Paris, le samedi 13 juin 2020 – La mobilisation mondiale contre les violences et les exclusions qui touchent les noirs, mais aussi d’autres minorités ethniques dans les pays où les habitants sont majoritairement blancs a dépassé la seule sphère des répressions policières et de la justice. Ebranlées par l’ampleur prise par ces mouvements, de nombreuses institutions ont considéré inévitable un examen de conscience, n’hésitant pas à reprendre la formule très controversée de « privilège blanc » pour décrypter leurs attitudes passées et présentes. Le monde de la recherche dans son ensemble (étudiants, professeurs, chercheurs, éditeurs de revues scientifiques) participe activement à cette réflexion à la fois douloureuse car elle nécessite d’avoir la force de reconnaître ses « fautes », mais aussi complexe tant certaines situations nécessitent une analyse fine des enjeux en présence.
Comme si de rien n’était
Témoignant de cette mobilisation dans le monde la recherche, des laboratoires, des universités, des sociétés savantes, des publications ont ce mercredi participé partout et plus particulièrement aux Etats-Unis à une journée de « grève » dédiée aux questions d’égalité entre les « races ». Alors qu’étaient suspendus les travaux habituels, des colloques (principalement virtuels) et différentes actions étaient organisés pour dénoncer les réflexes racistes entretenus au sein des institutions académiques. La revue Nature a été un acteur remarqué de cette journée. Suspendant ses publications, elle n’a pas hésité à s’auto-désigner comme l’artisan d’une forme de racisme systémique. « Nature est l'une des institutions blanches responsables des préjugés dans la recherche et les travaux d'érudition. Le monde de la recherche scientifique a été (et reste) complice du racisme systémique, et doit davantage s'efforcer de corriger ces injustices et d'amplifier les voix marginalisées», explique ainsi un éditorial. Faisant écho à cette lourde constatation, la revue n’a publié que des « contenus qui sont directement pertinents pour soutenir les Noirs dans les universités et les STEM (sciences, technologies, ingénierie et mathématiques) » le 10 juin dernier. « En tant que membres de la communauté universitaire mondiale et des STEM, nous avons l'énorme obligation éthique de cesser de faire 'comme si de rien n'était' », a encore affirmé la revue.
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