LE 21/05/2021
À retrouver dans l'émission
GRAND REPORTAGE
par Aurélie Kieffer, Claire Leys et Alice Raybaud
Au lycée Armand Guillaumin d'Orly (Val-de-Marne), une classe de bac pro a suivi toute l’année des ateliers sur les inégalités femmes-hommes et les violences sexistes et sexuelles. Une manière de bousculer les préjugés et de libérer la parole, chez des adolescents qui n’échappent pas à ces violences.
Cet après-midi-là au lycée des métiers Armand Guillaumin d’Orly, qu’ils aient ou non une très bonne vue, les élèves de première SPVL (service de proximité et vie locale) sont invités à mettre des lunettes, avec des verres très spéciaux. “C’est un peu comme si elles vous permettaient de voir le sexisme”, image Catherine Le Magueresse. Juriste à l’Agence de développement des relations interculturelles pour la citoyenneté (Adric), elle intervient auprès de ces lycéens pour leur apprendre à débusquer “toutes ces inégalités de genre qu’on ne voit plus, parce qu’on baigne dedans” et les déconstruire avec eux.
“Prenons une journée”, commence-t-elle, les invitant à se pencher sur l’organisation quotidienne du foyer, où les femmes sont encore plus souvent que les hommes en charge des tâches domestiques et du soin aux enfants. Puis, Catherine Le Magueresse élargit l’horizon au sexisme dans la rue ou encore dans la publicité. Tout y passe, la situation des droits des femmes en France et à l’étranger, et même l’histoire et ses figures féminines oubliées.
Âgés de 16 à 17 ans, ces jeunes sont, pour la plupart, peu familiers de cette thématique, notamment dans ce lycée des métiers où, comme dans l’ensemble des établissements professionnels, filles et garçons se croisent peu. Leur orientation et la composition des classes y épousent les représentations genrées des rôles dans la société : plus de 90% de femmes dans les filières de soin à la personne ou esthétique, et inversement dans le BTP et la mécanique. Ils sont aussi souvent "peu habitués dans leur cellule familiale à la culture égalitaire”, remarque Djidjiga Allek, professeure de français-histoire et référente égalité de l’établissement, à l’origine de ces ateliers de sensibilisation.
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