Lecture 1 min. Mieux vaut éviter de demander à Christine P. la liste de ses activités associatives. Aide aux migrants, alphabétisation, présidente de son association de locataires… la tourbillonnante Parisienne, grand-mère de trois petits-enfants, le reconnaît : « J’ai toujours eu une vie associative riche, une vie amicale riche. » Mais le handicap lui était globalement étranger avant qu’elle découvre un jour, au hasard d’une librairie, l’ouvrage Je veux faire l’amour, de Marcel Nuss (2012, éditions Autrement). Ce dernier milite depuis des années pour l’accompagnement sexuel des personnes handicapées, un combat qui l’a conduit en 2013 à la création d’une association, l’APPAS, qui forme des accompagnants et les met en relation avec un public demandeur.
Immédiatement, Christine est emballée. « J’aime faire l’amour, j’aime la vie, le contact avec les corps, donc ça m’a tout de suite parlé », sourit cette adepte de l’anaphore.
« Peau à peau »
Tout juste retraitée, et récemment divorcée, elle suit donc en 2016 une formation dispensée par l’association, et décide dans la foulée de commencer. « Pour moi, c’est une action militante, pour que les personnes handicapées aient accès à cette liberté qu’est la sexualité. »
« Avant tout, c’est un engagement, et une rencontre avec un homme, un partage intellectuel et un échange de sensualité et de sexualité », tient-elle à préciser. « Une fois, un jeune homme de 30 ans, avec un handicap très lourd, m’a dit : “Je suis trop content que tu sois venue, c’est la première fois qu’une femme m’a tenu dans ses bras”. »
En un an, elle a « fait quatre accompagnements ». Les relations vont « du simple peau à peau » à des rapports sexuels « complets, toujours avec des préservatifs, bien sûr ». Elles sont payantes, de l’ordre de 150 euros. Comme le recommande l’APPAS, avant chaque relation intime, un premier rendez-vous est organisé, ce qui permet à chacun de décider quelle suite lui donner. « Mon premier vivait dans une institution, c’est son éducatrice qui avait écrit pour lui. Il avait 20 ans, un beau jeune homme, en fauteuil. On s’est revus assez vite », se souvient-elle. Est-ce grâce au judo, qu’elle a pratiqué pendant des décennies ? Christine ne s’est jamais sentie mal à l’aise devant la vision des corps abîmés. « Et pourtant, j’aime les beaux mecs ! », dit-elle avec malice.
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