Pendant le confinement, les personnes atteintes de troubles mentaux se sont retrouvées plus isolées que jamais et ont arrêté de consulter. Un mois plus tard, des psychiatres et psychologues racontent comment leurs patients ont réussi à traverser la crise. Si nous ne sommes aujourd'hui pas à l'abri d'un retour de bâton, la seconde vague tant redoutée n'est pas encore arrivée.
Les patients atteints de troubles mentaux, grands oubliés de l’épidémie de Covid ? En France, 12 millions de personnes souffrent de troubles anxieux, de l'humeur, de troubles psychotiques, schizophréniques, autistiques. Pendant la crise, cette population “fragile” a beaucoup moins consulté que d’habitude et la fréquentation des urgences psychiatrique a drastiquement baissé sur tout le territoire. Si ce phénomène a grandement inquiété, d’après trois experts interrogés par Pourquoi docteur, un mois après le déconfinement, force est de constater que les malades ont su mobiliser d’énormes ressources pendant la crise.
“On a été assez surpris de voir que les patients venaient moins souvent aux urgences. On s’est finalement rendu compte qu’il y avait une forme de résilience assez inattendue chez des patients qui ont su mobiliser beaucoup de ressources pour faire face à ce contexte exceptionnel”, témoigne le professeur Franck Schurhoff, psychiatre à l'hôpital Henri-Mondor et professeur à l'université Paris-Est Créteil.
“La situation n’a pas été aussi dramatique que ce à quoi on s’attendait, renchérit le docteur Mehdi Zaazoua, psychiatre à l'hôpital Maurice-Despinoy, en Martinique. Quand le confinement a été décrété, les patients ont été assez sidérés et tout le monde a été pris d’une confusion générale. Les repères de chacun étaient ébranlés, mais, au bout de quelques semaines, les choses sont naturellement revenues dans l’ordre”, raconte-t-il. Les patients qui avaient pour habitude de venir à l’hôpital de jour ont vu leur quotidien bouleversé, mais un groupe Whatsapp a rapidement été mis en place pour maintenir un rythme, des activités quotidiennes et un contact entre patients et soignants. Pour ceux hospitalisés en permanence, “cela a mis un peu de temps à se mettre en place également : ils ne pouvaient plus sortir pour acheter leurs cigarettes, on ne savait plus comment faire pour assurer les visites avec les proches… Mais on a rapidement réussi à ritualiser le quotidien de façon à les rassurer”, explique Mehdi Zaazoua.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire