Elisabeth Roudinesco
La Sexualité. Cours donné à l’université de Clermont-Ferrand (1964), suivi du Discours de la sexualité, cours donné à l’université de Vincennes (1969), de Michel Foucault, édité par Claude-Olivier Doron, EHESS/Gallimard/Seuil, « Hautes études », 300 p.
La Sexualité. Cours donné à l’université de Clermont-Ferrand (1964), suivi du Discours de la sexualité, cours donné à l’université de Vincennes (1969), de Michel Foucault, édité par Claude-Olivier Doron, EHESS/Gallimard/Seuil, « Hautes études », 300 p.
On sait que la publication de La Volonté de savoir (Gallimard, 1976), premier volume de l’Histoire de la sexualité, a été précédée de plusieurs cours consacrés à ce thème. Deux d’entre eux sont ici réunis. Inspiré par Georges Bataille, Sigmund Freud et Jacques Lacan, Michel Foucault (1926-1984) étudie les conditions historiques par lesquelles la sexualité devient une « formation culturelle », excluant d’un côté sa pratique transgressive pour, de l’autre, la désigner comme un « savoir discursif » dans le champ des sciences humaines.
Afin de fonder cette « archéologie de la sexualité », Foucault retient trois comportements exhibés et réprimés : masturbation, hystérie, homosexualité. On trouve dans ces deux cours des propositions fulgurantes qui seront développées ultérieurement. Par exemple, la contemporanéité de Sade, de Napoléon et de Xavier Bichat, le premier parcourant la puissance négative et tragique de la sexualité, le second l’intégrant au code civil, le troisième décrivant le parcours de la mort dans l’organisme humain. De ce partage naîtra, selon Foucault, la conception freudienne de la sexualité.
Comme son maître Georges Canguilhem, Foucault dénigrait la psychologie, fausse science normative. Et c’est pourquoi, en lisant cet ouvrage, on songe à sa remarque de 1965 : il se proposait de porter un masque et de travestir sa voix pour présenter les « résultats » de la psychologie, puis de reprendre sa voix de philosophe pour en démontrer les impasses, avec en clair-obscur l’idée que la psychanalyse, détachée de la psychologie, serait « la clé de toutes les sciences humaines ».
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