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lundi 19 décembre 2011


Meurtre de Valentin : trente ans de réclusion requis contre Moitoiret

Trente ans de réclusion criminelle ont été requis mercredi à l'encontre de Stéphane Moitoiret, jugé devant les assises de l'Ain pour l'assassinat du petit Valentin en 2008 à Lagnieu, après que le débat s'est focalisé pendant tout le procès sur sa responsabilité pénale.
Ce marginal "encourt la réclusion à perpétuité mais, compte tenu de l'altération de sa responsabilité pénale, je fais un effort et c'est un déchirement", a dit l'avocat général, Jean-Paul Gandolière, à l'adresse des parents de Valentin, à l'issue d'un réquisitoire de deux heures trente.
Il a par ailleurs requis de "seize à dix-huit ans" pour Noëlla Hégo, la compagne de Moitoiret. Pour l'avocat général, "Noëlla Hégo a été la rampe de lancement et Moitoiret le missile téléguidé qu'elle envoie dans la nature", car le soir du meurtre "elle sait qu'il part avec un couteau pour tuer".

«Un kaléidoscope de maladies mentales»

"Ce procès, ce n'est pas une thérapie, c'est un calvaire" pour les parents, a lancé le magistrat, évoquant les débats des experts qui se sont déchirés sur la responsabilité pénale de Moitoiret. "L'irresponsabilité pénale n'est pas établie... On a assisté à un kaléidoscope de maladies mentales", a raillé le magistrat, dénonçant également "l'outrance" et le "mépris du débat" de certains experts. "On voulait enfumer la cour d'assises", a-t-il dit.
"Je sens poindre l'intolérance qui conduit aux plus graves erreurs surtout quand l'accusé nie les faits", a-t-il dit, soulignant que "les psychotiques reconnaissent les faits", tandis que l'accusé nie.
L'avocat général a ensuite déroulé comment, le soir du 29 juillet 2008, Moitoiret avait quitté la salle paroissiale où le couple était hébergé, "armé d'un couteau pour 'créer un incident', 'faire un retour en arrière' et tuer quelqu'un", comme l'avait incité à faire Noëlla Hégo.

"Vous avez immolé un enfant de 44 coups de couteau", a-t-il lancé à l'accusé, soulignant que "c'est le premier coup qui compte, volontaire, déterminé, conscient, après c'est un déchaînement".
"Cet enfant, il s'est vu mourir pendant dix minutes (...) et tout de suite (Moitoiret) ne pense qu'à son impunité", a poursuivi le magistrat, évoquant comment le "comportement logique et lucide" de l'accusé, qui, en rentrant, se lave et avoue à sa compagne avoir "tué un petit garçon".

Un hôpital-prison pour Moitoiret ?

"Son empressement le lendemain à partir, c'est le comportement de quelqu'un de conscient", qui en outre "se débarrasse" de ses vêtements souillés et du couteau, a-t-il dit ajoutant : "Ce n'est pas l'acte d'un dément".
M. Gandolière a mis en garde la cour contre les "conséquences" de son éventuelle reconnaissance d'une abolition de la responsabilité de Moitoiret et de son placement d'office en hôpital psychiatrique, une option "qui ne présente aucune garantie" car il "ne sera plus un meurtrier mais un malade"et il pourra sortir en fonction de son traitement.

"L'autre option (l'altération du discernement) permettra à Moitoiret d'intégrer" un hôpital-prison, "avec une garantie", et "dans un tel crime la société se doit d'avoir des garanties", a-t-il dit.
Estimant que la "piste de la complicité" pour Noëlla Hégo était de la"foutaise", l'avocat de cette dernière, Me Jean Renevier, a plaidé l'acquittement. Dans la matinée, les avocats de la famille de Valentin ont mis en garde la cour contre le risque de déclarer Moitoiret irresponsable pénalement car, selon eux, ce "n'est pas le crime d'un fou".

"Ni l'un, ni l'autre ne l'est" et Moitoiret a gardé "un degré de discernement",a lancé Me Jacques Frémion. "La réclusion criminelle, on sait le jour où on entre et on peut savoir quand on est susceptible de sortir," mais "en psychiatrie, (en cas d'irresponsabilité pénale et d'hospitalisation d'office) on ne sait jamais le jour où on sort", a-t-il mis en garde, ajoutant : "Ce sera trop facile après de sortir le discours sur la récidive."

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