Jean Maisondieu : "Il faut que la pyschiatrie soit mieux intégrée aux politiques de lutte contre l'exclusion"
Mercredi 14 décembre, pour la troisième conférence des « Bruits de la Rue », lieu d'échanges et groupe de réflexion pluridisciplinaire attaché à mieux comprendre ce qu'est, aujourd'hui, la précarité sous toutes ses formes, l'invité était le psychiatre Jean Maisondieu. Il a a rappelé combien il est urgent, en cette période de crise économique, de décloisonner la façon de penser le social. Notamment, en commençant par cesser de réduire la psychiatrie au simple traitement des maladies mentales. Il a accepté de répondre aux questions d'Aqui!fr à l'issue de sa conférence très applaudie à l'amphithéâtre Léon Duguit de l'université de Bordeaux IV.
Aqui! : Qu'est-ce que l'autruicide, qui est au coeur de vos analyses de l'exclusion ?
Jean Dieumaison : Au sens propre, cela signifie l'assassinat d'autrui. Au sens figuré, c'est une capacité à tuer l'autre symboliquement. Cela se traduit par un manque de considération, dont souffre une personne, qui est atteint dans sa dignité, par le regard que porte les autres sur elle, mais aussi par le regard qu'elle porte sur elle-même. Dans un contexte de déni de fraternité (inconscient ?), notre aptitude intra-individuelle à l'individualisation passe par la tentative de nous désaliéner de l'autre semblable. Pour se débarrasser de l'autre dont la présence indispose, il n'est pas nécessaire de le tuer : il suffit de nier son humanité en ne le reconnaissant pas comme son semblable. Meurtre sans cadavre, l'autruicide est particulièrement difficile à appréhender. La dérive autruicidaire guette pourtant notre société, jusque dans la relation médecin-malade.Cela provient aussi de l'idéologie actuelle du travail qui nous dit : "je ne vaux pas pour ce que je suis, mais pour ce que je produis".
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