce chiffre, le CHU a donc décidé de chercher à créer « un lien très fort entre les groupes hospitaliers (1) et les Ifsi, pour que, dès leur arrivée, les élèves infirmières soient accueillies, que les groupes hospitaliers s’impliquent dans les stages, et que le lien se constitue de manière assez forte pour que le recrutement à la sortie devienne plus naturel ». Cette stratégie commencerait à porter ses fruits : la mobilisation des groupes hospitaliers sur la sortie du mois de novembre a « probablement » permis de gagner « entre 80 et 100 recrutements de plus que ce qui avait été naturellement prévu », selon le DRH. La même démarche sera reconduite pour la sortie du printemps 2012.

Prioritaires pour le logement

Autre axe d’action : le logement. L’AP-HP, qui dispose d’un parc immobilier, a décidé d’orienter sur les métiers sensibles l’attribution des logements sur critères professionnels, « avec, d’ores et déjà, pour la fin de cette année, l’attribution d’une cinquantaine de logements aux emplois les plus difficiles à couvrir », précise Christian Poimboeuf. Une seconde vague, équivalente en volume, suivra mi-2012, l’objectif étant « que la moitié des logements qui se libèrent dans le domaine de l’AP-HP puissent être orientés vers des métiers sensibles : aujourd’hui les infirmières, peut-être demain d’autres métiers ».
Attirer les jeunes diplômés est une chose, garder les professionnels en est une autre. Par les « opportunités » qu’elle offre - en termes d’exercice, de recherche, d’enseignement et de formation continue - « l’AP-HP reste attractive pour les professionnels », relativise sa directrice centrale des soins, Roselyne Vasseur. Mais on y vient « souvent pour s’y faire une carte de visite »  à faire valoir ailleurs en France, admet-elle. Or le turn-over effréné ne fait pas bon ménage avec la spécialisation croissante de la médecine. « Les professionnels qui démarrent avec leur diplôme ont besoin d’une période de formation sur le terrain avant d’être tout à fait opérationnels », explique Roselyne Vasseur. L’AP-HP consacre donc « beaucoup de temps, de moyens et d’énergie » à « tutorer » ces jeunes professionnels. « Nous aimerions autant que faire se peut, les garder un peu plus », lâche Roselyne Vasseur. Comment les fidéliser ? « Cela passe par l’éventail de disciplines, de pathologies et de parcours professionnalisants que nous pouvons offrir », vante-t-elle. Sans oublier « tout ce qui relève des conditions de travail, de l’organisation du travail » : « la collaboration avec les équipes médicales » est ainsi un facteur « extrêmement important », estime-t-elle. Tout comme les perspectives des pratiques avancées, et celles du Programme hospitalier de recherche infirmière et paramédicale, rajoute-t-elle.

Les cadres aussi

Hormis les infirmières, l’AP-HP entend porter ses efforts sur un second métier en 2012 : celui de cadre. Quelque 150 postes de cadres sont actuellement occupés par des faisant fonction au sein de l’AP-HP. « Pour réussir la transformation de l’hôpital (2), nous avons impérieusement besoin d’avoir des cadres formés », plaide Christian Poimboeuf, qui annonce pour 2012 « un dispositif de réflexion, avec les cadres eux-mêmes, sur leur métier et leurs conditions d’exercice professionnel ». 

Cécile Almendros 

1 – Le plan stratégique 2010-2014 de l’AP-HP prévoyait la restructuration des 37 établissements du CHU en 12 groupes hospitaliers, lesquels ont vu le jour au premier semestre 2011.
2 – La restructuration en groupes hospitaliers s’est accompagnée d’une réduction du nombre de pôles : de 170 à 128

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