| 28.11.2018
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Claque de fin pour les violences éducatives ordinaires ? Ce jeudi 29 novembre à l’Assemblée, les députés devront se prononcer sur une proposition de loi qui prévoit l’interdiction des châtiments corporels, des brimades, des humiliations verbales et psychologiques envers les enfants. Fessée, gifle etc ne devraient plus avoir droit de cité au sein du domicile familial. C’est en tout cas ce qu’espère Maud Petit, députée Modem du Val-de-Marne, à l’origine de la proposition de loi. « Au-delà de l’éducation, c’est une histoire de droit », souligne-t-elle. En l’occurrence de droit de l’enfant.
Depuis 29 ans, la France est hors-la-loi par rapport à la convention internationale des droits de l’enfant, dont elle est pourtant signataire. Dans l’Union européenne, le pays est également l'un des derniers à ne pas avoir adopté de texte pour bannir les violences éducatives ordinaires, 22 pays sur 28 l’ont déjà fait.
En 2016, une loi avait déjà été adoptée à l’Assemblée nationale mais aussitôt censurée par le Conseil constitutionnel. Cette fois, le texte comprend deux articles qui statuent que les « enfants ont droit à une éducation sans violence » et que les parents « ne peuvent user de moyens d'humiliation que sont la violence physique et verbale, les punitions ou les châtiments corporels ou les souffrances morales ». Aucune sanction pénale n’est prévue, l’objectif visé étant davantage un accompagnement des familles, par la pédagogie. Plusieurs membres du gouvernement, à l’image de son porte-parole Benjamin Griveaux ou de la ministre de la Santé Agnès Buzyn, soutiennent ce texte, tout comme le défenseur des droits Jacques Toubon et le défenseur des enfants, Geneviève Avenard. Le texte est également porté et vivement défendu par le Dr Gilles Lazimi, généraliste à Romainville (Seine-Saint-Denis) et coordinateur des campagnes contre les violences éducatives. Il nous explique pourquoi cette loi peut avoir une influence en limitant la maltraitance et de fait en améliorant le développement des enfants.
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Il en veut pour preuve l’exemple de la Suède, qui a décidé de légiférer sur les violences éducatives il y a 40 ans. À l’époque, comme en France aujourd’hui, l’opinion publique était majoritairement contre, mais la loi a eu des effets bénéfiques dans la société et en termes de santé publique. Pour le Dr Gilles Lazimi, les médecins généralistes ont un rôle à jouer dans l’accompagnement des familles notamment à travers l’entretien prénatal précoce.
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Pour voir comment cette loi pourrait modifier la société éducative française, l’exemple de la Suède a aussi fait l’objet d’un documentaire « Même qu’on naît imbattables » de Marion Cuerqet Elsa Moley. Les deux réalisatrices sont allées en Suède recueillir l’opinion des Suédois 40 ans après la loi sur les violences éducatives ordinaires. Elles ont observé comment cette évolution réglementaire avait eu impact sur la société.
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