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vendredi 12 juin 2020

Solitude, anxiété, retard d’accès aux soins… Inquiétudes sur la santé des jeunes

Les étudiants ont été particulièrement vulnérables, mentalement et physiquement, pendant la période du confinement. S’ajoutent des angoisses sur leur avenir professionnel dans ce contexte de crise.
Par  Publié le 13 juin 2020

Lorsque les jobs étudiants disparaissent et que les restaurants universitaires sont fermés, le budget déjà restreint des étudiants se resserre encore plus. Et la santé passe au second plan. « Un jeune en difficultés financières préfère se payer à manger plutôt qu’une consultation chez le médecin », observe Pauline Raufaste, présidente de La Mutuelle des étudiants (LMDE), qui note une forte diminution des demandes de remboursement depuis le début de l’épidémie de Covid-19. S’il reste, à ce jour, impossible de mesurer l’impact de la crise sur la santé des étudiants, on peut affirmer qu’il y a – et qu’il y aura – une problématique de retard et de renoncement de l’accès aux soins parmi cette population déjà fragile.

« La catégorie des 16-29 ans est celle pour qui le score de bien-être a le plus nettement baissé pendant le confinement », avance Nicolas Franck, professeur de psychiatrie à l’université Lyon-I, coauteur d’une étude sur l’impact du confinement sur la santé mentale des Français. Nouvelles modalités d’examens, difficultés matérielles pour suivre les cours en ligne, confinement dans de très petites surfaces, disparition de la vie sociale… le tout cumulé à une perte de repères prolongée puisque les universités et les grandes écoles resteront fermées au moins jusqu’à l’été. A ce tableau s’ajoute l’angoisse de l’avenir, qui provoque chez certains étudiants attaques de panique et ruminations anxieuses, ainsi que l’aggravation de comportements addictifs et des idées noires.

Le suicide, deuxième cause de mortalité

« Sur la santé psychique, les étudiants ont systématiquement des scores plus inquiétants que les non-étudiants », rapporte le médecin neurologue Christophe Tzourio et professeur d’épidémiologie à l’université de Bordeaux. Les chiffres préliminaires de l’enquête qu’il mène, intitulée « Confins », varient souvent du simple au double : 27 % des étudiants se déclarent tristes, déprimés ou désespérés « plus de la moitié du temps, voire tous les jours », contre 16 % chez les non-étudiants ; 40 % se sentent fatigués ou sans énergie, contre 21 % chez les non-étudiants ; 27 % se disent « en permanence inquiets, de façon excessive », contre 16 % pour les non-étudiants…
En temps normal, seul un quart des jeunes présentant les signes d’un épisode dépressif déclarent avoir consulté un professionnel de santé mentale dans l’année. Plus on décale la prise en charge, plus on prend le risque que les difficultés s’aggravent, alors que les trois quarts des premiers épisodes de troubles psychiatriques surgissent avant l’âge de 24 ans et que le suicide représente la deuxième cause de mortalité chez les jeunes.
Si l’urgence actuelle se situe du côté de la santé mentale des étudiants, d’autres facteurs de bien-être participant à la bonne santé générale de ces jeunes ont également été mis à mal par la crise. Comment bien se nourrir avec un budget très restreint, et en l’absence des restaurants universitaires, bon marché ? Quelle qualité de sommeil dans un tel contexte anxiogène, quand 25 % des étudiants disent habituellement souffrir d’insomnies chroniques, selon une enquête nationale de LMDE ? Quel accès à la contraception et à l’IVG pour des étudiantes isolées ou de retour dans leur famille ? Autant d’inquiétude

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