PAR
COLINE GARRÉ
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PUBLIÉ LE 12/06/2020
Crédit photo : S.Toubon
Le dernier plan Soins palliatifs 2015-2018 a échoué à développer les soins à domicile et à réduire les inégalités de l'offre sur le territoire, tançait l'Inspection générale des affaires sociales dans son évaluation, publiée en février dernier.
C'est un tableau un peu moins sombre que dépeint le Centre national des soins palliatifs et de la fin de vie (CNSPFV), en plaçant l'éclairage sur les structures et ressources humaines des unités de soins palliatifs (USP), services hospitaliers, et des équipes mobiles de soins palliatifs (EMSP), qui accompagnent les patients à l'hôpital, en établissement médico-social ou à domicile.
À travers une enquête en ligne adressée en octobre 2019 aux 566 USP et EMSP, le CNSPFV a cherché à recenser le nombre de lits et de personnels des structures (volet quantitatif), et à sonder leurs conditions de travail (volet qualitatif). Quelque 85 % des USP ont répondu (dont 63 % de réponses exploitables) et 75 % d'EMSP (dont 62 % exploitables).
Un manque de personnel déploré dans toutes les structures
USP comme EMSP manquent de personnel, met en évidence l'enquête. Une circulaire prévoit pour les USP des effectifs théoriques de soignants, par exemple, 2,5 ETP de médecins pour 10 lits. Or le Centre souligne des « écarts substantiels » entre la théorie et la pratique. La densité en personnel est notamment inférieure de 37 % pour les médecins, 39 % pour les psychologues ou encore de 25 % pour les AS, comparativement à la circulaire de 2008.
Il n'existe pas de tels critères pour les EMSP, aussi est-il difficile d'évaluer l'adéquation des ressources humaines aux besoins, lit-on. En moyenne, ces équipes fonctionnent avec 1 à 2 ETP médecins, mais 40 % ont moins d'un médecin. « Leurs dotations n’ont guère augmenté depuis 2012, alors que les EHPAD ont dû répondre depuis 2016 à la nécessité de passer convention avec une EMSP pour gérer les fins de vie de leurs résidents », note toutefois les enquêteurs. Quelque 85 % des EHPAD ont une convention avec une EMSP, selon l'IGAS, qui recommande d'atteindre les 100 %.
Des EMSP en plus grande difficulté
Si plus de la moitié (54 %) des équipes d’USP dit ressentir une pression en termes d’activité « gérable », le quotidien des équipes semble plus compliqué. Elles sont 52 % à qualifier cette pression de « limite ». Parmi les doléances rapportées, revient souvent la difficulté de faire face à une demande croissante de suivi des patients en extra-hospitalier, à moyens constants. Ressortent aussi des difficultés financières et un manque de reconnaissance de la part de l'hôpital ou de l'ARS.
Petite lueur d'optimisme : les équipes des USP comme des EMSP se disent globalement satisfaites du maillage territorial en ressources palliatives et de leur collaboration avec les autres acteurs existants.
Ces constats, qui ne manqueront pas de s'enrichir des enseignements issus de la crise liée au Covid-19, devraient permettre d'affiner le futur plan dédié aux soins palliatifs, espère le CNSPFV. Qui pointe en conclusion une problématique émergente : celle de l'après USP, pour des patients jeunes, par exemple, qui n'auraient pas leur place en EHPAD ou en SSR gériatrique, ou encore pour des patients dont la fin de vie se chronicise.
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