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jeudi 22 décembre 2011

ROUBAIX / SANTÉ MENTALELe Trusquin, pour se tracer une nouvelle vie
Le Trusquin, c'est le nom d'un instrument qui sert à effectuer des tracés en menuiserie. C'est aussi un atelier thérapeutique de l'établissement public de santé mentale rue de Saint-Amand. On y apprend à peindre et à fabriquer des objets. Et à reprendre pied tout simplement.
DELPHINE TONNERRE > delphine.tonnerre@nordeclair.fr
Depuis onze ans, dans l'ancienne usine Boléro, rue de Saint-Amand, en toute discrétion, un atelier thérapeutique appelé « Le Trusquin » accueille des personnes qui ont connu un passé psychiatrique assez lourd, des épisodes psychotiques notamment.
« Une fois le traitement trouvé et leur état stabilisé, les personnes rentrent chez elles. On peut alors les accueillir, sur indication de leur psychiatre, dans cet atelier », explique Joseph, leur infirmier. C'est le Dr Alexandre, de l'EPSM, qui en a eu l'idée en mars 2000. C'est lui qui a voulu donner ce nom, le trusquin, un objet qui sert à tracer sur le bois. Symbolique pour des personnes un peu perdues parfois.



Derrière de larges fenêtres, des postes de travail. Un atelier menuiserie au rez-de-chaussée, avec des outils traditionnels (ciseaux à bois, maillet...), un autre pour la peinture à l'étage. Les encadrants, Jean-Jacques et Patrick, ont suivi une formation pour ce nouveau métier : « Le contact avec les stagiaires est plaisant ».

Les stagiaires arrivent à 8h30, participent aux activités, prennent leur repas, fourni par l'hôpital Lucien-Bonnaffé dont ils dépendent. Puis retour aux activités jusqu'à 15h30. Les objets étaient un temps fabriqués pour Emmaüs et la Ressourcerie. Depuis peu, les jouets en bois s'accumulent sur les tables.
L'infirmier qui supervise l'atelier rappelle que « dans une proportion non négligeable, un problème peut arriver une seule fois dans une vie. » En clair, on peut aussi guérir d'une pathologie mentale. Mais il faut du temps, des soins, et un entourage bienveillant.
C'est ce que Claudio a trouvé. Il a passé trois ans au Trusquin. « J'étais tendu, stressé, explique-t-il, j'ai été bien accueilli. » Ce qu'il retient de son passage ? « On s'est bien amusés, on a bien travaillé, je reviens les voir souvent. Je suis venu leur dire que je suis papa d'une petite fille, je me sens beaucoup mieux. » Plus des patients 
mais des stagiaires L'équipe écoute attentivement. Brigitte, cadre infirmier, et toute l'équipe se souviennent de Claudio, son rire, ses danses, ses difficultés aussi, et sa volonté de les surmonter qui a fini par payer.
Slimane, éducateur, est arrivé depuis un an et demi. Il aide les stagiaires à chercher une formation ou un emploi, en milieu protégé, plus rarement en milieu classique, après leur passage au Trusquin. Un passage qui dure en moyenne dix mois. « Une petite année, le temps nécessaire pour se poser, reprendre confiance en soi », dit-il. Ce ne sont plus des patients mais des stagiaires. Il leur faut réapprendre des gestes simples, retrouver des horaires.
Au-delà de l'activité, le dialogue se noue. Le but n'est pas d'en faire des menuisiers ou des peintres, mais bien de leur réapprendre les habitudes du travail, parfois aussi d'en faire le deuil. « Il y a toujours un bénéfice à repenser sa vie autrement », résume l'infirmier. Une soixantaine de personnes, essentiellement des hommes - il n'y a eu que quatre ou cinq femmes - sont passés depuis sa création au Trusquin.
Intéressant, l'atelier thérapeutique est situé dans l'ancienne usine Boléro. « Les stagiaires côtoient les salariés des entreprises dans la cour.
Pour une fois, ce sont eux qui portent la blouse blanche, ils discutent », explique Brigitte. Une sorte de retour en douceur à la vie normale.
w Le Trusquin ouvre ses portes vendredi 2 décembre de 10h à 16h30, avec un petit-déjeuner et une visite des ateliers le matin. La vente des objets en bois est réservée au personnel de l'établissement.

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