Réfugiée en Suisse à partir de 1956, la romancière avait tué sa langue maternelle : le hongrois. Dans « l’Analphabète », elle raconte son émigration dans une langue étrangère.
Agota Kristof en 1991. (ANDERSEN ULF/SIPA)
Evidemment qu’elle n’était pas analphabète. Elle savait lire dès l’âge de 4 ans. Mais il lui semblait l’être devenue deux décennies plus tard. A cette jeune Hongroise exilée à Neuchâtel, en Suisse, la langue française résistait, se refusait. Longtemps après, elle la considérait encore comme « une langue ennemie », non seulement parce qu’elle n’arrivait pas à la parler sans fautes ni l’écrire sans l’aide de dictionnaires, mais aussi parce qu’elle avait tué sa langue maternelle, paysagère et si phonétique : le hongrois. C’est pourtant dans ce français inhospitalier, qu’elle a lutté toute sa vie pour « conquérir »,qu’Agota Kristof (1935-2011) a composé son œuvre, dont « l’Analphabète » (12 euros), réédité par les excellentes éditions genevoises Zoé.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire