Le Monde avec AFP Publié le 29 mai 2021
Soixante organisations dans dix pays ont appelé à demander plus de moyens pour le milieu hospitalier, ainsi que la fin des programmes d’austérité et de réduction du nombre de lits.
« SOS international pour la santé, défendons l’égalité d’accès à des soins de qualité » : plusieurs centaines de soignants et de salariés des hôpitaux ont manifesté, samedi 29 mai à Paris, dans le cadre d’un mouvement de contestation mené simultanément dans une dizaine de pays, ainsi qu’a pu le constater un journaliste de l’Agence France-Presse.
Les participants, qui brandissaient des slogans tels qu’« Hôpital public en urgence vitale », « Blouse blanche, colère noire », ou encore « Patients sacrifiés, soignants écœurés », se sont rassemblés devant l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, avant de tous se mettre en marche en direction de l’Hôtel de Ville.
Avec la pandémie, « nous sommes tous épuisés, mais ce qui est terrible, c’est que, malgré le Covid, les hôpitaux manquent toujours terriblement de moyens », a souligné le docteur Sophie Crozier, l’une des porte-parole du collectif organisateur.
Plus de soixante organisations dans dix pays
Pour le Dr Crozier, les récentes revalorisations salariales accordées par le gouvernement, « c’est bien, mais c’est un pansement sur une plaie béante depuis longtemps ». « De nombreux soignants démissionnent, les lits ferment faute de personnel, et nous ne sommes plus en mesure de prendre en charge correctement les patients », a-t-elle ainsi analysé.
Des manifestations similaires étaient prévues samedi dans d’autres villes françaises – Marseille, Rennes et Saint-Denis de La Réunion notamment –, mais également à l’étranger (à Bruxelles, Milan, ou encore Barcelone). Au total, ce sont plus de soixante collectifs, associations et syndicats qui, dans dix pays différents, avaient appelé à manifester afin de défendre les « services de santé et un accès égalitaire à des soins de qualité pour toutes et tous ».
« Partout sont à l’œuvre des politiques publiques d’austérité budgétaire », avait dénoncé avant la journée d’action Chérine Benzouid, du Collectif inter-hôpitaux. « Sans surprise, les mêmes causes ont produit les mêmes effets dans nos différents pays : une dégradation de l’accès, de la qualité et de la sécurité des soins, une perte de sens des métiers », a-t-elle ajouté.
En France, l’appel est porté par le Collectif inter-hôpitaux, anisi que par le Collectif inter-blocs, l’Inter-urgences et SUD-Santé Sociaux et solidaires. Les organisateurs réclament notamment que davantage de fonds soient investis « dans les moyens matériels et humains », et que « les décisions politiques préservent les systèmes de sécurité sociale et garantissent des financements publics solides, pérennes et adaptés aux besoins ».
Manifestation à Saint-Ouen contre le Grand Paris-Nord
Une centaine de personnes (soignants, militants, riverains) se sont allongées sur le bitume à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) pour s’opposer au futur hôpital Grand Paris-Nord, un « projet socialement et écologiquement aberrant » qui selon ses opposants aboutirait à la suppression de plus de 300 lits.
D’une capacité de 900 lits, le futur campus hospitalo-universitaire Grand Paris-Nord remplacera à l’horizon 2028 les actuels hôpitaux Bichat, à Paris, et Beaujon, à Clichy (Hauts-de-Seine). Porté par l’AP-HP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris) et l’Université de Paris, pour un coût estimé à 1,3 milliard d’euros, le projet doit être implanté sur le site de l’ancienne usine PSA, sur une superficie de 7,19 hectares.
C’est face à ce site que les opposants se sont réunis samedi en fin de matinée, en vue de s’allonger dans la rue pour un die-in. Cette action était destinée à matérialiser les lits d’hôpitaux qui selon eux seront supprimés dans le cadre du projet Grand Paris-Nord, récemment épinglé par l’Autorité environnementale, par ailleurs.
Olivier Milleron, cardiologue à l’hôpital Beaujon et membre du Collectif inter-hôpitaux, a estimé que la construction de l’immense hôpital en question, entraînant la suppression des deux centres hospitaliers existant « dans une zone déjà déficitaire en soins », « aboutirait à mettre en danger la population ». Il a rappelé que, « déjà aujourd’hui, un malade sur deux qui arriv[ait]aux urgences à Beaujon [était] transféré » vers un autre hôpital, faute d’un lit disponibles.
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