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mardi 27 novembre 2018

Toujours sexuellement actifs malgré les troubles cognitifs !

Publié le 19/11/2018



Les manifestations et la prégnance de la sexualité tendent à s’atténuer avec l’âge, mais elle tarde à disparaître totalement, car il s’agit d’une fonction biologique majeure. Une enquête menée dans les lieux de long séjour étatsuniens illustre ce propos.

Elle s’inscrit dans un projet national, en l’occurrence leNational Social Life, Health, and Aging Project, qui s’est fixé des objectifs précis : déterminer et caractériser les comportements sexuels (type, modalités, problèmes, attitudes, prévalence) en fonction de l’état cognitif (normal, déclin cognitif léger, démence). Ce dernier a été évalué à l’aide d’un outil validé, en l’occurrence le MoCA (Montreal Cognitive Assessment), avec des valeurs comprises entre 0 et 30 points. L’enquête a porté sur un échantillon représentatif de la population générale, choisi au hasard dans les lieux de long séjour ou les institutions spécialisées du pays, soit 3 196 adultes (dont 1 682 femmes) âgés de 62 à 91 ans.

50 % des hommes et 18 % des femmes…

Le taux de réponse à l’enquête a été de 74 %. Le score moyen obtenu au terme du MoCA a été estimé à 22,7. Les sujets déments en couple ont été nombreux à se dire sexuellement actifs : 59 % des hommes et 51 % des femmes, incluant 41 % dans la tranche d’âge 80-91 ans. Si l’on effectue le dénombrement sans tenir compte de la notion de couple, en incluant célibataires, veufs et divorcés, les chiffres ne se modifient guère, tout au moins  pour les hommes, puisque près d’un homme dément sur deux (46 % ; intervalle de confiance à 95 % IC 37,2-53,3 %) se dit sexuellement actif. En revanche, chez les femmes atteintes de démence, la proportion chute à 18 % (IC 13,6-21,5 %). La fréquence des dysfonctions sexuelles au sens large du terme s’est avérée considérable dans les deux sexes et quel que soit l’état cognitif, puisque le chiffre de 77 % a été atteint.

La prévalence des relations sexuelles uniquement par obligation est de 12 % chez les femmes quel que soit l’état cognitif, mais elle s’avère plus élevée (17 %) chez les hommes atteints de démence, un chiffre qui n’a rien à voir avec celui constaté en l’absence de troubles cognitifs sévères ou non, soit 2-5 % (p < 0,001). La majorité des participants  ont considéré  la fréquence des rapports sexuels comme insuffisante. Dans l’ensemble, rares sont les sujets déments à oser parler de sexe à un médecin, le chiffre étant tout de même de 17 % chez les hommes et de seulement 1 % chez les femmes.

Cette enquête révèle que nombreux sont les sujets souffrant de démence vivant en institution à faire état d’une sexualité active, notamment quand ils sont en couple. Les troubles cognitifs sévères qui peuvent contribuer à la levée de certaines inhibitions ne sont pas un obstacle psychologique à la sexualité, mais ils n’empêchent pas les intéressés de rester discrets sur cette activité quand l’occasion leur est donnée d’en parler avec un médecin.

Dr Philippe Tellier
RÉFÉRENCE
Lindau ST et coll. Sexuality and Cognitive Status: A U.S. NationallyRepresentativeStudy of Home-DwellingOlderAdults. J Am Geriatr Soc., 2018 ;66(10):1902-1910.

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